mardi 23 avril 2019

Joanny Dubief

Cette semaine, j’ai repéré sur Ebay une lettre d’André Allar (1845-1926) recommandant un sculpteur actif à Marseille, Joanny Dubief. C’est l’occasion de donner la notice réactualisée que je lui ai consacrée dans le Dictionnaire des peintres et sculpteur de Provence Alpes Côte-d’Azur : 

André Allar, lettre de recommandation du 5 avril 1905
En vente sur Ebay jusqu'au 28 avril

Dubief Joanny (Villefranche, Rhône, 13 avril 1861 - ?, après 1919), sculpteur
Élève d’Émile Aldebert (1827-1924) et de Stanislas Clastrier (1857-1925) à l’École des Beaux-Arts de Marseille, il mène l’essentiel de sa carrière dans la cité phocéenne. Il expose des portraits à l’exposition de l’Association des artistes marseillais de 1889 (Jules Berger, buste ; larchitecte Joseph Monier, buste), de 1890 (Mon ami Dustchler, médaillon ; Osvald Maurin, buste) et de 1901. Là il montre cinq portraits qui reparaissent plus ou moins tels quels au Salon des artistes français : les peintres Casile, buste marbre, et Wéry, médaillon marbre en 1902 ; le forgeron d’art Trichard, médaillon bronze, en 1904 et le commissaire Bonnaud, statuette bronze, en 1905. Il expose également en 1903 à Lyon ainsi qu’à Toulon où il est membre du jury : M. F. D…, député (buste marbre du député radical-socialiste de Saône-et-Loire Fernand Dubief – 1850-1916 – auquel il est apparenté). Le musée des Beaux-Arts de Lyon, conserve de lui un portrait du peintre Jacques Martin (médaillon bronze, 1919).

Joanny Dubief, Léon Maitrot, ingénieur ECP (École centrale Paris)
Médaillon bronze, 1918, 17 cm de diamètre
Actuellement en vente sur Ebay

Il diversifie son activité en exerçant également comme dessinateur et auteur de plans-reliefs. Enfin, il est officier de l’Instruction publique et de lordre tunisien du Nicham-Iftikar (1906).

Joanny Dubief, maquette du Viaduc des Eaux-Salées, plâtre, avant 1914
Carte postale recto & verso


Addenda du 5 mai 2020 : Joanny Dubief se présente également comme un élève de l'aquarelliste Marius Pauzat (1832-1909) dans les catalogues de l’Association des artistes marseillais où j’avais raté quelques-unes de ses apparitions ; voici donc la liste complète des œuvres qu’il expose à Marseille :

1889    n°300 – M. Jules Berger (buste) / n°301 – M. Joseph Monier, architecte (buste)
1890    n°272 – Marine (aquarelle) / n°347 – Mon ami Dustchler1 (médaillon) / n°348 – M. Osvald Maurin (buste)
1891    n°469 – M. B… (buste)
1901    n°383 – M. Casile, artiste peintre (médaillon bronze ; esquisse, étude) / n°384 – M. Bonnaud (médaillon bronze ; esquisse, étude) / n°385 – M. Véry-Paon, peintre (médaillon marbre) / n°386 – M. Trichard, forgeron d’art (médaillon marbre) / n°387 – Le peintre Alfred Casile (buste marbre)


1 Paul Dustchler est également un élève de l’aquarelliste Marius Pauzat.

vendredi 12 avril 2019

Charles Delanglade

Voici une nouvelle notice réactualisée du Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Constant Roux (1865-1942), Charles Delanglade, plâtre, 1931, collection personnelle

Delanglade Charles Henri (Marseille, 26 mai 1870 – Marseille, 19 janvier 1952), sculpteur, médailleur et céramiste.
Élève d’Émile Aldebert (1827-1924) à Marseille, puis de Jules Cavelier (1814-1894) et Ernest Barrias (1840-1905) à Paris, il reçoit une formation placée sous l’académisme. Sociétaire du Salon des Artistes Français en 1909, il obtient en 1910 une mention honorable pour son marbre Vers la vie.

