En février 1943, le gouvernement de Vichy entreprend le dynamitage des
quartiers de la rive nord du Vieux-Port à la demande expresse des Allemands. De
1947 à 1955, la ville se reconstruit et prend un nouveau départ. Pour le
signifier, plusieurs sculptures décoratives évoquent le voyage des Phocéens
partis fonder une colonie sur les rivages de la Gaule.
haut-relief, pierre, vers 1955
bas-relief, pierre, vers 1955
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les noces de Gyptis et
Protis, mythe fondateur de l’antique Massalia soit convoqué : la
Reconstruction apparaît comme la refondation de Marseille après la Seconde
Guerre mondiale. Un comité pour l’érection d’un Monument à Gyptis et Protis
se forme en 1949. Très vite, le projet est confié au sculpteur Raymond Servian
et à Jean Crozet (1909-1981), l’un des architectes marseillais participant aux
chantiers la Reconstruction. Ensemble, ils conçoivent un imposant relief en
marbre, haut de 4 mètres, posé sur un socle en pierre de la Couronne et
implanté dans l’escalier reliant le Vieux-Port à la place de Lenche, entre la
rue de la Loge et l’avenue Saint-Jean (ex-montée de la rue Caisserie).
L’architecte chiffre sa réalisation à 14 000 000 d’anciens francs,
réunis par souscription et par subvention ; quant au marbre pentélique de
la sculpture, il s’agira d’un don du gouvernement grec. Un avis favorable est
émis par l’inspecteur départemental de l’Urbanisme et de l’Habitation le 24
juin 1950. Néanmoins, le monument se situant dans un espace non encore reconstruit,
le ministère de l’Éducation national dont dépend alors la Direction de
l’Architecture, sursoit à l’érection pendant plusieurs années et encore en
avril 1953.
Au demeurant, les autorités souhaitent ardemment une maquette pour se faire
une meilleure idée du projet. Raymond Servian s’exécute : « Devant
une sorte de paroi, Gyptis, la fille du roi des Ségobriges, se profilant debout
dans la jeunesse de sa nudité ferme et svelte, présente, en le choisissant pour
époux, la coupe nuptiale à Protis, le Phocéen également nu, la chevelure ceinte
d’une bandelette et tenant son manteau sur l’épaule, de même d’un pécheur son
filet. »[1]
La nudité des personnages contraste avec les esquisses habillées de Crozet dans
ses plans.
[1] Paul
Sentenac, Raymond Servian, Marseille, 1954, p.75.
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