vendredi 30 juillet 2021

Rendez-vous au(x) David(s)

Dans le cadre de Marseille-Provence capitale européenne de la culture (2013), la mairie des 6e et 8e arrondissements a lancé un concours de « David » – déclinaison de la copie du héros biblique de Michel-Ange (1475-1564) offerte aux Marseillais par Jules Cantini (1826-1916) – aux jeunes diplômés de l’école des beaux-arts de Marseille et à quelques artistes confirmés. Treize œuvres, pour faire écho à 2013, sont finalement retenues – Je ne sais comment le comité organisateur a choisi les lauréats, mais certaines sculptures sont clairement hors sujet ! – et érigés le 4e secteur.

Boris Chouvellon, Crack Concrete, béton, 2013
Route de la Marronaise, Les Goudes, 8e arrondissement 

Une seule statue de cet ensemble se trouve toujours in situ : Crack Concrete de Boris Chouvellon (né en 1980). Cet artiste plasticien, sculpteur, photographe et vidéaste qui partage son temps entre Paris et Marseille a eu en 2011 les honneurs d’une exposition monographique au MAC (Musée d’Art Contemporain de Marseille, 69 avenue d’Haifa, 8e arrondissement). Pour la manifestation, il redessine en creux la silhouette du David dans un bloc de béton armé. L’œuvre est inaugurée le 7 février 2013.

Les autres David ont quitté leur emplacement éphémère à la fin de Marseille-Provence capitale européenne de la culture. Ils ont alors été regroupés dans le parc de Bagatelle, la mairie des 6e et 8e arrondissements. Enfin, « entassés » serait plutôt le mot juste car, à une exception près, ils ne sont guère mis en valeur à l’arrière de la bastide !

Dominika Griesgraber, Convergence, technique mixte, 2013
Parc de Bagatelle, 8e arrondissement

La mieux lotie est assurément Dominika Griesgraber (née en Pologne en 1970) : sa sculpture Convergence, autrefois érigée au rond-point Espace Borély (inauguration le 27 janvier 2013), est aujourd’hui placée devant la mairie. L’artiste s’est concentrée sur la tête du David, traitée apparemment en fibre de verre et plexiglas. Elle se focalise sur la convergence entre l’intellect matérialisé par l’œil sculptural et l’instinct symbolisé par la main droite toute en transparence. Par ailleurs, le plexiglas reflète les Marseillais, les poussant à s’interroger sur eux-mêmes.

Luco Cormerais, Conversation, métal, 2013
Place Félix Baret, 6e arrondissement, 2013

Luco Cormerais, Conversation, métal, 2013
Parc de Bagatelle, 8e arrondissement

Luco Cormerais (né en ?) imagine une Conversation formée d’un face à face de deux profils stylisés du David en métal bleu phocéen. La sculpture représente le dialogue entre les hommes, symbole de paix. Elle a été inaugurée 1er février 2013 sur la place Félix Baret (6e arrondissement) avant de rejoindre Bagatelle.

Christophe Pérez, Centon, béton, 2013
Parc de Bagatelle, 8e arrondissement

Christophe Pérez (né en 1973) utilise le marcottage – le remploi de formes préexistantes – en assemblant différentes parties de corps moulés de Marseillais s’appelant David afin de recomposer le David de Michel‐Ange. Le choix du béton renvoie autant au Modulor du Corbusier (1887-1965) qu’aux rocailleurs ; son aspect brut de décoffrage fait écho à la personnalité des Phocéens. L’œuvre fut inaugurée sur la plage du Prado le 8 février 2013.

mardi 20 juillet 2021

David (copie d’après Michel-Ange)

Le richissime marbrier Jules Cantini (1826-1916) exploite des carrières de pierres, de marbres et d’onyx tout autour du bassin méditerranéen. Sa réussite professionnelle l’incite à se faire mécène et à élever l’âme de ses concitoyens par l’art. Dans cette optique, il offre à la ville de Marseille une fontaine monumentale et plusieurs copies en marbre blanc de chefs-d’œuvre de la sculpture.

Ateliers Jules Cantini, David, marbre blanc, 1913
Rond-point de la Plage, 8e arrondissement

Ainsi fait-il don d’une statue colossale (5,5 m de haut) d’après le David (1501-1504) de Michel-Ange Buonarroti (1475-1564), taillée dans ses ateliers de Carrare. Le conseil municipal accepte le don par délibération du 19 septembre 1913. La sculpture est destinée au musée des beaux-arts, au palais Longchamp.

Ateliers Jules Cantini, David, modèle plâtre, 1912-1913
Conservatoire de musique, place Carli, 1er arrondissement
Photo ancienne et photo contemporaine (© David Coquille)

Quant au modèle en plâtre, il est déposé à l’école des beaux-arts (aujourd’hui conservatoire de musique), place Carli. Dans les deux cas, le chef-d’œuvre de la Renaissance italienne doit stimuler l’admiration, l’émulation et même les vocations.

La Marseillaise, coupure de presse relatant l’installation au rond-point de la Plage

Depuis le 17 novembre 1951, le héros biblique, représenté juste avant son combat le géant Goliath, orne le rond-point de la Plage à l’extrémité du Second Prado. Il est aujourd’hui l’une des statues les plus connues des Marseillais et l’une des plus populaires avec Notre-Dame de la Garde.

mardi 13 juillet 2021

Pierre Rey

Il y a quelques jours, j’ai découvert les dates de naissance et de mort du sculpteur ornemaniste Pierre Rey. C’est l’occasion de mettre à jour la petite notice biographique que je lui ai consacrée dans le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Rey Pierre (Lyon, 10 avril 1839 – Marseille, 25 février 1923), sculpteur ornemaniste

Il est nommé professeur adjoint chargé de l’ornement, le 10 février 1885, à l’école des beaux-arts de Marseille… poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1917. À ce titre, il est choisi par la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône, en septembre 1903, pour la réalisation de l’entièreté du décor ornemental de son nouveau siège, moyennant 7 100 francs.

Marché de gré à gré entre Pierre Rey et la Caisse d’épargne
Archives de la Caisse d’épargne Provence Alpes Corse, Aa 03, boite 79, dossier Rey

Pierre Rey, chutes & mascaron, pierre, 1904
Caisse d’épargne, passage groupe Provence, 6e arrondissement

Pierre Rey, cartouche & mascarons, pierre, 1904
Caisse d’épargne, place Estrangin, 6e arrondissement


Pierre Rey, frise d’abeilles / mascaron / console / fronton cintré, pierre, 1904
Caisse d’épargne, cours Puget, 6e arrondissement 

Il est par ailleurs le praticien d’André Allar (1845-1926) pour la Fontaine Estrangin (1890), tout comme son collègue Stanislas Clastrier (1857-1925).

Enfin, il est probablement le père de Philippe Rey qui expose deux fois au Salon marseillais : un modèle d’une pendule à exécuter en faïence décorée (1893) et un portrait en médaillon (1895).