Le
mois dernier, je suis allé manger à L’Épuisette,
l’excellent restaurant étoilé du Vallon des Auffes. Cette excursion gourmande
m’a remis en mémoire une délibération du conseil municipal de 1863 au sujet du
modeste décor du pont qui enjambe la calanque.
Entre
1848 et 1863, la ville de Marseille entreprend la viabilisation de la corniche
afin de développer l’urbanisme marseillais en front de mer et, accessoirement,
donner du travail à une main d’œuvre désœuvrée sous la Deuxième République. Plusieurs
ouvrages d’art sont alors conçus pour permettre à la route de franchir les
criques qui déchiquètent le littoral, dont le pont du Vallon des Auffes. Ce
viaduc en béton armé et en pierre de Cassis maçonnée mesure 60 mètres de
long ; il traverse l’anse par trois arches en plein cintre de 17 mètres de
haut et 100 grades de biais.
Le
22 septembre 1863, le statuaire Lucien Chauvet (1833-1902) propose de sculpter
deux écussons aux armes de la ville de Marseille pour l’ornementation des clés
centrales du viaduc. Malgré le caractère sommaire de ce décor, l’artiste
réclame une somme de 2 000 francs ; il justifie ce tarif par la
taille de la pierre froide de Cassis, plus difficile à tailler que le marbre à
cause de sa nature cassante, et par les précautions à prendre pour conserver
les arêtes et les parties refouillées. Le 25 septembre suivant, le conseil
municipal délibère qu’il y a lieu de compléter la décoration d’un ouvrage
monumental proche du centre-ville grâce à la nouvelle artère et accède à la
requête du sculpteur.
Chauvet
sculpte la croix bleue de Marseille, flanquée de volutes et coiffée de sa
couronne crénelée. À l’origine, les clés de l’arche centrale sont identiques,
côté mer comme côté port. Toutefois ce n’est plus le cas : la vue depuis
le vallon propose aujourd’hui un écusson moderne et plus petit datant très
probablement de l’immédiat après-guerre. On peut en effet penser que le pont a
été endommagé lors des bombardements alliés de 1944 et réparé dans la foulée.
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