lundi 29 octobre 2018

Aux avocats morts pour la Patrie (Henri Lombard sculpteur)


L’approche du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 est l’occasion de parler du monument aux morts placé dans la salle des pas perdus du Palais de Justice. Il s’agit d’un beau bas-relief en marbre de Carrare réalisé par le sculpteur marseillais Henri Lombard (1855-1929) en 1921. Il représente l’allégorie ailée de la Victoire, tenant d’une main la palme du martyre et de l’autre une couronne de laurier. Elle se tient à côté une stèle portant le nom des avocats phocéens tombés au combat. À ses pieds se trouvent un casque, une épée et un drap funéraire tandis qu’à gauche brûle un pot à feu.

Henri Lombard, Aux avocats morts pour la Patrie
Bas-relief en marbre, 1921
Palais de Justice, 6 place Monthyon, 6e arrondissement

La commande émane du barreau de Marseille, vraisemblablement par l’intermédiaire de Gaston Ardisson de Perdiguier (1859-1925). En effet, cet éminent avoué, poète et dramaturge dilettante qui publie des recueils de poésie (Orgie romaine, 1909 ; Au fond de l’escarcelle, 1911) et écrit de petites comédies de salon (Une bulle légère, 1911 ; Les pantins d’Arabelle, 1913), appartient à l’élite marseillaise. C’est aussi le père du lieutenant-aviateur Jean Ardisson de Perdiguier (1890-?), héros de la Grande Guerre ; sans doute a-t-il à cœur de célébrer ses confrères qui n’ont pas eu la chance de son fils de revenir vivants du conflit. Or il est ami avec Henri Lombard, comme le prouve la dédicace d’une petite terre cuite fantaisiste figurant Annie – fille adoptive du statuaire – sur un rouget grondin… peut-être un projet de fontaine.

Henri Lombard, Annie sur un rouget grondin
Statuette en terre cuite, vers 1917-1921
Dédicacé À mes amis / A de Perdiguier
Collection personnelle

mardi 23 octobre 2018

Les salles d'audience du Palais de Justice

Le décor du palais de Justice se poursuit dans les différentes salles d’audience. Trois sculpteurs provençaux se partagent la réalisation de six bas-reliefs en plâtre mesurant chacun 2,60 m par 5 m environ. La Première Chambre est confiée à François Truphème (1820-1888) ; il y exécute deux reliefs : Bonaparte discutant le code au Conseil d’État et Le corps législatif présentant le code à Napoléon Ier. La Deuxième Chambre échoie à Félix Chabaud (1824-1902) ; ses reliefs figurent d’une part le Serment des magistrats à Louis Napoléon Bonaparte et d’autre part La Provence présentant ses jurisconsultes à la France. Enfin, la salle d’audience de la Police Correctionnelle revient à Hippolyte Ferrat (1822-1882) qui illustre La Condamnation et L’Acquittement. Pour leur travail, chaque artiste reçoit un salaire de 8 000 francs.
Lors des dernières Journées du Patrimoine, je n’ai pas pu accéder à la Première Chambre où des avocats répétaient une scène de procès pour les visiteurs. Je ne vous livre donc que les décors des deux autres salles.

Félix Chabaud, Serment des magistrats à Louis Napoléon Bonaparte
Bas-relief plâtre, 1862
Salle d’audience de la Deuxième Chambre

Félix Chabaud, La Provence présentant ses jurisconsultes à la France
Bas-relief plâtre, 1862
Salle d’audience de la Deuxième Chambre

Hippolyte Ferrat, La Condamnation, bas-relief plâtre, 1862
Salle d’audience de la Police Correctionnelle

Hippolyte Ferrat, L’Acquittement, bas-relief plâtre, 1862 (détail)
Salle d’audience de la Police Correctionnelle
Palais de Justice, 6 place Monthyon, 6e arrondissement

jeudi 11 octobre 2018

Voussures de la salle des pas perdus du Palais de Justice (François Gilbert sculpteur)

Le mois dernier, lors des journées du patrimoine, j’ai visité le Palais de Justice. C’est pour moi l’occasion de parler du décor sculpté à l’intérieur de ce bâtiment… et plus particulièrement des voussures de la salle des pas perdus.
En 1860, le Conseil général des Bouches-du-Rhône vote un supplément de crédit, notamment pour financer l’ambitieux programme décoratif du Palais de Justice que l’architecte marseillais Auguste Martin (1818-1877) est en train d’édifier. Parmi les artistes retenus entre avril et mai 1861 se trouve le sculpteur francilien François Gilbert (1816-1891) : tout auréolé du succès du plafond de la grande salle du Palais de la Bourse (1860), il se voit confier la décoration en plâtre des voussures de la salle des pas perdus moyennant 35 000 francs. Il achève son ouvrage en juillet 1862.
Il représente assis sur un trône quatre grands législateurs de l’antiquité au Premier Empire : Solon, l’un des fondateurs de la démocratie athénienne et auteur de lois établissant une justice de droit commun ; Justinien, empereur byzantin qui codifie le droit romain ; Charlemagne sous le règne duquel sont promulgués plusieurs capitulaires, actes législatifs ecclésiastiques et laïcs ; Napoléon 1er, promoteur du code civil français. Chacun d’eux est entouré des portraits en médaillon de sages et des juristes qui furent leurs contemporains comme Alcuin pour Charlemagne ou Cambacérès et Portalis pour Napoléon 1er.

François Gilbert, Solon, 1862
François Gilbert, Justinien, 1862
François Gilbert, Charlemagne, 1862
François Gilbert, Napoléon 1er, 1862
Palais de Justice, 6 place Monthyon, 6e arrondissement

Le décor se complète enfin de huit allégories, situées par paire dans les angles du plafond : le Droit et la Liberté, l’Égalité et la Raison, la Modération et la Force, l’Autorité et l’Ordre.

François Gilbert, Droit et Liberté, 1862
François Gilbert, Égalité et Raison, 1862
François Gilbert, Modération et Force, 1862
François Gilbert, Autorité et Ordre, 1862
Palais de Justice, 6 place Monthyon, 6e arrondissement

mardi 9 octobre 2018

Présentation


Louis Botinelly (1883-1962), Le Chant d’Orphée
Dessin à la sanguine mettant en scène un bronze de 1929
Collection particulière

À la fin du mois de septembre 2018, Google a fermé le compte de mon blog (http://marseillesculptee.blogspot.com/)À présent, l'ensemble de mon travail commencé en 2008 a été supprimé d'Internet. Après un moment de dégoût, j’ai décidé d’ouvrir un nouveau site sur la même ligne éditoriale. J’espère qu’il connaîtra le même succès que le précédent et deviendra le nouveau chantre de la sculpture marseillaise !