lundi 28 juin 2021

Antoine Bontoux

Pour compléter mon précédent article, voici la notice biographique d’Antoine Bontoux issue du Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Bontoux Antoine (Marseille, 17 janvier 1805 – Marseille, 8 juillet 1892), sculpteur

Élève de Louis-Mathurin Clérian (1763-1851) – son futur beau-père – à l’école  de dessin d’Aix-en-Provence, c’est en autodidacte qu’il s’oriente vers la sculpture. Il enseigne le dessin en lycée lorsqu’Émile Loubon (1809-1863) lui propose de créer une classe de sculpture à l’école des beaux-arts de Marseille en 1846. De 1846 à 1881, date à laquelle il fait valoir ses droit à la retraite, il forme un grand nombre d’ornemanistes ainsi que de lauréats du prix de Rome comme André Allar (1845-1926), Jean Turcan (1846-1895), Jean Hugues (1849-1930) et Henri Lombard (1855-1929).
Il n’expose qu’à deux reprises au Salon parisien, en 1867 et 1878, mais fréquente plus assidûment les expositions marseillaises de 1852 à 1891 : Innocence (plâtre, 1852), Enfant à la toupie (plâtre, 1854 ; marbre, 1861 et 1862 – acquis 2 000 francs en 1865 pour le musée des beaux-arts de Marseille), La Vierge aux fleurs (modèle plâtre pour la façade du 13 rue du Marché des Capucins, 1855), La Fidélité et La Force (modèle en terre cuite des lions marquant l’entrée du château Falguière, 1859)… Il produit en outre une multitude de portraits : M. G. (buste terre cuite, 1861), Sa Majesté la reine d’Espagne (buste plâtre d’après photo pour la Compagnie des forges et chantiers de la Méditerranée, 1864), Mme F. et sa fille (médaillon plâtre, 1865), Le Général G. de P. (buste bronze, 1866), M. L. Rabattu (buste marbre, 1866).

Antoine Bontoux, La Vierge aux fleurs, pierre, 1855
13 rue du Marché des Capucins, 1er arrondissement


Antoine Bontoux, La Fidélité et La Force, pierre, 1859
Entrée du château Falguière (aujourd’hui résidence La Roseraie)
53 boulevard de Hambourg, 9e arrondissement

Antoine Bontoux et son gendre Jean-Baptiste Mouren (1833-1900) 
Atlantes africains, pierre, vers 1864
14 rue de Rome, 1er arrondissement

Antoine Bontoux, Vierge à l’Enfant, pierre
6 rue Rouvière, 1er arrondissement

S’il séduit la bourgeoisie et la noblesse, il n’a pas la confiance de l’État ou de la Ville malgré son statut de professeur. Il ne participe guère qu’au décor de l’école des beaux-arts – bibliothèque avec deux bustes en marbre pour la façade (Saint Louis et Louis XIV) et deux médaillons en plâtre pour l’escalier d’honneur (1867-1870) moyennant 4 000 francs.

Antoine Bontoux, Saint Louis et Louis XIV, marbre, 1870
Palais des Arts, place Carli, 1er arrondissement

jeudi 24 juin 2021

La République (Antoine Bontoux sculpteur)

Mercredi 30 juin, l’antenne lyonnaise de la maison De Baeque vend aux enchères (lot 65) une terre cuite d’un sculpteur marseillais rare en vente publique : Antoine Bontoux (1805-1892).

Antoine Bontoux, La République, buste en terre cuite, 1891

L’œuvre est un buste monumental (H. 85,5 cm - L. 67 cm - P. 34 cm) une République de type Cérès, la déesse latine de l’agriculture… d’où la couronne d’épis de blé. L’allégorie arbore également la cuirasse et des feuilles de chêne : la République est forte ! Ce type de représentation est recommandé par Adolphe Thiers (1797-1877) et les conservateurs en opposition aux Mariannes révolutionnaires à bonnet phrygien qui rappelaient trop la Terreur et, plus récemment, la Commune.

Antoine Bontoux, La République et sa console d’applique, terre cuite, 1891

Le buste s’accompagne d’une console d’applique (H. 56 cm - L. 34 cm - P. 34 cm). Elle est décorée d’une guirlande végétale ainsi que d’un médaillon représentant le profil de la République dans une couronne de laurier. Elle porte par ailleurs la marque du fabricant : Arnaud Étienne et Cie, Société des tuileries de Marseille.

Marques du fabricant

Signature et date

Le catalogue de la salle des ventes date l’œuvre de 1871. Il est vrai que le buste est signé et daté sur un pli du drapé. Toutefois, il s’agit d’une erreur de lecture ; il s’agit plus vraisemblablement de 1891. En effet, jusqu’en 1881-1882, la tuilerie porte simplement le nom d’Arnaud Étienne, son fondateur. Pour la décennie suivante, l’entreprise devient une société anonyme qui abandonne progressivement le nom d’Arnaud Étienne.

Tuileries Arnaud Étienne, Indicateur marseillais, 1882

Société des tuileries et briqueteries de Marseille, Indicateur marseillais, 1885

Société anonyme des tuileries et briqueteries de Marseille, Indicateur marseillais, 1890

Société anonyme des tuileries et briqueteries de Marseille, Indicateur marseillais, 1891

Le buste et sa console sont estimés à 1 000/1 500 €.

Addendum du 2 juillet 2021 : ils ont été vendus 1 250 €.

Addendum du 29 août 2021 : l’œuvre a été acquise par un marchand du Marché Dauphine, aux Puces de Saint-Ouen. Il en demande 4 500 €.

mercredi 16 juin 2021

Minerve (sculpteur inconnu)

Dans une cité marchande comme Marseille, la divinité la plus présente sur les façades privées est sans conteste Mercure, dieu du commerce, des voyageurs et… des voleurs ! Les autres déités n’y apparaissent qu’à de très rares occasions. C’est le cas d’une belle Minerve présente sur le dessus-de-porte du 42 rue Saint-Bazile.

Sculpteur inconnu,
Minerve, pierre, 1890
42 rue Sint-Bazile, 1er arrondissement

L’immeuble, sis à l’angle des rues Saint-Bazile et Lafayette, propose six fenêtres sur sa façade principale et quatre sur la façade latérale. Il date de 1890, comme tout l’îlot auquel il appartient. En 1891, il est mentionné pour la première fois dans l’Indicateur marseillais. Une seule personne l’habite alors : l’architecte Louis Peyron. Cette information laisse supposer que celui-ci en est le propriétaire et le bâtisseur, d’autant plus qu’il y demeure au minimum jusqu’en 1914.
Le sculpteur du bas-relief est, à ce jour, anonyme. Louis Peyron avait fait appel à Ingénu Frétigny (1831-1891) pour la façade de l’usine Picon en 1886 ; matériellement, ce dernier pourrait être l’auteur du présent bas-relief. Cependant, sa santé déclinante le lui aurait-elle permis ? Par ailleurs, si les guirlandes de feuilles de vigne (ou de lierre ?) et les épis de blés sont des motifs classiques, le dessin de la sculpture annonce déjà l’art nouveau avec cette tête casquée émergeant de feuilles d’acanthe ; du coup, peut-être a-t-on affaire à un artiste plus jeune et plus sensible à l’air du temps.
Reste un beau relief figurant la déesse de la sagesse, de l’industrie et des arts (entre autres), idéal pour marquer le pas de porte d’un architecte !

jeudi 3 juin 2021

Bruno Catalano

Bruno Catalano figurera prochainement dans deux ventes aux enchères : à Ollioules (Var) le samedi 5 juin et à Melun (Seine-et-Marne) le samedi 12 juin. C’est l’occasion de revenir sur la carrière du sculpteur « marseillais » contemporain le plus intéressant et le mieux coté de sa génération.

Né à Khouribga (Maroc) en 1960, Bruno Catalano est le benjamin d’une famille d’origine sicilienne qui déménage en France en 1970. Jeune adulte, il entame à Marseille une carrière d’électricien dans la compagnie maritime Paquet (1980-1982), puis à la Société nationale maritime Corse-Méditerranée (SNCM, 1982-1986). Parallèlement, à partir de 1981, il se forme au modelage et au dessin dans l’atelier de Françoyse Hamel, au 12 impasse Montevideo dans le 6e arrondissement. Dès 1985, il ouvre son propre atelier dans lequel il réalise ses premières terres cuites. À la fin du XXe siècle, il se tourne vers un nouveau matériau : le bronze.

Bruno Catalano devant le buste d’Yves Montand, décembre 2003 

Bruno Catalano, Yves Montand, buste bronze, 2003
Square Yves Montand, place Jean Jaurès, 5e arrondissement
(désormais entreposé dans un local de la ville... ad vitam aeternam ?)

En 2001, Bruno Catalano initie sa première commande publique : il sollicite la mairie du 5e arrondissement la réalisation d’un buste en bronze du comédien-chanteur Yves Montand (1921-1991) pour orner le square aménagé sur la place Jean Jaurès. L’œuvre est inaugurée le 7 décembre 2003… Il semble néanmoins que le remaniement de ladite place – dont la livraison devrait se faire incessamment sous peu – ait eu raison de l’édicule : il a disparu dans le réaménagement, en espérant que cela ne soit que provisoire. Hélas, le provisoire a tendance à s’éterniser !
En 2004, la détérioration d’une figure de Cyrano de Bergerac le pousse à évider son torse. Cette mésaventure lui ouvre un nouveau champ de travail et donne naissance au cycle des Voyageurs, des personnages fragmentaires en bronze polychrome. Le succès est au rendez-vous et la notoriété de Catalano devient internationale.

Bruno Catalano, Voyageurs, bronze
Marseille capitale européenne de la culture

En septembre 2013, dans le cadre de Marseille Capitale européenne de la culture, il expose dix de ses Voyageurs, grandeur nature, aux abords du Vieux-Port. De nombreuses statuettes en bronze, dans le même esprit, ont été éditées et cinq d’entre elles seront bientôt vendues aux enchères :

Bruno Catalano, Y, bronze, 52 x 24 x 20 cm, 2011
Vente du 5 juin 2021 à Ollioules (n°100) – estimé 8 000/10 000 €

Bruno Catalano, Homme à la valise, bronze, 53,5 x 24 x 20 cm, 2008
Vente du 5 juin 2021 à Ollioules (n°101) – estimé 8 000/10 000 €

Bruno Catalano, Rodrigue, bronze, 146 x 75 x 47 cm, 2015
Vente du 12 juin 2021 à Melun (n°185) – estimé 8 000/10 000 €

Bruno Catalano, Olivio, bronze, 59,5 x 20 x 21,5 cm, 2014
Vente du 12 juin 2021 à Melun (n°186) – estimé 4 000/5 000 €

Bruno Catalano, Nicko, bronze, 60 x 18,5 x 20 cm, 2015
Vente du 12 juin 2021 à Melun (n°187) – estimé 4 000/5 000 €