lundi 29 avril 2024

Vénus naissante (Ferdinand Faivre sculpteur)

On trouve régulièrement sur le marché de l’art des petites œuvres de Ferdinand Faivre (1860-1937), bibelots ou statuettes. Les sculptures d’un format plus monumental sont beaucoup plus rares. Or, vendredi prochain, un grand plâtre – haut de 190 cm – de ce sculpteur marseillais passe en vente en Allemagne, à la salle des ventes de Düsseldorf : Vénus naissante (lot 885).

Ferdinand Faivre, Vénus naissante, statue, plâtre, 1914
Düsseldorfer Auktionshaus, 3 mai 2024

La composition rappelle forcément la Naissance de Vénus (vers 1484-1485) de Sandro Botticelli (1445-1510). La déesse est debout, sur une coquille Saint-Jacques. Toutefois, la version de Faivre est bien moins pudique ! Sa main gauche ne cache rien de sa poitrine ; ni sa chevelure ni sa main droite ne dissimulent son pubis !

Sandro Botticelli, Naissance de Vénus, tempéra sur toile, vers 1484-1485
Galerie des Offices, Florence, Italie

La statue de Faivre apporte un détail original : la présence d’un dauphin stylisé à l’arrière offrant une meilleure stabilité à la figure. L’œuvre est exposée au Salon des artistes français de 1914 (n°3763). Elle est d’ailleurs reproduite sur la planche 208 du Catalogue illustré du Salon. Au demeurant, son image est diffusée sous la forme de cartes postales.

Catalogue illustré du Salon, 1914, pl.208

Salon de Paris 1914, F. Faivre, Vénus naissante – carte postale

L’estimation de cette séduisante sculpture est très modeste : 400 €. À ce prix, je l’achèterais bien s’il ne fallait y ajouter le coût du transport pour la rapatrier ! Toutefois, un professionnel pourrait se laisser séduire par la déesse de l’Amour et nul doute que le prix devrait monter !

mercredi 24 avril 2024

La Navigation et le Commerce (Raymond Sudre sculpteur)

La construction d’une caserne des douanes, à Marseille, est envisagée sous le Second Empire. L’Administration des Douanes acquiert, à cette fin, un terrain d’environ 40 000 m2 entre la Joliette et la Belle de Mai ; la transaction, moyennant 672 000 francs, s’effectue le 18 février 1862. Néanmoins, des difficultés avec la Ville et les riverains ajournent le projet.
L’érection de la caserne des douanes ne revient sur le tapis qu’en 1899. Les travaux sont confiés à Éric Buyron (1837-1920), l’architecte en chef du département, secondé par Chauvet, l’inspecteur des Bâtiments civils des Bouches-du-Rhône. Autour de cours spacieuses s’agencent 17 bâtiments, hauts de cinq étages sur cave, qui accueillent les différents services ainsi que 555 logements pour les agents et leur famille. Le chantier ne débute à la fin de l’année 1901 et s’achève en 1903 pour un coût définitif de 3 813 780,16 francs.
La façade principale, longue de 170 mètres, ouvre sur le boulevard de Strasbourg. Sur la porte d’entrée se concentre le seul décor artistique, payé 4 000 francs : un tympan sculpté, illustrant La Navigation et le Commerce.

Entrée principale de la Caserne des Douanes de Marseille
Cartes postales

Pour ce décor, Buyron ne s’attache pas les services d’un Marseillais comme il l’avait fait à la préfecture (cf. notice du 7 septembre 2021). Il fait appel à un jeune sculpteur originaire de Perpignan, Raymond Sudre (1870-1962), auréolé de ses premiers succès. En effet, lauréat du 2e 2nd grand prix de Rome en 1900 avec David se préparant à lancer sa fronde, il triomphe au Salon des artistes français de 1902 avec une statue en plâtre Héléna, cité roussillonnaise, rêve à son antique splendeur (n°2869) – qui reçoit une médaille de 2e classe et est acquise par l’État (dépôt au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan en 1910).

Raymond Sudre, 1906, gravure

Raymond Sudre, Héléna, Salon de 1902, carte postale

Sudre réalise le tympan de la caserne des douanes de Marseille en 1903. De part et d’autre d’un oculus, les allégories sont figurées par deux divinités gréco-latines : Neptune pour la Navigation et Mercure pour le Commerce. Sous l’œil-de-bœuf, un phylactère unissant le trident et caducée reprend la bénédiction papale Urbi et Orbi, à la Ville [Marseille plutôt que Rome, dans le cas présent] et au monde. Dans les écoinçons, des mâts et des navires évoquent le dynamisme international du port phocéen.

Raymond Sudre, La Navigation et le Commerce, tympan en pierre, 1903

56 boulevard de Strasbourg, 3e arrondissement

dimanche 14 avril 2024

Jean Hugues (Paul Hugues peintre)

Le 27 mars dernier, j’ai acheté à l’Hôtel Drouot un petit dessin (30 x 22 cm) du peintre parisien Paul Hugues (1891-1972) pour 60 €. L’œuvre était présentée comme un portrait d’Homme au chapeau. Pour ma part, j’ai immédiatement reconnu le portrait du sculpteur marseillais Jean Hugues (1849-1930).

Paul Hugues, Jean Hugues, crayon sur papier, 1920
Collection personnelle

Paul Hugues est le fils de Jean Hugues. Il est l’élève des peintres Fernand Cormon (1845-1924) et Henri Royer (1869-1938). Il débute au Salon des artistes français en 1920 avec trois natures mortes (Le Dessert ; Fruits ; La Table rouge) qui lui valent une médaille d’argent. En 1927, il obtient une médaille d’or avec deux Intérieurs. Il expose très assidument au Salon jusqu’en 1972, obtenant plusieurs prix prestigieux à la fin de sa carrière : prix Bonnat (1967), médaille d’honneur (1969), prix Cormon (1970). Par ailleurs, en 1934, il est fait chevalier de la Légion d’honneur et, en 1937, obtient une médaille d’or à l’Exposition internationale de Paris.
Paul Hugues peint de nombreuses natures mortes, plus spécialement des bouquets de fleurs. Toutefois, ce sont ses « portraits » d’intérieurs qui lui apportent la notoriété et qui, en salle des ventes, font les meilleurs résultats.

Paul Hugues, Salon au buste, huile sur toile, 1926
Collection personnelle

Les portraits sont rares dans sa production mais l’un de ses modèles favoris, entre 1918 et 1930, est son père. Pour ma part, j’en connais désormais quatre.

Paul Hugues, Jean Hugues, huile sur panneau, s.d.
Vente de la succession J.B. Hugues, 31 octobre 2007 (lot 58, Me Thierry de Maigret, Drouot)

Paul Hugues, Jean Hugues, pierre noire, gouache et aquarelle, 1923
Reproduit dans le catalogue de la vente de la succession J.B. Hugues, collection particulière

Paul Hugues, Jean Hugues, peinture, 1924
Photo ancienne, collection personnelle