vendredi 25 novembre 2022

Lucien Chauvet

La suite logique de ma notice sur le pont du Vallon des Auffes est une notice biographique de Lucien Chauvet. Il s’agit d’une remise à jour de celle que j’ai publié dans le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur : 

Chauvet Lucien Napoléon (Le-Puy-Sainte-Réparade, Bouches-du-Rhône, 21 février 1833 – Allauch, Bouches-du-Rhône, 17 décembre 1902), sculpteur

Il expose à Marseille dès 1851 : Hyacinthe blessé par Apollon (1851), L’Amour vaincu par Bacchus (groupe plâtre, 1852), Madame C. (buste, 1862). Le 3 novembre 1854, il obtient une bourse municipale de 400 francs pour poursuivre ses études à Paris. De retour à Marseille, il participe aux grands travaux du Second Empire : les Armes de Marseille pour le pont du Vallon des Auffes (1863), deux Griffons pour scander la fontaine de L’Isthme de Suez de Pierre Travaux (1822-1869) au parc Borély (1864), Les Génies de Duparc et de Réattu ainsi que les mascarons des Vents pour le Palais Longchamp (1867), les Tritons portant les armes de Marseille pour la fontaine Espérandieu de l’école des beaux-arts bibliothèque (1868).

Lucien Chauvet, Griffons, pierre, 1864
Parc Borély, 8e arrondissement

Lucien Chauvet, deux Vents, mascarons, pierre, 1867
Palais Longchamp, 4e arrondissement

Lucien Chauvet, Tritons portant les armes de Marseille, bas-relief, pierre, 1868
Boulodrome de la rue de la bibliothèque, 1er arrondissement
Le mascaron est quant à lui l’œuvre de Jules Cavelier (1814-1894)

En 1878, il réalise également le buste de l’écrivain et homme politique Alphonse Esquiros (1812-1876), inhumé au cimetière Saint-Pierre. La tombe devient un centre de manifestation de la libre-pensée.

Lucien Chauvet, Alphonse Esquiros, buste, marbre, 1878
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

À Pertuis, dans le Vaucluse, il sculpte la Fontaine Morel – du nom de François Morel, ancien maire – dite aussi Fontaine des Quatre Saisons. Par ailleurs, le musée Calvet d’Avignon possède de lui le portrait de Jean Saint-Martin.

Lucien Chauvet, Fontaine Morel, Pertuis
Cartes postales

lundi 14 novembre 2022

Le pont du Vallon des Auffes

Le mois dernier, je suis allé manger à L’Épuisette, l’excellent restaurant étoilé du Vallon des Auffes. Cette excursion gourmande m’a remis en mémoire une délibération du conseil municipal de 1863 au sujet du modeste décor du pont qui enjambe la calanque.
Entre 1848 et 1863, la ville de Marseille entreprend la viabilisation de la corniche afin de développer l’urbanisme marseillais en front de mer et, accessoirement, donner du travail à une main d’œuvre désœuvrée sous la Deuxième République. Plusieurs ouvrages d’art sont alors conçus pour permettre à la route de franchir les criques qui déchiquètent le littoral, dont le pont du Vallon des Auffes. Ce viaduc en béton armé et en pierre de Cassis maçonnée mesure 60 mètres de long ; il traverse l’anse par trois arches en plein cintre de 17 mètres de haut et 100 grades de biais.

Le pont du Vallon des Auffes (vu de la mer) – carte postale

Le pont du Vallon des Auffes (vu du port) – carte postale

Le 22 septembre 1863, le statuaire Lucien Chauvet (1833-1902) propose de sculpter deux écussons aux armes de la ville de Marseille pour l’ornementation des clés centrales du viaduc. Malgré le caractère sommaire de ce décor, l’artiste réclame une somme de 2 000 francs ; il justifie ce tarif par la taille de la pierre froide de Cassis, plus difficile à tailler que le marbre à cause de sa nature cassante, et par les précautions à prendre pour conserver les arêtes et les parties refouillées. Le 25 septembre suivant, le conseil municipal délibère qu’il y a lieu de compléter la décoration d’un ouvrage monumental proche du centre-ville grâce à la nouvelle artère et accède à la requête du sculpteur.

Lucien Chauvet, Armes de Marseille, pierre de Cassis, 1863
Pont du Vallon des Auffes (côté mer), 7e arrondissement

Chauvet sculpte la croix bleue de Marseille, flanquée de volutes et coiffée de sa couronne crénelée. À l’origine, les clés de l’arche centrale sont identiques, côté mer comme côté port. Toutefois ce n’est plus le cas : la vue depuis le vallon propose aujourd’hui un écusson moderne et plus petit datant très probablement de l’immédiat après-guerre. On peut en effet penser que le pont a été endommagé lors des bombardements alliés de 1944 et réparé dans la foulée.

Le pont du Vallon des Auffes (côté port)

7e arrondissement

mardi 8 novembre 2022

La réplique de Notre-Dame de la Garde du cimetière Saint-Pierre

Pour évoquer la Toussaint, Marie-Noëlle Perrin, responsable des fonds iconographiques et privés aux archives municipales de Marseille, a mis une photo de la chapelle Coste (33 Fi 4901) en fond d’écran des ordinateurs de la salle de lecture. Ce document est l’occasion de présenter cette sépulture qui fut l’une des plus spectaculaires du cimetière Saint-Pierre.

Cimetière Saint-Pierre, vue de la chapelle Coste
Archives municipales de Marseille 33 Fi 4901

Au début de l’allée n°9, en bordure de la pinède du carré 7, se dresse la chapelle funéraire de la famille Coste. Une plaque indique le contexte de la construction de cette folie architecturale en ciment modelé : « Reproduction de Notre-Dame de la Garde élevée par les enfants des époux Coste pour perpétuer le souvenir de leur admirable confiance en Notre-Dame de la Garde. » La chapelle constituait, à l’origine, un pastiche de la basilique édifiée par Henry Espérandieu (1829-1874). La tour-clocher qui se présente devant le bâtiment était, ici, placée sur le caveau et le dôme s’apparentait davantage à une salière. Par ailleurs, la tour, très haute, comportait plus de sculptures que l’originale, notamment dans des niches. Ceci dit, on y retrouvait les fondamentaux quatre anges sonneurs de trompe encadraient une Vierge à l’Enfant dans le goût d’Eugène Lequesne (1815-1887).

La chapelle Coste aujourd'hui
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

Malheureusement, dans les années 1980 environ, la tour et le dôme menaçant de s’effondrer ont nécessité leur abattage. La tombe a, de fait, perdu sa singularité. Seule la sculpture en ciment de Notre-Dame de la Garde a été replacée sur la nouvelle toiture de la chapelle. Il convient cependant de noter l’amusant tympan représentant la Vierge à l'Enfant consolant les âmes rôtissant dans les flammes du purgatoire qui tient plus des santons que de la statuaire !

Chapelle Coste, Vierge à l’Enfant
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

Chapelle Coste, Vierge à l'Enfant consolant les âmes du purgatoire
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

La famille Coste n’est pas la seule à avoir exprimé sa foi en Notre-Dame de la Garde au Cimetière Saint-Pierre. En 1894, un monument est érigé à sa gloire avec une réplique de l’œuvre de Lequesne, en fonte de fer, réalisée par l’entreprise d’Antoine Durenne (1822-1895) à Sommevoire (Haute-Marne).

Antoine Durenne, Monument à Notre-Dame de la Garde, 1894
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement