Si le Premier Empire aménage la colline Bonaparte en parc paysager, le site fait l’objet de remaniements et d’embellissements conséquents sous le Second Empire. À ce propos, le creusement d’une citerne au sommet de la colline en 1851-1852, à l’instar de celle creusée sous l’actuelle place des Moulins, permet d’envisager la création de jeux d’eau, notamment une spectaculaire cascade, dans l’axe du cours Bonaparte (auj. Puget). Les premiers projets surgissent dès 1855 mais le Conseil municipal se penche plus sérieusement, le 15 juin 1857, sur les plans d’Étienne Delestrac (1817- ?) prévoyant une cascade de rocaille, un bassin de réception ainsi qu’un bassin inférieur, au niveau de la rue, orné de sculptures.
Delestrac s’associe à Auguste Ottin (1811-1890) pour la partie sculptée. Fin 1858, l’artiste propose une allégorie un peu trop sensuelle pour être de bon goût aux abords de Notre-Dame de la Garde : la déesse de la Fraîcheur sortant des eaux, portée par des génies. Le 2 août 1859, il soumet une nouvelle iconographie plus passe-partout : un groupe de trois enfants chevauchant des dauphins dans une vasque soutenue par trois tritons. Afin d’en favoriser la réalisation, Ottin soumet deux tarifs, l’un à 12 000 francs pour une exécution en pierre tendre et l’autre à 23 000 francs pour une œuvre alliant le marbre et le bronze galvanique. Toutefois, après bien des tergiversations, les élus renoncent à ce décor somptuaire et offrent au statuaire une indemnité de 5 000 francs, le 11 septembre 1862, pour enterrer le projet.
Seuls la cascade et ses deux bassins sont construits. La chute d’eau, saisissant aboutissement d’une scénographie naturaliste qui débute avec le jaillissement d’une source rocailleuse et qui se poursuit avec l’écoulement d’un ru le long des allées pentues, est finalement mise en valeur par l’érection de grilles monumentales, dues à Auguste Gassend (1814-1889) d’après les études de Delestrac. Néanmoins, cela laisse un goût d’inachevé que le sculpteur Jean-Barnabé Amy (1839-1907) souhaite estomper en septembre 1881 : il imagine une fontaine célébrant Pierre Puget, flanqué de la Renommée et de l’Histoire. En vain !
Cours Puget, 7e arrondissement
Le bassin inférieur disparaît à une date incertaine, au XXe siècle, vraisemblablement victime de l’augmentation de la circulation automobile. Quant à l’eau de la cascade, elle chute aujourd’hui avec moins de fracas sur les rochers artificiels.
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