jeudi 22 août 2019

Sainte Marthe (Émilien Cabuchet sculpteur)

En 1875, à l’instar de six autres confrères, le sculpteur Émilien Cabuchet (Bourg-en-Bresse, Ain, 16 août 1819 – Bourg-en-Bresse, 24 février 1902) reçoit commande, moyennant 5000 francs, d’une statue en pierre de Calissane, haute de 2,90 mètres, pour orner la façade de la Major, nouvelle cathédrale de Marseille. Ce spécialiste d’art religieux obtient la réalisation de Sainte Marthe, sise à l’extrême droite de la galerie des saints de la Provence. 

Galerie des saints, cathédrale de la major
2e arrondissement

Au printemps 1876, il expose au Salon des artistes français le modèle en plâtre, demi-grandeur, de sa figure (n°3116). Sœur de Marie-Madeleine, Marthe est représentée portant un bénitier de la main gauche et tenant un goupillon dans sa main droite. À ses pieds se trouve la Tarasque, monstre qui terrorisait les abords du Rhône aux environs de Tarascon ; la jeune femme l’a domptée en l’aspergeant d’eau bénite et l’a enchaînée pour la livrer à la vindicte des villageois.

Émilien Cabuchet, Sainte Marthe, pierre, 1876
Cathédrale de la Major, 2e arrondissement

Sainte Marthe d’après Émilien Cabuchet, gravure
La Provence artistique & pittoresque, 2 juillet 1882

Deux ans plus tard, le sculpteur reprend son motif pour en tirer une réduction en bronze. La statuette, haute de 30 centimètres pour un diamètre de 10 centimètres, est signée et datée derrière la sainte, sous la tarasque E. Cabuchet / 1878. Un exemplaire en bronze doré est alors exposé au Salon des artistes français de 1879 (n°4838) ; accidenté pendant la manifestation, l’artiste reçoit de l’administration des Beaux-Arts une indemnité de 100 francs pour couvrir le préjudice (Archives nationales F/21/4295/B). Il y a quelque temps, deux autres exemplaires étaient proposés à la vente sur Ebay, le premier à patine médaille, le second à patine argentée et dorée.

Émilien Cabuchet, Sainte Marthe
Bronze à patine médaille, 1878

Émilien Cabuchet, Sainte Marthe
Bronze à patine argentée et dorée, 1878

jeudi 15 août 2019

Jean Hugues à Marseille 2

Jean Hugues, La Muse de la Source, plâtre, 1893
Réserves du musée des beaux-arts, 4e arrondissement

En 1902, l’État dépose au musée des beaux-arts de Marseille une statue en plâtre acquis au Salon des artistes français de 1893 (n°2989) moyennant 2000 francs : La Muse de la Source de Jean Hugues.

Jean Hugues, L’Union sociale, modèle, 1904
Photographie, collection personnelle

Cette même année, Eugène Rostand (1843-1915), président de la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône, commande à Hugues trois panneaux sculptés pour le nouveau siège de l’institution (place Estangin-Pastré, 6arrondissement). La commande se transforme par la suite en un bas-relief pour orner la cheminée de la salle du Conseil des directeurs. Une somme de 5000 francs est allouée à cet ouvrage ; pour ce tarif, le sculpteur propose un marbre à la place du plâtre attendu. Quant au sujet, il illustre L’Union sociale : une femme riche tendant une main secourable à une jeune mère moins favorisée. Le siège de la Caisse d’épargne est inauguré le 20 juillet 1904.

Jean Hugues, L’Expansion coloniale, carton-pierre, 1906
Carte postale

Exposition coloniale de 1906, porche monumental du grand palais
Carte postale

En 1905, la Chambre de commerce de Marseille sollicite Hugues pour couronner le grand palais de l’exposition coloniale de 1906. Dans un premier temps, un quadrige est imaginé. Finalement, on lui préfère une figure allégorique figurant L’Expansion coloniale. L’œuvre, éphémère, est réalisée en carton-pierre : elle est précipitée dans le vide, en 1907, après la manifestation.

Un Potier de Jean Hugues à l’Exposition coloniale de 1906
Photographie extraite de l’album
Exposition coloniale Marseille 1906 – Art provençal

Jean Hugues, Byzance, buste polychrome, 1898
Photographie, collection personnelle

Lors de cette Exposition coloniale de 1906, il expose deux œuvres dans la section de l’Art provençal : Un Potier (n°1023, statue plâtre, 1895, collection de la ville de Paris) et un buste polychrome Byzance (n°1024, aujourd’hui intitulé Ravenne, 1898, musée des beaux-arts d’Arras).

Jean Hugues, Fontaine des Danaïdes, marbre, 1907
Square de Stalingrad, 1er arrondissement
Carte postale

Le 1er avril 1905, le Conseil municipal de Marseille entérine l’achat de la Fontaine des Danaïdes moyennant 40000 francs, à compte à demi avec l’État. Achevé en 1907, le groupe figure au Salon des artistes français (n°2976), à Paris ; le sculpteur l’expédie ensuite, le 17 juillet, par le train, à Marseille. En décembre 1907, tout est prêt pour une inauguration… qui ne viendra jamais !

Jean Hugues, Eugène Rostand, marbre, 1908
Réserves du musée des beaux-arts, 4e arrondissement

En 1908, Hugues sculpte le buste en marbre d’Eugène Rostand et le présente au Salon des artistes français (n°3254) ; l’année suivante, il fige les traits du docteur Siméon Flaissières (1851-1931), ex-maire de Marseille et sénateur, qu’il expose également au Salon (n°3441).

