mardi 28 octobre 2025

Mémorial des rapatriés d’Algérie (César sculpteur)

La signature des Accords d’Évian (18 mars 1962), suivie d’un cessez-le-feu (19 mars), conclut la Guerre d’Algérie et ouvre la voie à l’indépendance de ce département français (référendum sur l’indépendance de l’Algérie, 1er juillet). Les Pieds-Noirs, lâchés par le gouvernement du général de Gaulle, choisissent massivement l’exode : de mars à juin, près de 600 000 d’entre eux ont déjà gagné la Métropole et le massacre d’Oran, perpétré le jour de la proclamation de l’indépendance (5 juillet), accentue l’émigration.
Déracinés, les rapatriés arrivent par bateaux dans les ports du Midi, principalement à Marseille. Moins d’une décennie plus tard, la cité phocéenne lance un appel d’offre pour commémorer le rapatriement des Français d’Algérie. Le projet est confié à César Baldiccini dit César (Marseille, 1921 – Paris, 1998) qui imagine - à titre gracieux en hommage à sa ville natale - une imposante pale d’hélice sur un piédestal, symbole de la douloureuse traversée de la Méditerranée.

César, Mémorial des rapatriés d’Algérie, esquisses et études, 1970
Archives municipales de Marseille, 1416W34

César, Mémorial des rapatriés d’Algérie, maquette, 1970
Archives municipales de Marseille, 1416W34

André Hardy,
Mémorial des rapatriés d’Algérie, plan et élévation, 1970
Archives municipales de Marseille, 1128W124

Le sculpteur, associé à l’architecte et urbaniste André Hardy (1909-2005), implante son monument sur un promontoire de la corniche Président John Fitzgerald Kennedy. Pour limiter les effets de la prise au vent, les deux artistes affinent le profilage et l’aérodynamisme de la pale haute de 8 m pour 3 m de largeur avec les Fonderies Phocéennes. Composée de deux éléments en bronze d’aluminium soudés, elle pèse plus de 20 tonnes. Le socle, à l’origine circulaire, est finalement un parallélépipède de 3,6 m de coté pour 1,8 m de hauteur ; il accueille deux plaques commémoratives, l’une aux rapatriés et l’autre à l’armée coloniale. Le mémorial est finalement inauguré le 14 février 1971.

César, Mémorial des rapatriés d’Algérie, bronze d’aluminium, 1971
Ensemble et détails des plaques commémoratives © Olivier Liardet
Corniche Kennedy, 8e arrondissement

En 2011, en prévision du 50e anniversaire du rapatriement, l’Amicale des Enfants de l’Algérois commande au sculpteur pied-noir autodidacte Gérard Vié [1] (né à Alger en 1947) un bas-relief en bronze pour l’ajouter au mémorial de César. Il représente L’Arrivée des Français d’Algérie à Marseille.

Gérard Vié, L’Arrivée des Français d’Algérie à Marseille, bronze, 2012
Ensemble et signature © Olivier Liardet
Corniche Kennedy, 8e arrondissement


[1] Militaire à la retraite, Gérard Vié est devenu sculpteur officiel des Armées. On lui doit plusieurs monuments à Toulon, Marignane, Aix-en-Provence… Il est également l’auteur du Mur des Français disparus d’Algérie à Perpignan (2007).

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