L’apparition
sur le marché de l’art de deux œuvres de François Roume m’a poussé à
approfondir la notice très incomplète, voire erronée (je l’avais baptisé de son
second prénom, Antoine), du Dictionnaire des peintres et sculpteurs de
Provence Alpes Côte-d’Azur.
Roume Antoine François
(Marseille, 18 mars 1873 – Buenos Aires, Argentine, 1er mars 1960), sculpteur
Fils
d’un tapissier d’ameublement et d’une sage-femme, François Roume se marie le 18
juin 1892 avec Estelle Arnaud (1875-1930). Le mariage des deux époux mineurs a
pour but d’éviter le déshonneur à une jeune fille enceinte : le 9 janvier
suivant naît un fils prénommé Henri (1893-1970). François Roume est alors
l’élève d’Émile Aldebert (1828-1924) à l’école des beaux-arts de Marseille.
Ainsi, en 1891, remporte-t-il un 1er prix pour une académie d’après l’antique
et le prix Cantini du buste d’après nature d’une valeur de 100 francs[1].
Parallèlement, il expose aux expositions de l’Association des artistes
marseillais : un Buste, plâtre, en 1891 (sans doute son prix
Cantini) et une Tête d’étude, plâtre, en 1893.
Après
ses études artistiques, il entame une carrière de sculpteur ornemaniste. Un
exemple de son travail est encore visible sur un immeuble double, aux 253 et
255 rue Paradis, construit par l’architecte Jean Rasonglès (1870-1934).
François Roume signe les deux paires de masques mythologiques qui ornent les
pilastres sous les bow-windows. Ses interprétations d’Héraclès coiffé de
la léonté et d’Hermès coiffé du pétase ailé s’éloignent de la tradition
classique.
En
1904, il s’associe à Jules Ollive pour fonder la galerie Roume-Ollive, au 7
boulevard Longchamp. Celle-ci propose des tableaux de maîtres anciens et
modernes (expertise, vente et restauration), des bronzes d’art inédits, des cadeaux
artistiques en marbre, des bustes, médailles et médaillons sur commande. Sans
doute pour promouvoir cette activité, François Roume expose un cadre contenant
trois médaillons en bronze, à Paris, au Salon des artistes français de 1905 :
Portrait de M. Jules Ollive, son associé ; Portrait de M.
Baudouin ; Portrait de M. Roume,
un autoportrait. Ces médailles, exposées au Salon toulonnais cette même année, remportent une 1ère médaille et sont commentées dans Art et Soleil
(n°15, 1905, p.45) : « Voici, de M. Roume, une série de bronzes
hautement expressifs. Le Portrait de l’auteur et M. Baudoin [sic], médailles
de bronze brut, sont deux profils énergiquement indiqués et se détachent avec
vigueur. Nous pourrions encore citer d’autres envois intéressants du même
artiste, si nous n’étions obligés, dans notre compte rendu, d’être aussi bref
que possible. » L’association
ne tient pas. Dès 1906, la galerie ne porte plus que le nom de Jules Ollive
dans l’Indicateur marseillais. En 1907, il expose deux œuvres au Salon de Provence : une statuette en plâtre (n°33) et un buste d'enfant (n°34).
Au demeurant, François Roume divorce de
son épouse en 1908. Enfin, à partir de 1911, il n’apparaît plus dans le même Indicateur
marseillais. Il est possible qu’il émigre en Argentine à cette époque même
s’il se remarie à Marseille le 15 décembre 1913 avec Éléonore Pellenc ou
Pellene. Il pourrait ainsi être le sculpteur Francisco Roume qui déclare, à
Buenos Aires, la naissance de son fils Carlos Roume (1923-2009), futur
illustrateur, peintre et sculpteur argentin.
François
Roume revient périodiquement en France. Dans les années 1930, il loge au moins
à deux reprises dans une propriété familiale à Allauch, la Campagne Roume. Il
en profite pour exposer au Salon de l’Union des artistes de Provence : trois
médaillons (sculpture), un portrait (peinture) et L’Escaillon (étude) en
1933 ; trois médaillons en 1935.
C’est
sans doute de cette époque, voire des années 1940-1950, que date les deux
sculptures proposées à la vente par le marchand d’art Jamie Mulherron. La première
représente un Homme nu chevauchant un cheval de labour. Elle est signée
sur la terrasse FA Roume.
La seconde n’est pas signée mais est plus intéressante par son sujet : Gyptis et Protis. L’iconographie évoque la fondation de Marseille lorsque Gyptis, princesse des Ségobriges, offre la coupe nuptiale au Phocéen Protis. La dot de ce mariage est la terre où sera fondée la cité des colons grecs. Par sa mise en page, l’œuvre doit être rapprochée des projets de monuments réalisés dans les années 1950 par Raymond Servian (1903-1953) ou Louis Botinelly (1883-1962). Peut-être ce sujet-là s’inscrit-il dans une sorte de concours informel pour doter Marseille d’un tel monument.
[1]
« La
distribution des prix à l’école des beaux-arts », Le Sémaphore de
Marseille, 19 juillet 1891.
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