La Muse de la Source (statuette bronze au premier plan, à droite) 
de Jean Hugues à l’Exposition d’Électricité de 1908
Carte postale

Hugues expose également à Marseille à cette époque. Il présente une réduction en bronze du Potier au Salon des artistes marseillais (n°341) en janvier 1908 ; il envoie également deux bronzes à l’Exposition internationale d’Électricité (La Poulido, 1894, n°542, et La Muse de la Source, n°543).
Le 24 février 1909, le buste de Reyer (1890) est couronné sur la scène du Grand Théâtre après une représentation de l’opéra Sigurd en hommage au compositeur récemment décédé.
En 1914, Hugues figure une dernière fois au Salon des artistes marseillais avec une réduction en marbre blanc de La Muse de la Source.

Jean Hugues, Venise, marbre et bronze, 1898
Photographie, collection personnelle

Enfin, Hugues est membre du comité de patronage de l’Exposition coloniale de 1922. Il expose par ailleurs les bustes du Docteur Siméon Flaissières (plâtre, 1909, n°216) et de Venise (marbre et bronze, 1898, n°217) dans la section d’art provençal et le buste en marbre de Reyer au Palais de Marseille et de la Provence.

Jean Hugues à Marseille 1

On trouve facilement des infos sur le sculpteur marseillais Jean-Baptiste Hugues, dit Jean Hugues (Marseille, 1849 – Paris, 1930). Plutôt qu’une notice, je vous communique aujourd’hui une annexe de ma thèse, intitulée « Jean Hugues à Marseille » :

Cayol Frères, Jean Hugues, photo vers 1875
Collection personnelle

Le 15 avril 1849, naissance de Jean Baptiste Dominique Hugues à Marseille ; il est le fils d’un tonnelier, Jean-François Hugues.
Le 1er septembre 1865, âgé de 16 ans, Jean Hugues entre à l’école municipale des beaux-arts de Marseille. Il suit les cours du sculpteur Antoine Bontoux (1805-1892) et de l’ornemaniste Antoine Vittoz.
En 1867, il monte à Paris poursuivre ses études artistique jusqu’à l’obtention du grand prix de Rome en 1875. Il devient dès lors boursier de la ville de Marseille : 1000 francs en 1867 ; 1200 francs dès 1868 ; 1400 francs à partir de 1873.

Jean Hugues, Ajax foudroyé, plâtre, 1872
Réserve du musée des beaux-arts, 4e arrondissement

En 1872, Hugues remporte le 2ème 2nd prix de Rome avec son Ajax foudroyé. L’œuvre est acquise par l’État pour 1200 francs. Au printemps 1873, Marseille réclame l’œuvre pour son musée ; l’État l’envoie le 18 juillet 1873 à titre de dépôt.

Joseph Laugier, Médaille offerte à J.-B. Hugues par la ville de Marseille
Dessin, 1876, carnets Laugier, Académie de Marseille

En 1875, Hugues obtient le grand prix de Rome de sculpture. Sur le chemin de la Villa Médicis, il fait halte dans sa ville natale. Le 31 janvier 1876, le Conseil municipal délibère de lui offrir une médaille en or d’une valeur de 400 francs.

Jean Hugues, Pierre-Marius Bérengier, marbre, 1878
Cimetière Saint-Pierre, 10e arrondissement

En 1878, il réalise le portrait en médaillon de l’architecte marseillais Pierre-Marius Bérengier (1808-1876) pour la tombe de celui-ci au cimetière Saint-Pierre.
En 1879, l’Académie de Marseille lui commande le buste du Chevalier Roze. L’œuvre achevée arrive à Marseille en août 1880. Elle est alors exposée à la bibliothèque (août), puis au Cercle artistique (septembre).
En février-mars 1882, Hugues participe à l’exposition du Cercle artistique. Il y expose deux bustes, l’un en marbre – Souvenir de Rome – et l’autre en bronze. Il partage avec le peintre Alphonse Moutte (1840-1913) le grand prix d’honneur (1000 franc) tandis que Souvenir de Rome est acheté pour la loterie du Cercle artistique.

Jean Hugues, Le chevalier Roze, bronze, 1880
Présentation de 1886 et actuelle
Esplanade de la Tourette, 2e arrondissement

En 1886, après plusieurs années de tergiversations, le buste du Chevalier Roze est installé sur l’esplanade de la Tourette. L’inauguration a lieu le 14 juillet.
Le 11 mars 1888, Hugues est lauréat du prix Beaujour décerné par l’Académie de Marseille.
En 1889, il sculpte le buste en marbre de Jean-Baptiste Peirron, cofondateur du quotidien Le Petit Marseillais (Réserves du musée des beaux-arts)

Jean Hugues, Reyer, marbre, 1890
Réserves du musée des beaux-arts, 4e arrondissement
Photographie, collection personnelle

En 1890, un comité présidé par le savonnier et mécène Louis Arnavon (1844-1901) commande à Hugues le buste en marbre du compositeur marseillais Ernest Rey dit Reyer (1823-1909). Le buste est exposé à l’hôtel de ville en 1891 avant son inauguration dans le foyer du Grand Théâtre.

Jean Hugues, Monument à Pierre Puget, maquette plâtre, 1896
Photographie, collection personnelle

En 1893, Hugues est l’un des vice-présidents du comité du Monument à Pierre Puget. Il participe par ailleurs au concours qui se tient en 1896-1897. Il se place à la troisième place, le concours étant remporté par Henri Lombard (1855-1929).

Jean Hugues, Philoctète blessé, plâtre, 1873
Photographie, collection personnelle

En 1896, l’État dépose au musée des beaux-arts de Marseille Philoctète blessé, bas-relief qu’Hugues réalise pour le concours de Rome de 1873 et qui lui vaut le 1er 2nd prix. L’œuvre est aujourd’hui non localisée.