mercredi 31 mai 2023

Allégorie de Marseille (André Allar sculpteur)

André Allar, allégorie de Marseille, statue, plâtre, 1910
© Archives municipales de Marseille 160Fi81 

En 1913, le marbrier Jules Cantini (1826-1916) offre au musée du Vieux-Marseille qui vient d’être fondé une statue en plâtre. Il s’agit du modèle de l’allégorie de Marseille qui couronne la fontaine monumentale de la place Castellane sculptée par André Allar (1845-1926). L’œuvre, placée sur le perron, accueille le visiteur du nouveau musée, dans l’enceinte du parc Chanot.

Musée du Vieux-Marseille, avant l’installation de la statue d’Allar
Carte postale

Le bâtiment est détruit pour l’Exposition coloniale et remplacé par le palais de la Provence qui devient, à son tour, le siège du musée du Vieux-Marseille. La statue de Marseille est alors installée à l’intérieur. Elle y reste probablement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et a sans doute été détruite à cette époque.

André Allar, Marseille, statue, marbre, 1910
Photos de Xavier de Jauréguiberry et d’Olivier Liardet

Heureusement, il nous reste la version en marbre au sommet de la fontaine Cantini. Haute de 6 mètres et pesant 22 tonnes, Marseille fait face à la rue de Rome. Elle est coiffée d’une couronne crénelée, attribut traditionnel des allégories de ville, à laquelle s’ajoute aujourd’hui un paratonnerre. Elle tient une nef dans son bras gauche et pose son pied droit sur un dauphin, symboles de sa vocation portuaire. Enfin, elle s’appuie sur un écu arborant les armoiries de la cité, une croix blanche sur fond d’azur.

samedi 20 mai 2023

Projet de fontaine (Claude-Jacques Dageville architecte)

Mercredi prochain, 24 mai, maître Pascal Blouet dispersera dans son étude de Mayenne les souvenirs historiques du maréchal Molitor. Parmi une foultitude de documents, se trouve un important ensemble de dessins, de photographies et de gravures concernant l’architecture de la ville de Marseille aux XVIIIe et XIXe siècles. Beaucoup ont une estimation conséquente. Pour ma part, j’ai choisi de m’arrêter aujourd’hui sur une gravure très accessible !

Projet d’une fontaine / dédié à Messieurs / les maire, échevins et assesseur / de la ville de Marseille / 1785 / Par leur très humble / et très obéissant serviteur / D’Ageville
Gravure de Debuigne, 40 x 30 cm
Lot 562 – estimé 30/50 €

Ce D’Ageville s’appelle en fait Claude-Jacques Dageville (1721-1794). Architecte du duc de Villars, il est également inspecteur des travaux publics : il s’occupe notamment du curage du port. À partir de 1753, il dirige le chantier de reconstruction de l’Hôtel-Dieu sur les plans de Jules Hardouin-Mansart. En 1756, il devient professeur d’architecture civile et de perspective à l’Académie de peinture de Marseille ; en 1782, il en devient le chancelier et, en 1790, le secrétaire perpétuel. Par ailleurs, depuis 1769, il est membre correspondant de l’Académie royale d’architecture.
Il s’intéresse à de nombreux sujets, en particulier l’urbanisme auquel il consacre plusieurs discours : « De la décoration des villes, des places et promenades publiques et comment les salles de spectacle doivent être construites » (27 août 1769) ; « Des moyen d’embellir Marseille » (1er septembre 1771)… C’est dans ce contexte que s’inscrit ce projet. À l’initiative d’un groupe de riverains, l’érection d’une fontaine monumentale dédiée au maréchal-prince de Beauvau-Craon, gouverneur de Provence, est imaginée à l’intersection des allées de Meilhan et Capucines (aujourd’hui la partie supérieure de la Canebière et des allées Gambetta). Dageville conçoit un piédestal cubique flanqué de dauphins. Sur la face principale, un bas-relief illustre un combat aux portes de la cité phocéenne. Sur ce socle siège l’allégorie de Marseille, couronnée par Mercure – dieu du commerce – avec l’aide d’un petit génie ailé.

Jean-Joseph Foucou, Fontaine Beauvau, gravure, 1785
Vignette de l’encadrement du Plan du chevalier Pierron, bibliothèque de l’Alcazar

Le sculpteur Jean-Joseph Foucou (1739-1821) propose un projet concurrent : à l’intérieur d’un bassin circulaire cantonné par quatre lionnes couchées s’élève un énorme rocher surmonté de l’allégorie colossale de La France, tenant l’écu royal. Cependant, c’est finalement un troisième projet, celui que le sculpteur bourguignon Alexandre-Charles Renaud (1756-1815) propose en 1787, qui est finalement choisi mais qui, faute de temps, n’aboutit pas !
Pour en finir avec Claude-Jacques Dageville, il devient commissaire du tribunal populaire en 1793, durant la période fédéraliste. Cela lui vaut d’être condamné à mort par la commission Brutus et exécuté le 28 février 1794.

vendredi 12 mai 2023

Restauration de Zarafa III et de Marcel

En 2009, l’association Art Book Collectif (ABC) sous la houlette du plasticien autodidacte Jean-Michel Rubio (né à Toulouse en 1956) conçoit une sculpture éphémère haute de 6 mètres et constituée de 6 000 livres de poche. Elle est nommée Zarafa II en mémoire de la célèbre girafe Zarafa, cadeau diplomatique du vice-roi d’Égypte Méhémet Ali au roi Charles X, qui hiverna à Marseille en 1826-1827. La statue animalière est installée sur la Canebière, au niveau des allées de Meilhan, au début de l’année 2010. Toutefois, le 8 juin 2010, elle est victime d’un autodafé : des abrutis iconoclastes l’incendie pour célébrer le sacre de l’OM en coupe de France et coupe de la ligue.

Zarafa II, statue, 2010 © beatricea.unblog.fr

Incendie de Zarafa II, 8 juin 2010 © beatricea.unblog.fr

Dès l’été 2010, ABC érige sur le même emplacement une nouvelle girafe – Zarafa III – dans une version métallique destinée à durer. Le caméléopard s’accompagne désormais d’un girafon prénommé Marcel dont les flancs évidés constituent une borne de dépôt et d’échange de livres. Les deux sculptures sont inaugurées solennellement le 11 octobre 2010.

Zarafa III et Marcel, statues, 2010 © beatricea.unblog.fr

En mai 2015, les deux animaux qui ont subi quelques dommages et ont été taggués sont restaurés par les bénévoles d’Art Book Collectif. Leur palette chromatique de Zarafa III s’éclaircit.

Zarafa III et Marcel, statues, 2010 (version 2015)

Les sculptures se sont longtemps retrouvées cernées par les travaux du cinéma Artplexe d’abord, par celui du repavage des allées de Meilhan et de la place Léon Blum. Par ailleurs, les pieds des girafes avaient fortement rouillé, menaçant leur stabilité. De fait, au mois d’avril 2023, une nouvelle rénovation a été entreprise. Les pattes et les sabots ont été consolidés. Quant à leur pelage, il a changé de teintes. Aujourd’hui Zarafa III et son girafon paraissent rajeunis dans leurs robes bleues et gaies.

Zarafa III et Marcel, statues, 2010 (version 2023)
125 La Canebière, 1er arrondissement