dimanche 28 février 2021

Jean-Joseph Foucou

Voici une nouvelle notice enrichie, issue de mon Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Foucou Jean-Joseph (Riez, Alpes-de-Haute-Provence, 7 juin 1739 – Paris, 16 février 1821), sculpteur
Fils de menuisier, il montre très tôt des dispositions étonnantes en taillant du matin au soir les bouts de bois que délaisse son père. Élève de Philippe Caffieri (1714-1774), il remporte un 2nd prix de Rome en 1768 (David porte la tête de Goliath en triomphe) et le 1er prix en 1769 (Mutius Scaevola bravant Porsenna). Il séjourne alors en Italie de 1771 à 1775 où il sculpte, en 1774, un Faune en marbre (musée des beaux-arts de Marseille). Il est ensuite agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 23 août 1777 et reçu académicien le 3 juillet 1785 avec Un fleuve (statuette marbre – musée du Louvre). Il expose au Salon de 1777 à 1812 : Bacchante portant un satyre sur l’épaule droite (groupe marbre, 1777 – musée des beaux-arts de Marseille), buste de Regnard-Dancourt (1779 – foyer de la Comédie-Française), buste de Lycurgue (1789 – musée du Luxembourg), un buste de Jean Goujon (1812 – musée de Digne)…

Jean-Joseph Foucou,
Bacchante portant un satyre et Faune au chevreau, marbres
Musée des beaux-arts de Marseille, palais Longchamp, 4e arrondissement

Il reçoit en outre diverses commandes publiques comme les statues de Charles le Chauve pour l’église de Saint-Denis, d’un Chasseur à cheval pour l’arc de triomphe du Carrousel, de Bertrand Du Guesclin pour le château de Versailles, d’Henri François d’Aguesseau pour l’Assemblée Nationale ainsi que les bustes du général Auguste Picot, marquis de Dampierre, et du poète Florent Dumont pour Versailles.
En Provence, les consuls de Salon lui commanditent un buste en marbre du bailli de Suffren en 1784 dont le plâtre est exposé à Paris en 1785. Vers 1785, il soumissionne pour la réalisation d’une fontaine à Marseille en l’honneur du prince de Beauvau, gouverneur de Provence ; Alexandre-Charles Renaud (1756-1815) lui est préféré en 1787 mais le projet avorte.

Jean-Joseph Foucou, projet pour la
Fontaine Beauvau
Gravure, vignette de l’encadrement du plan Pierron, 1785

Pour Louis Borély, il décore la chapelle de son château-bastide marseillais de quatre bas-reliefs en marbre consacrés à la vie de Saint Louis.

Chapelle du château Borély

Jean-Joseph Foucou, Saint Louis se rendant à Saint-Denis © R Valette

Jean-Joseph Foucou, Les croisades de Saint Louis © R Valette

Jean-Joseph Foucou, Saint Louis recevant la couronne d’épines © R Valette

Jean Joseph Foucou,
Les derniers moments de Saint Louis © R Valette
Château Borély, 8e arrondissement

L’une de ses dernières œuvres est un buste en marbre de Pierre Puget (1816) qui couronne depuis 1876 la colonne du Jardin de la colline Puget.

Jean-Joseph Foucou,
Pierre Puget, buste, marbre, 1816
Jardin de la colline Puget, 7e arrondissement

Plusieurs musées possèdent ses œuvres : le Louvre (Bacchante portant un satyre sur l’épaule droite, réplique agrandie du groupe du Salon de 1777), le musée des beaux-arts de Troyes (Auguste Picot, marquis de Dampierre, buste plâtre) et le musée des beaux-arts de Marseille (Vénus sortant du bain, statue marbre, 1781 ; Monument à Pierre Puget, maquette terre cuite ; Le Peuple français ramené à la paix, groupe terre cuite).

Jean-Joseph Foucou, Vénus sortant du bain, marbre, 1781

Jean-Joseph Foucou, Monument à Pierre Puget, maquette terre cuite

Jean-Joseph Foucou,
Le Peuple français ramené à la paix, groupe terre cuite
Musée des beaux-arts de Marseille, palais Longchamp, 4e arrondissement

lundi 22 février 2021

La fontaine Bonaparte (Barthélemy Chardigny sculpteur)

J’ai repéré ces jours-ci, sur Ebay, un exemplaire de la médaille en bronze dédiée Au Ier Consul Bonaparte et gravée par Pierre Poize (Beaucaire, 1760 - Marseille, 1846). Sur le revers figure une représentation de la Fontaine Bonaparte, aujourd’hui partiellement disparue. C’est pour moi l’occasion de présenter la notice consacrée à ce monument dans le guide des Fontaines de Marseille.

Pierre Poize, Au Ier Consul Bonaparte, médaille, bronze, 1802
Avers et revers, Ø 43 mm

Charles Delacroix (1741-1805), premier préfet des Bouches-du-Rhône, aménage le cours Bonaparte (aujourd’hui Puget) et fait élever dans sa perspective une fontaine au niveau du carrefour avec l’actuel boulevard Notre-Dame. La ville d’Aix-en-Provence lui fournit dans ce but une colonne antique en granit qui pourrait provenir du mausolée romain inclus dans l’ancien palais comtal, rasé en 1787. Le 18 février 1801, le Conseil municipal passe commande d’un buste de Bonaparte et de bas-reliefs à Barthélemy Chardigny (Rouen, 1757 - Paris, 1813). La première pierre est posée le 13 novembre 1801 ; le monument est achevé en juillet 1802. Dans la foulée, le préfet Delacroix commandite ladite médaille commémorant l’ouverture du cours Bonaparte à Pierre Poize.
En 1807, le libraire et éditeur marseillais Joseph Chardon (1763-1837) décrit la fontaine de la sorte : « Le piédestal offre trois bas-reliefs en marbre blanc. Du côté de l’est, un trophée d’armes avec un bouclier sur lequel on a gravé ces mots en lettres d’or : À Bonaparte / Vainqueur et pacificateur / Marseille reconnaissante. Sur les côtés sont des trophées du Commerce et de l’Agriculture […]. Au bas du monument est une fontaine ».

Jean-Joseph Foucou, Pierre Puget, buste, marbre, 1816
Jardin de la colline Puget, 7e arrondissement

Avec la Restauration, en 1814, le buste est remplacé par une fleur de lys dorée puis, en 1816, les inscriptions sont effacées. En 1818, la colonne est transportée au sommet du jardin de la Colline dans l’axe du cours (rebaptisé alors cours Bourbon) et la fontaine est supprimée. En 1858, le marbrier Galinier refait le chapiteau qui est surmonté d’un nouveau buste de Bonaparte. La colonne est déplacée vers l’est. Elle porte depuis 1873 un buste de Pierre Puget (Marseille 1620 – Marseille, 1694) par Jean-Joseph Foucou (Riez, 1739 – Paris, 1821), réalisé en 1816, sorti des collections du musée des beaux-arts.

lundi 8 février 2021

Stanislas Clastrier

Voici une nouvelle biographie enrichie tirée du Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur : 

Clastrier Stanislas Gabriel Eugène, parfois dit Stanil (Montagnac, Hérault, 5 mai 1857 – Marseille, 13 août 1925), sculpteur
Il fait son apprentissage artistique à Marseille, puis à l’École nationale des beaux-arts de Paris où il est, de 1875 à 1881, l’élève de François Jouffroy (1806-1882) et d’André Allar (1845-1926). Il expose au Salon des artistes français : Monsieur B. W… (médaillon plâtre, n°4132) et Ma sœur (buste plâtre, n°4133) en 1878 ; Bonheur de vivre (buste plâtre, n°4899) en 1879 ; Mme E. C… (buste plâtre, n°6203) en 1880 ; Camille Pelletan (buste plâtre, n°3742) ; La Tête du rebelle (médaillon plâtre, n°4226) et Le Nervi (buste plâtre, n°4227) en 1882 ; La Tête de rebelle (bronze sur fond de marbre, n°3472) et Monsieur Lieutaud (buste marbre) en 1883 ; Monsieur V… (médaillon terre cuite, n°3495) en 1885 ; Mousquetaire (statuette bronze, n°4187) en 1889 ; Feu le professeur A.-F. Marion (médaillon plâtre, n°2364) en 1902. Il fréquente également les expositions marseillaises de façon épisodique : Tête de Rebelle (Cercle artistique, 1882) ; Projet de monument à Garibaldi, buste de Gambetta et médaillons divers (n°498 à 500, Concours régional de Marseille, 1886) ; buste plâtre de Monsieur C…, Cigalier et une esquisse en terre cuite de Poissonnière (n°4666 à 468, Association des artistes marseillais, 1891) ; buste en terre cuite d’Enfant et un Portrait en plâtre (n°334 et 335, Association des artistes marseillais, 1908) ; deux masques décoratifs figurant La Flamme et L’Eau ainsi qu’un cachet en vieil argent intitulé Le Secret de la momie (n°390 à 392, Association des artistes marseillais, 1914).
Clastrier s’établit à Marseille en 1883. Là, il collabore avec André Allar en tant que praticien à la Fontaine Estrangin (1890). Comme sculpteur, son talent de portraitiste est apprécié : Hippolyte Pépin (Chambre de commerce de Saint-Étienne, 1893), Érasme Guichet (Châteauneuf-les-Martigues, 1910), Augustin Fabre (Archives municipales de Marseille, 1917). D’ailleurs, les architectes phocéens exploitent cette veine dans leurs monuments publics : médaillons du Théâtre des Variétés (1887, cf. notice du 27 septembre 2019), pittoresque haut-relief du Monument à Victor Gélu (1891, détruit), médaillons de la Poste Colbert (1891), statue de Charles Barbaroux pour la Préfecture des Bouches-du-Rhône (1895, cf. notice du 27 février 2020).

Stanislas Clastrier, Monument à Victor Gélu, bronze, 1891
Fondu pendant l’Occupation 

Ancienne poste Colbert
Place de l’hôtel des postes, 1er arrondissement 

Stanislas Clastrier, Volta, Ampère, Faraday et Coulomb, médaillons, 1891
Ancienne poste Colbert, Place de l’hôtel des postes, 1er arrondissement

Il est également l’auteur, à Marseille, du fronton de l’asile d’aliénés (1895), du fronton de la compagnie de navigation Fraissinet et Cie (1906), des clés des arcs – La Flamme et L’Eau – de la caserne des sapeurs-pompiers (1914) et de plusieurs monuments aux morts (La Pitié suprême au cimetière Saint-Pierre ; Monuments de Saint-Antoine et de Saint-André). Il en réalise d’autres pour diverses communes du département : Les Pennes Mirabeau, Peypin, Rognac, Roquevaire, Saint-Zacharie, Vitrolles…

Stanislas Clastrier, fronton de l’asile d’aliéné, 1895
Hôpital de la Timone, 5e arrondissement 

Stanislas Clastrier, Mercure, 1906 
Fronton de la compagnie de navigation Fraissinet et Cie
Place Charles de Gaulle, 1er arrondissement

Caserne des sapeurs-pompiers
Stanislas Clastrier, La Flamme et L’eau, 1914
Clés des arcs de la caserne des sapeurs-pompiers
9 boulevard de Strasbourg, 3e arrondissement

Stanislas Clastrier, La Pitié suprême, 1917
Il s’agit du 1er monument commémoratif érigé à Marseille en plein conflit
Anciennement au cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement (détruit ?) 

Stanislas Clastrier, Monument aux morts de Saint-Antoine, 1920
Cimetière de Saint-Antoine, 28 Chemin de Mimet, 15e arrondissement

Professeur à l’école des beaux-arts de Marseille de 1904 à 1925, il effectue à ce titre divers travaux : restauration des sculptures de la façade de l’hôtel de ville et facsimilé du médaillon des armes de la Ville de Pierre Puget (1620-1694) en 1913 ; transfert du plafond stuqué de l’ancienne bibliothèque du couvent des Prêcheurs (1674-1675) au palais de l’Art Provençal du parc Chanot vers 1918-1922.

Il s’adonne enfin à l’archéologie, notamment sur plusieurs sites préhistoriques des Pennes Mirabeau, et publie le résultat de ses fouilles. Sur ce point précis, je renvoie à l’article de Loup Bernard : « Stanislas Clastrier (1857-1925), hagiographie contrastée d’un acteur de l’archéologie protohistorique marseillaise », Documents d’archéologie méridionale, t.33, 2010, p.243-252.