mercredi 16 avril 2025

Les mats d’éclairage de la place de la Préfecture (François Seigneur architecte)

Le journaliste de La Marseillaise David Coquille a récemment attiré l’attention sur le sort malheureux des mats d’éclairage de la place de la Préfecture dans deux articles parus consécutivement les 8 et 10 avril dernier. Œuvres de François Seigneur (1942-2019), ils ont été abattus par la Métropole entre le 30 décembre 2024 et le 10 janvier 2025.

François Seigneur, Mats d’éclairage, place de la Préfecture, 6e arrondissement
© David Coquille

Reliquats desdits mats d’éclairage, avril 2025 © David Coquille

De 1992 à 1995, l’architecte marseillais Alain Amadeo (né le 8 mai 1944) et ses associés aménagent la place de la Préfecture à la suite de la création d’un parking souterrain. Ils créent deux paires de trois bassins en granit de faible profondeur, disposés en cascade et alimentés en continu par les jets d’eau des bassins supérieurs ; ceux-ci reflètent les façades haussmanniennes des bâtiments environnants.
Amadeo sollicite par ailleurs l’architecte-scénographe-plasticien normand François Seigneur pour la mise en lumière de la place. Il conçoit alors quatre mats, hauts de 37 mètres, flexibles pour résister au mistral et dont la base s’éclaire à la tombée de la nuit. Ils évoquent la vocation maritime de la ville et annoncent à la manière des porte-drapeaux le caractère officiel de la préfecture des Bouches-du-Rhône qu’ils devancent. La place et les mats sont solennellement inaugurés le 11 mai 1995.
Seigneur réalise plusieurs dessins préparatoires et études techniques pour la conception de ces mats, parfois présentés comme des antennes. On trouve aujourd’hui ces documents à Paris, à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

François Seigneur, Mats d’éclairage, ensemble de documents techniques, 1993-1995
© Fonds Seigneur. SIAF/Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture contemporaines

La Métropole justifie l’abattage immédiat de ces mats, pourtant situés dans un périmètre protégé par les Monuments historiques, par leur état de corrosion avancée. Aucune étude n’a été lancée pour leur sauvegarde. Pire, leur sort semblait scellé depuis longtemps ! En effet, les visuels du futur (et inutile) tramway des Catalans les avaient déjà supprimés. On aurait pu les restaurer et les réinstaller à un autre emplacement plutôt que de les sacrifier purement et simplement !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire