dimanche 29 décembre 2019

Constant Roux à Marseille 2

Auréolé de son grand prix de Rome, Constant Roux (1864-1942) va participer à la réalisation de nombreux monuments ou décors à Marseille. 

Constant Roux, La République, marbre, 1903
Carte postale

Le 10 octobre 1899, le Conseil général des Bouches-du-Rhône décide de mettre au concours  une statue en pied de la République destinée à l’ornementation de l’escalier d’honneur de la préfecture (6e arrondissement). En avril 1900, Roux soumet une maquette en plâtre blanc, au tiers de l’exécution finale. Le jury se réunit le 27 avril pour départager les concurrents : au quatrième tour de scrutin, Roux l’emporte sur son rival de toujours Auguste Carli (1868-1930). Mais, dès le mois de mai, le président du Conseil général Juvénal Deleuil (1851-1937) qui n’accepte pas la défaite de son candidat conteste le succès de Roux. Le lauréat saisit alors la Société des artistes français afin de défendre ses intérêts ; il est finalement rétabli dans ses droits après une longue procédure qui a retardé l’achèvement de la statue. L’œuvre est installée sur son piédestal durant l’été 1903 après son exposition au Salon des artistes français (n°3159) et inaugurée solennellement le 14 mars 1904.

Constant Roux, Monument à Antoine-Fortuné Marion, marbre, 1903
Carte postale

À la mort d’Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), directeur du muséum d’histoire naturelle de Marseille, un comité se crée pour lui élever un monument. Une souscription publique rapporte 20 000 francs ; pour sa part, la municipalité alloue au comité 1 500 francs et un emplacement devant l’aile du muséum, au Palais Longchamp (4e arrondissement). En février 1902, le projet de Constant Roux associé à l’architecte Charles Imbert est primé dans un concours. Quant au monument, il est inauguré le 13 décembre 1903.

Constant Roux, Thétis, Mercure et Cérès, pierre de l’Estaillade, 1904
Écoinçons de la façade de la Caisse d’Épargne
Place Estangin-Pastré, 6e arrondissement

Eugène Rostand (1843-1915), président de la Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône, engage Constant Roux pour le décor de son nouveau siège le 26 novembre 1902. Il lui confie la réalisation des écoinçons des grandes baies de la façade principale. Les deux parties s’entendent sur un salaire de 5 500 francs le 14 octobre 1903. Cependant le statuaire prend du retard dans l’élaboration de ses sculptures. Pour rattraper le retard, le sculpteur Valentin Pignol (1865-1912) assure la pratique du dernier modèle en avril 1904 avant la venue de l’artiste, le mois suivant, pour les finitions. L’édifice est inauguré dans la foulée, le 20 juillet 1904.

Constant Roux, Massalia grecque, carton-pierre, 1906
Carte postale

En 1905, Roux est sollicité pour la réalisation d’une statue colossale, haute de 14,50 mètres, devant décorer la vaste baie centrale du grand palais de l’Exposition coloniale de Marseille de 1906. Une somme de 9 000 francs lui est allouée à cet effet. En avril 1907, à l’issue de la manifestation, l’œuvre éphémère est détruite.

Exposition coloniale Marseille 1906 - art provençal (album)
Le Joug ou Bœufs de labour au repos de Constant Roux

Lors de cette exposition, Constant Roux expose également deux œuvres dans la section d’art provençal : Le Joug (groupe marbre, n°1046) et Naïade endormie (marbre, n°1046 bis).

Constant Roux, Monument à Louis Salvator, marbre et pierre, 1907
Photographie, collection personnelle

La Commission des hospices de Marseille décide d’élever un monument à la mémoire de Louis Salvator (1837-1898), bienfaiteur des hospices. Un concours est ouvert en 1904 ; le budget alloué à l’œuvre est de 10 000 francs. À l’issue du concours, l’exécution du monument est confiée à Constant Roux de nouveau associé à l’architecte Charles Imbert. Le monument, après son exposition au Salon des artistes français (n°3337) de Paris, est inauguré le 29 mars 1908 dans le parc du futur hôpital (249 bd de Sainte-Marguerite, 9e arrondissement) à l’occasion de la pose de sa première pierre.