Charles Delanglade, Vers la vie, marbre, 1910, carte postale

Cependant, issu d’un milieu aisé, il se retire du marché de l’art et pratique ses talents en dilettante dans sa ville natale. Bien que travaillant pour son plaisir et celui de ses amis, il mène une activité très intense artistiquement et intellectuellement. En effet, s’il délaisse le Salon des Artistes Français, il participe activement au Salon des artistes marseillais, présentant de nombreuses œuvres entre 1894 et 1919. Il prend également part aux grandes expositions marseillaises telles que les Expositions coloniales de 1906 et 1922, ainsi que l’Exposition catholique de 1935. Reconnu et apprécié par l’intelligentsia marseillaise, il intègre de nombreuses sociétés savantes et institutions comme le Comité du Vieux-Marseille, le Comité Régional des Arts Appliqués de Marseille (1916), la Commission d’inspection et de surveillance du Musée des Beaux-Arts de Marseille ou encore l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille (1919-1951).
Excellent portraitiste, il réalise de nombreux bustes : Léopold Le Mée de la Salle (1915, cimetière Saint-Pierre, Marseille) Antoine de Ruffi (1916, Archives municipales de Marseille), son frère, le médecin Édouard Delanglade (vers 1918, anciennement Hôtel-Dieu de Marseille) ou Eugène Rostand (1921, Caisse d’épargne ; 1936, maison natale de Edmond Rostand, Marseille). Il approfondit également son art du portrait en tant que médailleur.

Charles Delanglade, Léopold Le Mée de la Salle, marbre, 1915

Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

Charles Delanglade, Eugène Rostand, bronze, 1936
14 rue Rostand, 6e arrondissement

Charles Delanglade, Professeur Louis Villeneuve, bronze, 1909, collection particulière

L’une des caractéristiques de son œuvre est la variété des matériaux employés et la déclinaison d’une œuvre dans ces diverses matières : Antigone (étain, 1896 ; marbre, 1897), Walkyrie (bronze, 1908 ; bois, 1908), Nymphe et faune (ivoire)… Mais c’est sans doute la céramique qu’il affectionne le plus (paire de bouteilles, Musée Borély, Marseille), allant jusqu’à créer ses propres fabriques.    

Charles Delanglade, Walkyrie, bois, 1908, collection personnelle

Charles Delanglade, Aquamanile et Poron (verre), Pichet (céramique irisée) et Joueuses d’osselets (terre cuite) vendus aux enchères à Marseille le 28 février 2016

vendredi 5 avril 2019

Auguste et Adolphe Royan


Voici une nouvelle notice réactualisée que j’ai écrite pour le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Royan Pierre Adolphe André (Marseille, 19 juin 1869 - Marseille, 16 novembre 1925), sculpteur.
Il est le fils d’Auguste Joseph François Royan (Marseille 1er juin 1837 - Marseille, 24 mars 1908), ornemaniste sur pierre, carton-pierre et ciment. Ce dernier collabore avec l’architecte Joseph Letz (1837-1890 – façades de l’église des Augustins et banque de France à Marseille, château de Jules Charles-Roux à Sausset-les-Pins…) et l’architecte nîmois E. Poitevin (chapelle Sainte Eugénie, Nîmes).

Auguste Royan, Le Commerce maritime, ciment ?
152 rue de la Corse, 7e arrondissement

Au début des années 1890, Adolphe entame sa carrière de sculpteur ornemaniste et de staffeur dans la cité phocéenne au sein de l’atelier familial A. Royan & Cie. Vers 1895, il conçoit notamment les couronnements des portes d’entrée des immeubles Boyer au 60, rue de la République ; un seul est aujourd’hui conservé. Toujours en 1895, il sculpte une Jeanne d’Arc pour orner l’angle d’un immeuble. En 1901, il réalise le décor intérieur du Café Riche, notamment les cariatides Sirènes de la tribune.
Adolphe Royan, dessus-de-porte des immeubles Boyer, vers 1895
60 rue de la République, 3e arrondissement

Signatures, angle des rues de la République et Jean-Marc Cathala

Adolphe Royan, Jeanne d’Arc, pierre, 1895
Angle de la rue de la Bibliothèque et de la place Jean Jaurès
1er arrondissement

Adolphe Royan, Cariatide Sirène, plâtre, 1901
Photographie ancienne du Café Riche

Parallèlement, il s’essaie à une carrière de portraitiste : il expose alors ses bustes en plâtre au Salon marseillais entre 1893 et 1897 (Colonel Gay de Taradel et Mlle Royan, 1893 ; Madame Vimar, 1894 ; Antonin Palliès, 1896…) et tente une fois sa chance au Salon des Artistes Français à Paris en 1894 (buste de Mme ***). Après la 1ère Guerre mondiale, il réalise un buste de circonstance d’après photo, celui du Maréchal Joffre.

Adolphe Royan, Maréchal Joffre, plâtre, vers 1920
Carte postale

Son œuvre majeure reste cependant le Monument à la mémoire des conquérants de Tombouctou, commémorant l’anéantissement de la colonne Bonnier cinq jours seulement après la prise de la ville : en 1897, il remporte avec l’architecte Auguste Lombard, le concours du monument qui est élevé, l’année suivante, dans le cimetière Saint-Pierre de Marseille.
Adolphe Royan, Monument à la mémoire des conquérants de Tombouctou, 1898
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement