samedi 30 mars 2024

Conseil de lecture

L’historien Frantz Laurent vient de publier une monographie très fouillée sur Charlemagne-Émile de Maupas (1818-1888), fruit de sa thèse de doctorat soutenue en décembre 2022 à la Sorbonne. Cette publication a été distinguée par le Prix de thèse du Sénat 2023, remis au lauréat par Roger Karoutchi, ainsi que par un prix spécial du jury du Prix de thèse de l’Assemblée nationale 2023.

Cérémonie de remise du Prix de thèse du Sénat 2023
© compte X de Frantz laurent

Couverture du livre de Frantz Laurent

Les Marseillais seront particulièrement intéressés par la troisième partie de cet ouvrage intitulée « La renaissance marseillaise (1860-1866) » :

Chapitre 8 : « Super-préfet » des Bouches-du-Rhône
Chapitre 9 : « L’Haussmann marseillais »
Chapitre 10 : Un préfet dans la tourmente

Je rappelle pour mémoire de Maupas a fortement marqué le bâtiment de son empreinte, voire de son image !

Antoine-Dominique Magaud (1817-1899), L’Empereur visitant le chantier de la préfecture (aux côtés de Maupas), fresque, 1868
Grand salon, préfecture des Bouches-du-Rhône, 6e arrondissement © Xavier de Jauréguiberry

Jules Cantini (1826-1916), Charlemagne-Émile de Maupas, cheminée (détail), marbre, 1866
Chambre de Maupas, préfecture des Bouches-du-Rhône, 6e arrondissement © Xavier de Jauréguiberry

Un livre indispensable pour qui veut mieux connaître la vie politique et le développement de Marseille sous le Second Empire !

lundi 18 mars 2024

Henri Darrigan

Jean Henri Clément Darrigan (Bordeaux, 1er décembre 1885 – Marseille, 25 juillet 1970), graveur en médaille, illustrateur et peintre

Élève de l’école des beaux-arts de Bordeaux, il se forme à la gravure sur métal à Paris. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est grièvement blessé. Affecté à l’arrière du front, il rencontre sa future épouse à Marseille où il s’installe après la guerre ; il s’y marie le 23 décembre 1919.
Il exerce ses talents artistiques en illustrant des livres ou en exposant des tableaux. Ainsi, à l’exposition de l’Union des artistes de Provence de 1933, il présente trois œuvres : Bords du Jarret aux Chartreux (peinture), Maison basque (peinture) et un Diorama (art décoratif).

Henri Darrigan, Provençale du XVIIIe siècle, gravure – carte postale

Toutefois, c’est surtout en tant que graveur en médailles qu’il se fait connaître. En décembre 1927, il participe à l’Exposition du Travail dans la section des arts décoratifs ; il y obtient une médaille de vermeil dans le travail artistique des métaux.[1] Rapidement, sa réputation lui vaut de nombreuses commandes, notamment de la Chambre de commerce. Ses médailles art déco sont parmi les plus intéressantes dans la production des médailleurs marseillais.

Henri Darrigan, Comité régional de Marseille. Les arts appliqués
Plaquette octogonale, bronze, circa 1927-1930, Cabinet des médailles de Marseille

Henri Darrigan, UCPA BdR [Bouches-du-Rhône] Fête de l’apprentissage 1929
Médaille, bronze 1929, Ebay

Henri Darrigan, Ouverture de l’étang de Berre à la navigation maritime
Médaille, bronze, 1932, Ebay

Henri Darrigan, Cinquantenaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’école de commerce de Marseille
Médaille, bronze, 1934, Ebay

Henri Darrigan, Émilien Rocca (1862-1938)
Plaquette, bronze, circa 1938, Ebay

Henri Darrigan, Massilia Portibus Extensa. Lavéra MCMLII
Médaille, bronze, 1952, Ebay

Henri Darrigan est élu à l’Académie de Marseille le 15 février 1945 au siège du sculpteur Henri Raybaud (1879-1942). Quelques années plus tard, en 1958, il obtient le prestigieux titre de Meilleur Ouvrier de France.


[1] Palmarès donné par Le Petit Marseillais du 7 décembre 1927.

vendredi 1 mars 2024

William Renucci

Le 22 février dernier, j’ai acquis aux enchères chez Étienne de Baecque (lot 369) une œuvre d’un sculpteur marseillais rare sur le marché de l’art : William Renucci. C’est l’occasion de lui esquisser une notice biographique, chose que je n’avais pas faites dans le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur.

Renucci William Philippe Thomas (Marseille, 4 juin 1902-Pertuis, Vaucluse, 29 novembre 1992), sculpteur

Il intègre l’école municipale des beaux-arts de Marseille pour l’année scolaire 1918-1919. Là, il rencontre le futur architecte Eugène Chirié (1902-1984) dont il devient l’ami. Quelques années plus tard, en 1923, il concoure pour l’obtention d’une bourse triennale pour poursuivre ses études à Paris ; la subvention lui échappe au profit de Louis Dideron (1901-1980). Heureusement, il obtient une allocation de 400 francs du conseil général des Bouches-du-Rhône lui permettant de monter à la capitale et d’entrée à l’École nationale supérieure des beaux-arts dans l’atelier de Jules Coutan (1848-1939).
Il revient à Marseille à la fin des années 1920. Il commence à exposer au Salon des artistes français (Buste d’enfant, marbre, 1934 ; Torse de Femme, marbre, 1937) et aux expositions de l’Union des artistes de Provence (Portrait de M. L. J…, 1930 ; Portrait d’enfant, 1933 ; Tête d’enfant, 1934 ; Buste, 1935 ; Bas-relief, 1936 ; Buste et Fillette, 1937 ; Buste, 1939). Le Petit Provençal se montre élogieux à son propos, le 14 mai 1934 : « Une Tête d’enfant par William Renucci où l’on mesure toute la perfection d’un art très personnel dont, par ailleurs, maintes décorations sobres, harmonieuses, et d’un beau mouvement, dans tels établissements publics de notre ville, nous ont déjà montré un autre aspect et non moins intéressant. »[1] Car c’est surtout dans la sculpture monumentale qu’il s’illustre, notamment auprès de Chirié dont il est l’un des principaux collaborateurs.

William Renucci, Poséidon et Hermès, médaillons, béton, 1934
317-319 avenue du Prado, 8e arrondissement © Xavier de Jauréguiberry

Le bas-relief en plâtre que j’ai acquis est un projet décoratif contresigné par un autre architecte de la période art déco : Roger Gaëtan Négrel (1897- ?). Celui-ci, entre 1926 et 1933, construit ou réaménage de nombreuses brasseries à Marseille et à Aix-en-Provence comme le signale Pierre Laspeyre dans Sud Magazine (n°99, 16 avril 1933, p.2-3 et 56-59) : Palais de la Chope, O’Central, Pigalle, Ragueneau, Salon Colisée, Bar des Lions, Brasserie Royale (Aix), Brasserie du Tonneau, Sœurs Latines, Brasserie de New York. Il travaille généralement avec le sculpteur Alexandre Magherini (1881-1953) ; il fait une exception ici pour ce motif de pressoir susceptible de correspondre au décor de l’éphémère brasserie-crèmerie-bar Au Tonneau, 41 rue Tapis Vert (1er arrondissement).


William Renucci, Le Pressoir, bas-relief, plâtre, 38 x 67 cm, circa 1933
Collection personnelle


[1] Gy, « La sculpture au Salon de l’Opéra », Le Petit Provençal, 14 mai 1934, p.3