Constant Roux, Ernest Delibes, marbre, 1909
Maison de la Mutualité, rue François Masson, 2e arrondissement

À la mort d’Ernest Delibes (1825-1908), président de la société des retraites La Marseillaise ainsi que du Grand Conseil des Mutualistes des Bouches-du-Rhône, les mutualistes marseillais se réunissent afin de lui élever un monument commémoratif. Constant Roux réalise à leur demande un buste en marbre qui est inauguré le 28 novembre 1909.

jeudi 19 décembre 2019

Constant Roux à Marseille 1

Je vous communique aujourd’hui la compilation d’une annexe de ma thèse, intitulée « Constant Roux à Marseille », et d’une chronologie succincte tirée de ma monographie Constant Roux. Catalogue raisonné :

Adolphe Déchenaud (1868-1926), Constant Roux, huile/toile, 1900
Réserves du musée des beaux-arts de Marseille, 4e arrondissement

Constant Roux naît à Marseille le 20 avril 1865. Il est le second d’une fratrie de six enfants. Ses parents possèdent une droguerie au 24 place Notre-Dame-du-Mont ; la famille vit au-dessus du commerce.
En 1879, il entre en apprentissage chez Achille Blanqui (1826-?) dont la manufacture de meubles, la plus grande de la cité phocéenne, s’est distinguée à l’Exposition universelle l’année précédente. À l’automne 1879, il intègre l’école municipale des beaux-arts et suit, entre autres, l’enseignement d’Émile Aldebert (1827-1924) ; il y demeure jusqu’en 1884.
En 1886, il participe au Concours régional de Marseille, sa première vraie exposition, avec un portrait en médaillon de M. Barret (n°520) ; il s’agit vraisemblablement d’un portrait du peintre marseillais Marius Barret (1865-1944). Cette œuvre lui vaut une médaille de 3e classe.

Constant Roux, La Belle Chryséis rendue à son père, plâtre, 1889
Anciennement exposé au Palais des Arts, place Carli, 1er arrondissement

Alors qu’il poursuit déjà ses études artistiques à Paris, il participe en octobre-novembre 1889 au concours de la bourse triennale pour l’obtention d’une subvention de la ville de Marseille. Il l’emporte sur Auguste Carli (1868-1930) et devient pensionnaire ; une allocation annuelle de 1400 francs lui est désormais dévolue.
En janvier 1891, Constant Roux expose dans la vitrine de la manufacture de tapis d’Aubusson Sallandrouze, sise au 56 rue Saint-Ferréol, le buste d’Ernest de Gasteiger (vers 1867-1890), jeune critique musical du Bavard mort prématurément.

Constant Roux, Maudit, statue plâtre, 1892
Photo dédicacée, musée d’Orsay

Jean Turcan, La France armée, statue plâtre, 1892
Photomontage dédicacé à Constant Roux, collection personnelle

En décembre 1892 / janvier 1893, il exhibe au Salon marseillais une statue en plâtre intitulée Maudit (n°468) qui lui a rapporté une mention honorable au Salon parisien en mai 1892. Il est également présent avec La France armée (n°471) de Jean Turcan (1846-1895), modèle du bronze devant couronner le Monument des Mobiles : en effet, il collabore à cette œuvre en tant que praticien de Turcan diminué par un début d’ataxie.

