Depuis
le 19 octobre dernier, le musée d’histoire de Marseille propose une exposition
consacrée à Marseille et l’épopée du
Canal de Suez. J’y ai collaboré en écrivant un film documentaire sur Le Canal de Suez dans l’art marseillais,
projeté dans l’expo. Parallèlement, j’ai repris mon propos dans un article
intitulé « L’imaginaire du Canal de Suez dans l’art monumental marseillais »,
publié dans la revue Marseille
(n°260, Marseille et l’Égypte,
octobre 2018, p.77-79).
Visuel de l’expo
L’imaginaire
du Canal de Suez dans la sculpture marseillaise : le discours économique.
Le
percement du Canal de Suez apparaît comme une promesse d’enrichissement pour
les négociants. De fait, avant même le premier coup de pioche, les Marseillais
s’emparent du sujet pour illustrer, par la peinture et la sculpture, la future
prospérité économique de la ville.
La
Chambre de Commerce engage, le 11 août 1857, le statuaire parisien Armand
Toussaint (1806-1862) pour décorer la façade du palais de la Bourse. L’artiste
soumet à son commanditaire, en mai 1859, l’esquisse d’une frise devant être
placée sous la colonnade. Le sujet symbolise Marseille recevant les peuples océaniens et méditerranéens et leurs
produits.
Pour
l’exécution de ce bas-relief, long de 27 mètres, l’artiste accepte un salaire
de 25 000 francs et son achèvement total au 31 mai 1860. Les premiers modèles
arrivent sur le chantier en novembre 1859 et les praticiens commencent aussitôt
leur travail, reproduisant ces sculptures en plâtre dans la pierre. Mais
Toussaint prend rapidement du retard dans ses envois. Les délais ne peuvent
être tenus. Finalement, l’ouvrage est achevé in extremis, à la veille de
l’inauguration du bâtiment par Napoléon III, le 10 septembre 1860.
Ici,
l’allégorie de Marseille trône en
majesté au centre de la composition.
Armand Toussaint, Marseille, bas-relief pierre, 1860
De
part et d’autre, une procession pittoresque d’hommes et de femmes en costumes
nationaux converge vers elle avec leurs ressources animales et végétales. Les
uns transitent par l’océan Atlantique et les Colonne d’Hercule, c’est-à-dire le
détroit de Gibraltar ; les autres traversent la Méditerranée après avoir
franchi pour certains le canal de Suez désormais en construction.
Viennent
ainsi depuis Suez dont le nom s’inscrit sur une banderole le thé et le bambou
de Chine, l’éléphant et les étoffes d’Inde, le dromadaire et le café d’Arabie,
le cheval et les céréales d’Égypte, l’encens du Moyen-Orient, l’huile d’olive
de Grèce, le blé de Sicile, le marbre de Carrare et le taureau romain aux
longues cornes.
Armand Toussaint, La Chine, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, L’Arabie, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, L’Égypte, la Grèce et l’Italie, bas-relief pierre, 1860
Par
symétrie, depuis Gibraltar arrivent l’ivoire, la girafe et le lion d’Afrique
noire, la cabosse de cacao et la canne à sucre des Antilles, les fruits
exotiques et le lama d’Amérique du Sud, les fourrures et le bois d’Amérique du
Nord, le taureau d’Écosse, le mouton mérinos et le mulet d’Espagne.
Armand Toussaint, L’Afrique et les Antilles, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, Les Amériques, l’Écosse et l’Espagne, bas-relief pierre, 1860
Palais de la Bourse, 9
La Canebière, 1er arrondissement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire