lundi 16 septembre 2024

Le Grand Cours avant les fontaines dites « Coste »

Le plan Maretz, gravé entre 1631 et 1644 montre un embryon d’urbanisation au-delà de l’enceinte est. Les abords du glacis sont alors un lieu de promenade planté d’arbres et agrémenté de deux fontaines circulaires. L’agrandissement de Marseille, décidé par lettre patente de Louis XIV du 16 juin 1666, semble avoir condamné ces infrastructures : le Grand Cours est créé en 1670 sur le rempart démoli.

Marseille, plan Maretz, vers 1631-1644 (cl. Internet)

Au XVIIIe siècle, le sculpteur André Marchetti – ou Marquetti – (XVIIe-XVIIIe siècles) réalise deux bornes-fontaines à têtes de Méduse dans le style grotesque ; l’eau se déverse dans deux abreuvoirs rectangulaires en marbre blanc installés en 1726 dans l’alignement des rangées d’arbres. Ces fontaines sont retirées en 1840 lors du réaménagement du cours ; il s’agit de les remplacer par des monuments sculptés de plus grande ampleur – malgré le risque d’empiètement sur la voierie – et d’un débit d’eau accru.

André Marchetti, Fontaines à têtes de Méduse, marbre, 1726
Parc Borély, cour du Café Borély, 8e arrondissement
© Xavier de Jauréguiberry

Alors qu’il a déjà rejeté plusieurs projets, le conseil municipal, dans sa séance du 23 septembre 1841, délibère de demander à Paris le dessin du modèle adopté pour les Champs-Élysées ou de confectionner à Marseille de nouveaux modèles de fontaines pour l’ornementation du Cours. Le 5 août 1842, le conseiller Dumas déclare que l’on pourrait dans un premier temps établir les bassins en vis-à-vis, sur la largeur de l’artère, puis, dans un second temps, choisir les modèles. De fait, le 16 août suivant, sur l’ordre du maire, l’architecte de la ville Rivaud (XIXe siècle) établit un devis très précis des travaux préliminaires. D’abord, il exige que tous les matériaux employés soient de premier choix. Ensuite, il prévoit de préparer une aire solide sur laquelle sera aménagé les bassins elliptiques des futures fontaines avec un bain de mortier à la pouzzolane ; la maçonnerie sera en pierre de la Couronne et en pierre de Cassis. L’entrepreneur choisi aura six mois pour effectuer les travaux chiffrés à 18 535, 29 francs.  

Rivaud, Projet de fontaine pour le Grand Cours, dessin, 16 août 1842
Archives municipales de Marseille 2D204

Rivaud propose son propre projet de fontaines. Il imagine pour chacune un piédestal en pierre de Cassis orné de bas-reliefs orné d’attributs et surmonté d’une statue en pierre de Saint-Rémi figurant d’une part La Navigation et d’autre part Le Commerce. Pour ce faire, il s’associe au statuaire Stanislas Cailhol (XIXe siècle)… surtout spécialiste en ornementation artistique en ciment. La dépense consacrée à la partie décorative s’élève à 20 800 francs. Au total, le devis se monte à 39 335,29 francs. Le 17 octobre 1842, le Conseil municipal adopte le projet de l’architecte de la ville.
Cependant, soumis à l’approbation du Conseil général des Bâtiments civils le 23 janvier 1843, le projet de Rivaud est retoqué. L’inspecteur Augustin Caristie (1783-1862) lui reproche son bassin elliptique alors que le monument est de plan carré, son empiétement sur la promenade, la hauteur de son piédestal qui égale celle de la sculpture sans la valoriser ; il reproche aussi la disparition des fontaines dites des Méduses !

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