Constant Roux, L’Amour au guet, marbre, 1896
Collection particulière

Constant Roux, La Tentation d’Ève, marbre, 1896
Vendu chez Sotheby’s à Londres le 25 mai 2016

Constant Roux, Naïade endormie, version en marbre rose, 1934
Vendue à Marseille le 7 décembre 2002

Constant Roux, La Vendange aux environs de Rome, bronze, 1899
Domaine viticole de Lignière, Rouillac (Charente)

Constant Roux, Alfred Recoura, version en bronze, 1900
Collection particulière

Constant Roux, L’Amour au guet ou Achille enfant, buste bonze, vers 1899
Collection particulière

Lauréat du grand prix de Rome de sculpture en 1894, il part pour quatre années en Italie. Il est de retour à Marseille au printemps 1899. Le Cercle artistique organise une exposition de ses œuvres romaines du 29 avril au 7 mai : L’Amour au guet (marbre), La Tentation d’Ève (marbre), Naïade endormie (marbre), La Vendange aux environs de Rome (bronze), Alfred Recoura architecte (1864-1941, buste plâtre), Amour (un buste marbre et un buste en bronze).

jeudi 5 décembre 2019

Philippe Poitevin

Voici une nouvelle notice actualisée tirée du Dictionnaire des peintres et sculpteur de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Poitevin Philippe (Saint-Maximin, Var, 21 janvier 1831 – Marseille, 15 septembre 1907), sculpteur

Stanislas Torrents (1839-1916), Philippe Poitevin
Musée des beaux-arts de Marseille

Élève d’Armand Toussaint (1806-1862) et de Marius Ramus (1805-1888), il fait ses débuts à l’exposition artistique marseillaise de 1851 : Briséis quittant la tente d’Achille (statuette) ; Une main (marbre) ; M. R. B… (buste). Il figure à l’exposition universelle de 1855 avec un Joueur de billes, statue marbre qui reparaît en bronze au Salon de 1859. Il expose à Paris jusqu’en 1872 et fréquente dans le même temps les expositions à Marseille (1858, 1859, 1860, 1861, 1864, 1886). Il y présente beaucoup de portraits mais aussi des projets de monuments publics : Monument à Charles II d’Anjou, comte de Provence pour Saint-Maximin (1858) ; Monument à Franz Mayor de Montricher pour Marseille (1886)

Philippe Poitevin, Monument à Franz Mayor de Montricher, terre cuite, 1882
Collection personnelle

Dans la cité phocéenne, il décore le Palais Longchamp (Aristote d’Argyre, Georges Cuvier, Pierre Puget et Nicolas Poussin – médaillons bronze, 1865-1866 ; Le Génie d’André Bardon et de Finsonius – groupes pierre, 1867) moyennant 6000 francs. En 1870, il obtient la commande du buste du maire Maximin Consolat (1785-1858) pour compléter l’ornementation du nymphée pour un salaire de 2500 francs ; l’œuvre fait pendant du buste de l’ingénieur du canal de Marseille Franz Mayor de Monricher (1810-1858) par André Allar (1845-1926).

Philippe Poitevin, Aristote d’Argyre et Georges Cuvier, médaillons bronze
Palais Longchamp, muséum d’histoire naturelle, 4e arrondissement

Philippe Poitevin, Pierre Puget et Nicolas poussin, médaillons bronze
Palais Longchamp, musée des beaux-arts, 4e arrondissement

Philippe Poitevin, Maximin Consolat, buste marbre
Palais Longchamp, nymphée, 4e arrondissement

Il participe également à la décoration de la façade de l’école des beaux-arts – bibliothèque en 1869, avec la réalisation de deux bustes en marbre moyennant 3000 francs : Sésostris et Léon X.

Philippe Poitevin, Sésostris et Léon X, bustes marbre
Palais des arts, place Carli, 1er arrondissement

Le musée des beaux-arts conserve, entre autres, une Jeune fille à l’aiguille (statue marbre), un Portrait de la femme de l’artiste (buste marbre), Daphnis et Chloé (groupe marbre). Une version plus grande de cette dernière œuvre a été proposée aux enchères à Marseille en 2013.

Philippe Poitevin, Daphnis et Chloé, groupe marbre, 1875
Vente Leclère, 8 juin 2013 – estimé 20 000 / 25 000 € (invendu)