mardi 29 décembre 2020

Le musée subaquatique de Marseille 1

Depuis une quinzaine d’années, les musées sous-marins sont à la mode. Le premier du genre naît en mai 2006, à Molinere Bay (île de la Grenade). À partir de 2015, Marseille songe à la création d’un musée subaquatique : il doit s’inscrire dans le cadre de Marseille Provence Capitale Européenne du Sport 2017 et présenter des œuvres du sculpteur britannique Jason deCaires Taylor (né en 1974 à Canterbury, Angleterre). Mais les démarches administratives pour l’utilisation du domaine public maritime et l’hostilité de l’Association de défense du littoral 13 retardent considérablement le projet. De fait, Jason deCaires Taylor se désengage pour finalement poser ses œuvres au sud de l’île Sainte-Marguerite à Cannes en 2020.
Heureusement, le projet rebondit en faisant appel à dix artistes contemporains français. Cet automne, leurs sculptures en ciment marin au PH neutre ont été immergées à 100 m de la plage des Catalans (7e arrondissement) et à 5 m de profondeur, formant un espace sous-marin dédié à l’art, à la biologie marine et à la protection de l’environnement.
https://www.musee-subaquatique.com/fr/

Daniel Zanca, L’Oursin, ciment, 2020
© Wallis / Musée subaquatique de Marseille

Parmi les sculpteurs sollicités, plusieurs ont puisé leur inspiration dans le monde aquatique. Ainsi Daniel Zanca (né en 1957 en Tunisie) a-t-il conçu un oursin. D’ailleurs, l’ensemble de son œuvre peinte et sculptée tourne autour des grands mythes marins où la nature a le dernier mot. 

Mathias Souverbie, Fish of Marseille, dessin

Mathias Souverbie, Fish of Marseille, ciment, 2020
© Wallis / Musée subaquatique de Marseille

Pour sa part, Mathias Souverbie (né en 1982 en région Parisienne) a imaginé un poisson intitulé Fish of Marseille.

Christophe Charbonnel, Poséidon, ciment, 2020
© Wallis / Musée subaquatique de Marseille

 Christophe Charbonnel (né à Nantes en 1967) dont l’œuvre sculptée plonge dans une mythologie d’un  néoclassicisme puissant et réinventé a choisi pour la cité phocéenne le dieu grec de la mer, Poséidon.

Évelyne Galinski, Les Néréides, ciment, 2020
© Wallis / Musée subaquatique de Marseille

Quant à Évelyne Galinski (née en 1950 à Marseille), elle revisite le thème des Néréides, nymphes marines de la mythologie grecque. Ses cinq fillettes, vêtues d’algues et de coquillages, semblent flotter dans quelques rêveries aquatiques.

mardi 15 décembre 2020

Étude pour le monument à l’abbé Dassy (Alexandre Falguière sculpteur)

Depuis plusieurs années, on trouve sur Ebay une étude du sculpteur toulousain Alexandre Falguière (1831-1900) pour le Monument à l’abbé Louis Dassy. Il s’agit d’un grand dessin (90 x 65 cm) à l’encre, au crayon et à la craie sur papier dans un cadre de bois doré. Il est signé en bas à droite A. Falguière. Le vendeur en demande un prix déraisonnable (10 000 €) : en dépit de son format, le sujet est peu vendeur et surtout le papier couvert de taches d’humidité. Il reste néanmoins un intéressant témoignage de la genèse de ce monument.

Alexandre Falguière,
Monument à l’abbé Dassy, dessin, vers 1890-1891
Ensemble et détails

Finalement, le groupe sculpté diffère du dessin. Les deux enfants aveugles sont regroupés à la droite du religieux qui désormais est debout. Quant à la fillette lisant en braille, elle apparaît maintenant de face au lieu de profil. Il est inauguré le 12 juin 1892 dans le jardin de la colline Puget, devant l’Institut des Jeunes Aveugles et des Sourds-Muets.

Alexandre Falguière,
Monument à l’abbé Dassy, 1892, carte postale
Colline Puget, 6e arrondissement

mardi 8 décembre 2020

La Danse (Henri Varenne sculpteur)

Au printemps 1925, le sculpteur Henri Varenne (Chantilly, Oise, 1860 – Paris, 1933) expose dans la capitale, au Salon de la Société des artistes français, un bas-relief figurant La Danse destiné à l’opéra municipal de Marseille (n°1910).

Henri Varenne, La Danse, Salon de 1925
Carte postale

Formé à l’école supérieure des beaux-arts de Paris, Varenne mène une carrière de sculpteur académique sur de nombreux chantiers à Tours (basilique Saint-Martin, hôtel de ville, gare), à Paris (gare d’Orsay), à Aix-les-Bains (thermes)… Son talent lui obtient en 1900 la rosette de chevalier de la Légion d'honneur.
C’est donc un artiste bien installé lorsque l’architecte Gaston Castel (Pertuis, Vaucluse, 1886 – Marseille, 1971) l’appelle pour décorer l’opéra de Marseille qu’il reconstruit entre 1920 et 1924[1] : Varenne est alors le seul sculpteur non provençal sollicité avec Antoine Bourdelle (Montauban, Tarn-et-Garonne, 1861 – Le Vésinet, Yvelines, 1929). Malgré son âge, il fait totalement évoluer son style pour se fondre dans l’art déco triomphant du nouvel opéra : son bas-relief, destiné au décor de l’escalier droit, propose une procession de cinq corps féminins longilignes et stylisés ; l’énergie de la frise tient à la répétition rythmique des figures (la danseuse au tambourin, par exemple) avec de faibles variations dans la gestuelle et dans la coiffe.
Lors de la soirée inaugurale, le 3 décembre 1924, la presse vante dans la décoration la grande complémentarité des œuvres (architecture, peinture et sculpture). Puis, dans la foulée de l’inauguration, Varenne expose le modèle de La Danse au Salon (Grand Palais) alors que, dans le même temps, l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes (esplanade des Invalides) consacre le style art déco.


[1] Un incendie accidentel avait ravagé l’opéra – ou grand théâtre – de Marseille, le 13 novembre 1919, à l’issue d’une répétition de L’Africaine de Giacomo Meyerbeer.