dimanche 28 août 2022

Ferdinand Faivre

Depuis la disparition de mon précédent blog, je me suis rendu compte que je n’avais pas encore parlé de Ferdinand Faivre. Je donne aujourd’hui la notice enrichie que je lui ai consacrée dans le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Ferdinand Faivre dans son atelier, photographie anonyme
Collection personnelle

Faivre Marie Antoine Ferdinand (Marseille, 8 octobre 1860 – Montrouge, Hauts-de-Seine, 19 août 1937), sculpteur
Il est l’élève de l’école des beaux-arts de Marseille puis de Jules Cavelier (1814-1894), Ernest Barrias (1841-1905) et André Allar (1845-1926) à l’école supérieure nationale des beaux-arts de Paris. Il participe assidument au Salon des artistes français de 1882 à 1924 où il obtient quelques succès : mention honorable en 1889 (L’Enfance de Bacchus, n°4344, groupe plâtre), médaille de 3e classe et bourse de voyage en 1892 (Derniers jeux, n°2562, statue plâtre et Mme Mewès, n°3219, médaillon argent), médaille de 2e classe en 1899 (La Délivrance, n°3441, groupe plâtre et L’Enfance de Bacchus, n°3442, groupe bronze). Il est également récompensé lors des expositions universelles de Lyon (1894, médaille d’argent) et de Paris (1900, médaille de bronze). En outre, il est fait officier de l’Instruction publique.

Ferdinand Faivre, L’Enfance de Bacchus, groupe plâtre, Salon de 1889 (n°4344)

Ferdinand Faivre, Jeunesse, statue bronze, Salon de 1893 (n°2835)

Ferdinand Faivre, Psyché exposée sur le rocher, groupe plâtre, Salon de 1897 (n°2925)

Ferdinand Faivre, Vénus naissante, statue plâtre, Salon de 1914 (n°3763)

Ferdinand Faivre, La Jeune fille et l’Amour, groupe marbre, Salon de 1920 (n°3057)

Il réalise une importante production de bustes et de décors monumentaux : groupes décoratifs de la banque de Zurich ; le fronton du Crédit Foncier de France ; La Haute et la Basse Égypte du musée des Antiquités du Caire construit par le Marseillais Marcel Dourgnon (1858-1911) dont il a portraituré l’épouse en 1894 ; L’Art et La Poésie pour la demeure de M. Soto y Calvo à Buenos Aires…

Ferdinand Faivre, Sabine Dourgnon, buste plâtre, Salon de 1894 (n°3070)

Ferdinand Faivre, La Haute et la Basse Égypte, bas-reliefs, vers 1900-1902

Ferdinand Faivre, L’Art, bas-relief pierre, Salon de 1913 (n°3456)

Ferdinand Faivre, La Poésie, bas-relief pierre, Salon de 1913 (n°3457)

Il est surtout très proche de l’architecte alsacien Charles Mewès (1858-1914). Il collabore à ses principaux chantiers : statue de L’Abondance pour l’hôtel Ritz de Paris (1897-1898) ; décors du Château Porgès à Rochefort-en-Yvelines (1896-1904) ; bas-reliefs de l’hôtel particulier de Lucien Guitry à Paris (1909 ; détruit en 1963) ; fronton du Royal Automobile Club à Londres (1908-1911). Le sculpteur réalise en outre plusieurs portraits de l’épouse de l’architecte, Jenny Mewes (1867-1897), qu’il décline dans différents matériaux et tailles.

Ferdinand Faivre, La Sphère terrestre, château de Rochefort-en-Yvelines

Ferdinand Faivre, Jenny Mewès, buste marbre, Salon de 1902 (n°2458)
Vendu aux enchères à Amsterdam le 31 octobre 2006 (lot 1240)

Ferdinand Faivre, Jenny Mewès, bustes en bronze et bronze doré
Vendus aux enchères à Amsterdam le 31 octobre 2006 (lot 1115)

Peu présent dans sa ville natale, Ferdinand Faivre est toutefois l’auteur d’une Vierge à l’Enfant en pierre, sise sur la façade d’un immeuble construit par la famille Brive en 1892 à l’angle des rues Fontange et Blanqui. L’Académie de Marseille possède le modèle en plâtre de l’œuvre qui a également fait l’objet d’une édition en bronze.

Ferdinand Faivre, Vierge à l’Enfant, groupe pierre, 1892
Angle des rues Fontange et Blanqui, 6e arrondissement

Ferdinand Faivre, Vierge à l’Enfant, groupe plâtre, vers 1892
Académie de Marseille, 40 rue Thiers, 1er arrondissement

Ferdinand Faivre, Vierge à l’Enfant, groupe bronze, vers 1892
Un exemplaire repéré sur Proantic en août 2022

Faivre s’adonne également aux arts décoratifs notamment avec une fontaine-lavabo en étain commandée par l’État le 15 avril 1897 pour 2 600 francs d’après un modèle exposé au Salon de 1896 (n°4020 ; musée des beaux-arts de Troyes). Ses statuettes ainsi que ses jardinières, ses coupes, ses vide-poches, ses surtouts sont édités par la manufacture de Sèvres, par les céramistes Émile Muller, Edmond Lachenal ou Pierre-Adrien Dalpayrat, par les bronziers Barbedienne, Thiébaut ou Siot-Decauville.

