Le 10 mai dernier, j’ai donné une notice consacrée au sculpteur
François-Marius Cailhol (1810-1853). Toutefois, son frère Stanislas Cailhol (1814-1891?)
est une personnalité tout aussi intéressante.
Plâtrier, cimentier et rocailleur, il apparaît tardivement dans l’Indicateur
marseillais – en 1867, l’année même où la rubrique professionnelle des
rocailleurs apparaît dans cet annuaire – et y figure jusqu’en 1891. Toutefois, à
50 ans passé, Stanislas Cailhol possède une longue expérience dans le décor architectural
en ciment comme il l’explique lui-même dans un courrier au maire de Marseille justement
en 1867 (archives municipales de Marseille 10M19). Il y énumère de nombreux
travaux dans les propriétés phocéennes parmi lesquelles l’oratoire de M. Falque
au Aygalades, les ruines de M. Berteaut à la Blancarde, la volière du presbytère
de Sainte-Marguerite, la façade gothique sur jardin de M. Honnorat à la rue
Sylvabelle… Toutefois, le premier chantier qu’il cite est celui du temple de l’entrepreneur
Désiré Michel à l’Estaque.
En 1859, Désiré Michel acquiert une bastide à l’Estaque qu’il entreprend d’agrandir.
Dans ce cadre, le rocailleur Cailhol crée la façade du temple, la signe et la
date de 1864.
Désiré Michel fonde en 1839 la Société Michel, Armand et Cie – qui devient par
la suite Société des ciments de la Méditerranée Désiré Michel – pour promouvoir
le ciment dans l’ornementation de l’architecture. En 1858, il annonce la
construction du siège de son entreprise, sis traverse du Chapitre (auj. rue
Frédéric Chevillon, 1er arrondissement), en trois mois seulement
(juillet/septembre 1858) pour montrer les propriété plastique du ciment. Il est
donc probable que Stanislas Cailhol ait – au moins pour un temps – travaillé dans
la société de Désiré Michel comme sculpteur rocailleur avant de prendre son
indépendance. Cela expliquerait son apparition tardive dans l’Indicateur
marseillais.
En 1861, il obtient une médaille de bronze lors de l’exposition du Concours
régional de Marseille. En 1867, il expose à la Société artistique des Bouches-du-Rhône
une fontaine gothique en ciment (n°381). Par chance, à l’automne 1867, il en
demande un emplacement au maire pour l’installer dans l’espace public en
joignant un croquis à son courrier
Il réclame deux espaces sur
la place Royale (place Charles de Gaulle, 1er arrondissement) : « Mon
intention serait de creuser, au milieu du premier massif-gazon, un bassin de 2m00
de diamètre et d’y élever une Fontaine gothique, de 6m00 de hauteur, à jeux d’eaux
intérieurs, le tout fouillé à jour et ciselé, comme peut vous en donner une
faible idée l’aquarelle bien imparfaite que je joins à ma demande ; plus,
sur le bord de l’allée, d’ornementer un kiosque pour la vente de journaux, dont
on pourrait tirer parti pour la location. […] Enfant de Marseille, j’ai à cœur,
depuis que mon talent s’est muri, de créer sur une de nos places un spécimen de
mon travail, qui, d’après l’opinion du public artiste, n’est pas dépourvu d’originalité.
/ La Ville me fournira les matériaux, voilà tout et je serai trop heureux de
pouvoir trouver ma récompense dans votre approbation et dans les félicitations
de mes compatriotes. » Hélas, sa requête reste lettre morte !
L’œuvre de Stanislas Cailhol reste très largement à redécouvrir…
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