mercredi 24 avril 2024

La Navigation et le Commerce (Raymond Sudre sculpteur)

La construction d’une caserne des douanes, à Marseille, est envisagée sous le Second Empire. L’Administration des Douanes acquiert, à cette fin, un terrain d’environ 40 000 m2 entre la Joliette et la Belle de Mai ; la transaction, moyennant 672 000 francs, s’effectue le 18 février 1862. Néanmoins, des difficultés avec la Ville et les riverains ajournent le projet.
L’érection de la caserne des douanes ne revient sur le tapis qu’en 1899. Les travaux sont confiés à Éric Buyron (1837-1920), l’architecte en chef du département, secondé par Chauvet, l’inspecteur des Bâtiments civils des Bouches-du-Rhône. Autour de cours spacieuses s’agencent 17 bâtiments, hauts de cinq étages sur cave, qui accueillent les différents services ainsi que 555 logements pour les agents et leur famille. Le chantier ne débute à la fin de l’année 1901 et s’achève en 1903 pour un coût définitif de 3 813 780,16 francs.
La façade principale, longue de 170 mètres, ouvre sur le boulevard de Strasbourg. Sur la porte d’entrée se concentre le seul décor artistique, payé 4 000 francs : un tympan sculpté, illustrant La Navigation et le Commerce.

Entrée principale de la Caserne des Douanes de Marseille
Cartes postales

Pour ce décor, Buyron ne s’attache pas les services d’un Marseillais comme il l’avait fait à la préfecture (cf. notice du 7 septembre 2021). Il fait appel à un jeune sculpteur originaire de Perpignan, Raymond Sudre (1870-1962), auréolé de ses premiers succès. En effet, lauréat du 2e 2nd grand prix de Rome en 1900 avec David se préparant à lancer sa fronde, il triomphe au Salon des artistes français de 1902 avec une statue en plâtre Héléna, cité roussillonnaise, rêve à son antique splendeur (n°2869) – qui reçoit une médaille de 2e classe et est acquise par l’État (dépôt au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan en 1910).

Raymond Sudre, 1906, gravure

Raymond Sudre, Héléna, Salon de 1902, carte postale

Sudre réalise le tympan de la caserne des douanes de Marseille en 1903. De part et d’autre d’un oculus, les allégories sont figurées par deux divinités gréco-latines : Neptune pour la Navigation et Mercure pour le Commerce. Sous l’œil-de-bœuf, un phylactère unissant le trident et caducée reprend la bénédiction papale Urbi et Orbi, à la Ville [Marseille plutôt que Rome, dans le cas présent] et au monde. Dans les écoinçons, des mâts et des navires évoquent le dynamisme international du port phocéen.

Raymond Sudre, La Navigation et le Commerce, tympan en pierre, 1903

56 boulevard de Strasbourg, 3e arrondissement

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