Ferdinand Faivre et Dalpayrat, Fontaine-lavabo, grès émaillé, vers 1897
Vendue à Paris le 23 avril 2021 (Million & Associés, lot 127)

Ferdinand Faivre et Muller, Premières rêveries, statue en grès, Salon de 1898 (n°3390)
Vendue à Paris le 30 Mai 2021 (Collin du Bocage, lot 293)

Ferdinand Faivre et Muller, Naïade au coquillage, statue en grès
Vendue à Paris le 25 novembre 2021 (Million & Associés, lot 183)

Ferdinand Faivre et Lachenal, La Source, vase
Repéré sur Ebay en novembre 2020

Ferdinand Faivre, Divinités marines, bronze doré, Thiébaut Frères Funmière & Cie 
Salon de 1906 (n°3082)
Vendu à Londres le 19 mai 2010 (lot 108)

Ferdinand Faivre, Surtouts de table du mariage de Mlle Krupp d’Essen, argent, 1909

Enfin, il intervient comme restaurateur au château de Versailles.

mardi 16 août 2022

La France (Antoine Bontoux sculpteur)

On trouve actuellement sur Ebay deux photographies représentant des bustes allégoriques de La France, vraisemblablement en plâtre, du sculpteur Antoine Bontoux (1805-1892).

Antoine Bontoux, La France, buste, vers 1870-1871
Photographie d’Adolphe Terris (1820-1899), avers

La première version figure une femme aux traits lourds, au regard inexpressif, coiffée d’une étoile sur ce qui ressemble à une couronne crénelée ; elle porte par ailleurs une cuirasse avec la tête de la gorgone Méduse. L’œuvre est titrée (La France) et signée (Bontoux Sc[ulpci]t)devant, sur le piédouche.

Antoine Bontoux, La France, buste, vers 1871-1872
Photographie d’A. Vidal, dédicacée par le sculpteur, avers et revers

La deuxième version, plus tardive, reprend la composition précédente tout en modifiant la coiffure. L’allégorie porte un diadème composé d’épis de blé. Des épis apparaissaient déjà dans la version précédente mais, ici, ils constituent le seul ornement de la chevelure. Cette fois, le buste n’est pas titré ; il est signé sur le côté du piédouche : Bontoux Sc[ulpci]t. La dédicace au revers permet de dater l’œuvre aux alentours de 1872.

Antoine Bontoux, La République, buste, terre cuite, 1871

La deuxième version est à rapprocher du buste de La République de type Cérès, en terre cuite, vendu aux enchères en juin 2021 (Cf. notice du 24 juin 2021). Cela permet de confirmer la datation de 1871 de cette œuvre, sans doute éditée pendant 20 ans par la tuilerie Arnaud Étienne.
Avec ces bustes allégoriques, Bontoux essaie de redonner un visage à la Nation après la chute du Second Empire et l’humiliation de la défaite de 1870 contre la Prusse.
Ce buste est peut-être celui qui est exposé à Toulon en 1873. Le Guide Exposition de Toulon 1873 (n°6, 25 mai 1873) déclare : 
« Le buste de la France de M. Bontoux est un type bien choisi, bien rendu. C’est la noblesse, la grandeur telle que l’aime notre esprit, telle que l’homme désire la voir concrétée dans la vénérable et forte abstraction qu’on nomme la Patrie. »

mercredi 10 août 2022

La Chasse (Henri Raybaud sculpteur)

Le lundi 22 août 2022, la maison marseillaise R&C propose à la vente une œuvre du sculpteur Henri Raybaud (1879-1942) que l’on croise rarement aux enchères. Le lot 302, un groupe en plâtre (28 x 31 x 17 cm), est signé sur le côté gauche HRaybaud et est estimé 150/200 €. Les commissaires-priseurs lui ont forgé un titre, Scène de putti ; cependant, l’intitulé réel est La Chasse comme le suggère l’arc brandi par un putto.

Henri Raybaud, La Chasse, groupe, plâtre, vers 1926
R&C, lot 302

Le groupe est une étude ou une esquisse pour l’un des bronzes de l’escalier de la gare Saint-Charles. En effet, Raybaud obtient la commande, moyennant 40 000 francs, de six groupes se répondant deux à deux : Les Fruits et Les Fleurs, Les Vendanges et La Moisson, La Pèche et La ChasseLes modèles sont ensuite envoyés à Paris pour y être traduits en bronze dans la fonderie Rudier, gérée par Alexis Rudier (mort en 1897) et son fils Eugène Rudier (1879-1952) entre 1874 et 1952. La facture de cette opération se chiffre à 11 200 francs. Une fois fondus, les six bronzes reviennent en train à Marseille et sont installés sur leurs socles aménagés dans les rampes de l’escalier monumental. Enfin, l’ensemble est inauguré solennellement le 24 avril 1927 à l’occasion de la venue du président de la République Gaston Doumergue (1863-1934).
La Chasse représente donc deux putti chassant à l’arc du gibier à plumes : on a la dépouille d’un canard devant et celle d’un faisan derrière ; par ailleurs, l’un des enfants tient captif une tourterelle.

Henri Raybaud, La Chasse, groupe, bronze, 1926-1927
Escalier de la gare Saint-Charles, 1er arrondissement

L’aspect des sculptures de Raybaud rappelle le style Louis XVI ; il contraste avec le classicisme des œuvres d’Auguste Carli (1868-1930) et d’Ary Bitter (1883-1973) ou l’art déco des figures coloniales de Louis Botinelly (1883-1962) tout en faisant de l’escalier un monument éclectique.