dimanche 31 juillet 2022

Le lion dans la sculpture marseillaise 2

S’il apparaît dans nombre de monuments publics, le lion est surtout présent sur de nombreuses façades d’immeubles. On le trouve sous la forme de dépouille du Lion de Némée, le premier des douze travaux d’Héraclès. La peau du mythique fauve devient l’un des emblèmes du héros grec qui en fait un manteau-cuirasse retenu sur sa tête par le crâne du lion.

Anonyme, Mufle et griffes de la dépouille du Lion de Némée, pierre
Société Générale, 15-17 La Canebière, 1er arrondissement

Ici, les valeurs positives d’Héraclès se cumulent à celle du lion. Aujourd’hui, c’est une banque – la Société Générale – qui en bénéficie. Les établissements financiers sont particulièrement friands de ce motif décoratif, particulièrement le Crédit Lyonnais pour des raisons homophoniques.

Anonyme, Mufle de lion, pierre, 1865
Crédit Lyonnais, 25 rue Saint-Ferréol, 1er arrondissement

Sur l’hôtel de la Caisse d’épargne de la place Estrangin-Pastré, le motif léonin est même doublé : dans un médaillon de style Louis XVI retenu par la gueule d’un lion, on a un lion rugissant faisant référence aux représentations présentes sur les drachmes massaliotes.

Valentin Pignol (1863-1912), Lion rugissant, pierre, 1904
Caisse d’épargne, place Estrangin-Pastré, 6e arrondissement

Bien évidemment, les particuliers l’adoptent également comme le propriétaire Louis Clapier pour son immeuble du 24 rue Montgrand, daté de 1873. Là, deux têtes de lions servent de consoles au balcon du premier étage.

Anonyme, Têtes de lion, consoles
24 rue Montgrand, 6e arrondissement

Dans quelques cas plus rares, le lion est représenté en entier. À ce propos, le dessus-de-porte du 116 rue Horace Bertin est aussi exceptionnel que spectaculaire.

Anonyme, Lions, dessus-de-porte
116 rue Horace Bertin, 5e arrondissement

En règle générale, les lions en pied sont plutôt réservés aux entrées de parc pour les bastides. C’est le cas des félins d’Antoine Bontoux (1805-1892) symbolisant la Force et la Fidélité à l’entrée du château Falguière ou encore des lions qui flanquent l’entrée de La Verdière sur le boulevard Michelet.

Antoine Bontoux, La Fidélité et La Force, pierre, 1859
Entrée du château Falguière (aujourd’hui résidence La Roseraie)
53 boulevard de Hambourg, 9e arrondissement

Anonyme, Lions, pierre
341 boulevard Michelet, 9e arrondissement

samedi 23 juillet 2022

Le lion dans la sculpture marseillaise 1

À partir d’aujourd’hui, en astrologie, on entre dans la maison du lion. C’est un prétexte tout trouvé pour aborder le thème du lion dans la sculpture marseillaise. Bien que cet animal soit l’un des animaux les plus représentés, il n’a pas eu droit à sa notice dans l’Abécédaire du décor sculpté publié par l’Atelier du Patrimoine en 2008 ; c’est donc également l’occasion de réparer cette injustice. 
En tant que roi des animaux, le lion est associé à plusieurs valeurs positives : la noblesse, la puissance, la gloire, la protection. Ce sont souvent ces qualités que tentent de s’approprier les monuments publics et les façades d’immeubles en le mettant à l’honneur. C’est le cas dans la fontaine de Dominique Fossati (1710-1792) dont l’obélisque est supporté par quatre lions ou dans les deux groupes de Lion et enfant d’Ary Bitter (1883-1973) pour l’escalier de la gare Saint-Charles.

Dominique Fossati, Fontaine Fossati, 1778
Place des capucines, 1er arrondissement (depuis 1863) © Xavier de Jauréguiberry

Ary Bitter, Lions et enfants – Le Soleil et la Mer & Le Monde est à l’énergie, 1926
Escalier de la gare Saint-Charles, 1er arrondissement © Olivier Liardet

Il existe cependant quelques rares exceptions. Le lion du Milon de Crotone de Pierre Puget (1620-1694) symbolise l’orgueil démesuré des hommes : Milon, voulant fendre un chêne de ses mains, se retrouve la main coincée dans le tronc à la merci des bêtes sauvages, des loups dans la légendes mais les artistes ont rapidement préféré représenté un lion pour cette scène ! Ici, le félin plante ses griffes et ses crocs dans les cuisses et les fesses musclées du présomptueux athlète grec.

Atelier Jules Cantini, Milon de Crotone d’après Puget, 1915
Cours Jean Ballard, 1er arrondissement

Quant aux groupes de lions et de tigres d’Antoine-Louis Barye (1795-1875) qui marquent l’entrée du palais Longchamp, ils traduisent avec un certain naturalisme la nature sauvage que le muséum d’histoire naturelle et le parc zoologique voisins donnent à voir.

Antoine-Louis Barye, Lion terrassant un bouquetin, maquette en plâtre, vers 1865
Musée des Beaux-Arts de Marseille, S 518, 4e arrondissement

dimanche 10 juillet 2022

Les monuments commémoratifs de la peste de 1720

Une fois n’est pas coutume : aujourd’hui je souhaite mettre en avant le travail d’une classe de CM1 de l’école Maurice Korsec, sise dans le quartier Belsunce. Les élèves avaient précédemment enquêté sur le fléau qui ravagea la cité phocéenne du 25 mai 1720 au mois d’août 1722 ; cette année, ils ont enquêté sur les trois monuments commémoratifs qui rappellent aux Marseillais ce tragique épisode : la Fontaine de la Peste et du Dévouement de Barthélemy Chardigny (1757-1813), le Monument à Monseigneur de Belsunce de Marius Ramus (1805-1888) et le Monument au Chevalier Roze de Jean Hugues (1849-1930).

Fontaine de la peste et du dévouement, tabatière en or et émail, 1er Empire
Casa-Museu Medeiros e Almeida, Lisbonne (Portugal)

Marseille. La Bibliothèque (avec la Colonne de la Peste), carte postale

Marseille. L’Évêché et la statue de Mgr de Belsunce, carte postale

Jean Hugues, Le Chevalier Roze (monument installé à la Tourette en 1886)
Photo, collection personnelle

Leurs recherches ont abouti à la réalisation d’un film, avec le partenariat du Musée d’Histoire de Marseille, dans le cadre du projet KinéKino, Peste movie 2 : Marseille 1722-2022. Je joins avec plaisir le lien conduisant à leur vidéo et j’invite chacun à la visionner !

https://cinememoire.net/actualite/1181-kinekino-peste-movie-2-marseille-1722-2022-commemorer-la-peste-de-1720-a-marseille