Pierre Jean, Le
maître-orfèvre, huile sur panneau, 37 x 46 cm
Œuvre vendue à Marseille pour 620 € le 15 mars 2020
Avant-hier,
le commissaire-priseur François Fleck a vendu aux enchères – via Internet et
téléphone pour cause de coronavirus – une huile sur panneau représentant un
maître-orfèvre dans son atelier par le peintre Pierre Jean (Noé, Haute-Garonne,
1857 - ?, après 1925), professeur de peinture à l’école des beaux-arts de Marseille. Je pense que le modèle est l’orfèvre, ciseleur et
médailleur Jean-Baptiste Guérin (Marseille, 3 juin 1865 - ?, vers 1930).
En
effet, il ressemble à un autre portrait du Ciseleur
Guérin par Pierre Jean que j’ai eu l’occasion d’acheter il y a quelque temps. Ce second tableau
a été exposé à deux reprises au Salon de l’Association des artistes
marseillais, en 1908 (n°82 : Le ciseleur
Guérin) et en 1913 pour une rétrospective du peintre (n°122 : Portrait de Guérin, ciseleur). C’est
l’occasion de parler aujourd’hui de l’œuvre de Jean-Baptiste Guérin
Pierre Jean, Le
ciseleur Guérin, huile/toile, 1908
Collection personnelle
Jean-Baptiste
Guérin – qui signe ses œuvres J. Guerin – débute sa carrière comme graveur vers
1894. Il produit alors des insignes et des médailles, qu’il frappe et cisèle
dans son atelier. Ce sont de petits objets n’excédant pas 5 cm de diamètre. Les
particuliers, les clubs divers et variés, la municipalité recourent à son
talent pour une commémoration ou un prix à décerner.
Jean-Baptiste Guérin, 25e anniversaire de La Phocéenne
– Société de
gymnastique et de tir – 1879-1904, bronze
Jean-Baptiste Guérin, Pierre Puget – École des
beaux-arts – Marseille, argent
Jean-Baptiste Guérin, Ernest Reyer – Conservatoire
de musique et de
déclamation – Marseille, argent
Peu
à peu, son travail de ciselure le conduit à la joaillerie. Il expose alors ses
créations dans différentes manifestations artistiques phocéennes du début du
XXe siècle : Le Char d’Amphitrite,
collier ciselé or, brillants et émaux translucides (Exposition coloniale, 1906,
n°1224) ; Collection de bijoux d’art originaux (Salon de l’Association des
artistes marseillais, 1908, n°365). Son talent d’orfèvre est très largement
salué : « Les bijoux de Guérin, d’une
ciselure si fine et d’un cachet d’art si personnel, sont un des grands attraits
de la section des arts décoratifs. » (Louis Sabarin, La Vedette, 27 février 1908, p.103) ; « La collection de bijoux d’art ciselés par J. Guérin, passé maître en
la délicatissime matière, s’épanouit entre les attractions les meilleures du
Salon. » (Elzéard Rougier, Le Petit
Marseillais, 27 février 1908). Sa réputation lui acquiert rapidement les
honneurs : il est fait officier d’Académie en 1903 puis officier de
l’Instruction publique en 1907.
Il
n’abandonne pas la frappe de médailles pour autant. Outre sa propre production,
il frappe les œuvres de quelques confrères, comme la médaille du Professeur Louis Villeneuve de Charles
Delanglade (1870-1952) en 1909. Par ailleurs, durant la Première Guerre
mondiale, il émet des monnaies de nécessité pour le compte de la Chambre de
Commerce de Marseille ; ces petits jetons, tolérés par le ministère des
Finances à l’échelle nationale dès le 16 août 1914, ont pour but de pallier le
manque de numéraire pendant le conflit.
Jean-Baptiste Guérin, 5 et 10 centimes,
cupro-nickel, 1916
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