Il y a une dizaine d’années, j’ai trouvé sur Ebay une lettre du sculpteur marseillais
Jean-Baptiste Hugues, dit Jean Hugues (1849-1930), évoquant sa vie de jeune
artiste provincial à Paris après ses quatre années de pensionnat à Rome. Il y
évoque sa vie quotidienne et ses amitiés phocéennes.
L’encre s’estompant, j’en donne une transcription aussi fidèle que
possible. Par ailleurs, je suis preneur d’informations sur les noms propres qui
me sont inconnus.
20 Décembre 1881
Mon cher Flégier[1]
Je suis très
affecté de ton silence et de ta disparition. T’aurais-je froissé ? Je me
le demande et je cherche en vain un motif à une si longue absence. Je suis allé
aux deux réunions de la Cigale[2]. Tu
n’y étais pas ; j’espérais t’y trouver et te réitérer la prière de venir
déjeuner avec moi. J’ai eu de tes nouvelles par Ducuis (?). Il t’avait
vu ; tu étais bien portant ce qui me faisait croire à ta visite un jour ou
l’autre. Or comme je vois que la montagne ne vient pas, je vais à la montagne.
J’ai gardé ce trop excellent souvenir de nos relations pour les laisser tomber
comme un mauvais aïoli. Allons ! Tu as donc oublié qu’il y a de bonnes
huîtres chez Laurence ? / qu’il y a même autre chose, que nous pouvons
causer un moment de nos amis de Marseille, de nos projets, de nos déceptions et
de tout ce qu’on peut dire entre amis. Allons ! Je compte sur toi. Tu sais
que je travaille comme plusieurs nègres. J’ai modelé tous les jours, quelque
fois deux par jour. Tu vois quel tracas et quelle fatigue ! Je ne bouge
pas, pas plus le dimanche qu’en semaine, quelque fois le soir pour ne pas trop
abandonner certaines relations et c’est tout. Je suis donc très pardonnable
tandis que toi qui viens dans le quartier la journée il me semble etc. etc.
J’ai reçu des
nouvelles de Marseille par le neveu d’Amiel (?), par des lettres de Gonzague (?).
J’ai répondu à sa dernière mais depuis plus rien. J’ai vu plusieurs fois
Bompard[3]. / Je
ne t’en dis pas plus long, j’ai mon modèle qui m’attend. Je te la serre
affectueusement et promets-moi que tu n’en veux pas en venant un de ces matins.
Tout à toi
JB Hugues
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire