lundi 3 décembre 2018

L’imaginaire du Canal de Suez dans la sculpture marseillaise 1

Depuis le 19 octobre dernier, le musée d’histoire de Marseille propose une exposition consacrée à Marseille et l’épopée du Canal de Suez. J’y ai collaboré en écrivant un film documentaire sur Le Canal de Suez dans l’art marseillais, projeté dans l’expo. Parallèlement, j’ai repris mon propos dans un article intitulé « L’imaginaire du Canal de Suez dans l’art monumental marseillais », publié dans la revue Marseille (n°260, Marseille et l’Égypte, octobre 2018, p.77-79).

Visuel de l’expo

L’imaginaire du Canal de Suez dans la sculpture marseillaise : le discours économique.
Le percement du Canal de Suez apparaît comme une promesse d’enrichissement pour les négociants. De fait, avant même le premier coup de pioche, les Marseillais s’emparent du sujet pour illustrer, par la peinture et la sculpture, la future prospérité économique de la ville.
La Chambre de Commerce engage, le 11 août 1857, le statuaire parisien Armand Toussaint (1806-1862) pour décorer la façade du palais de la Bourse. L’artiste soumet à son commanditaire, en mai 1859, l’esquisse d’une frise devant être placée sous la colonnade. Le sujet symbolise Marseille recevant les peuples océaniens et méditerranéens et leurs produits.
Pour l’exécution de ce bas-relief, long de 27 mètres, l’artiste accepte un salaire de 25 000 francs et son achèvement total au 31 mai 1860. Les premiers modèles arrivent sur le chantier en novembre 1859 et les praticiens commencent aussitôt leur travail, reproduisant ces sculptures en plâtre dans la pierre. Mais Toussaint prend rapidement du retard dans ses envois. Les délais ne peuvent être tenus. Finalement, l’ouvrage est achevé in extremis, à la veille de l’inauguration du bâtiment par Napoléon III, le 10 septembre 1860.
Ici, l’allégorie de Marseille trône en majesté au centre de la composition.

Armand Toussaint, Marseille, bas-relief pierre, 1860

De part et d’autre, une procession pittoresque d’hommes et de femmes en costumes nationaux converge vers elle avec leurs ressources animales et végétales. Les uns transitent par l’océan Atlantique et les Colonne d’Hercule, c’est-à-dire le détroit de Gibraltar ; les autres traversent la Méditerranée après avoir franchi pour certains le canal de Suez désormais en construction.
Viennent ainsi depuis Suez dont le nom s’inscrit sur une banderole le thé et le bambou de Chine, l’éléphant et les étoffes d’Inde, le dromadaire et le café d’Arabie, le cheval et les céréales d’Égypte, l’encens du Moyen-Orient, l’huile d’olive de Grèce, le blé de Sicile, le marbre de Carrare et le taureau romain aux longues cornes.

Armand Toussaint, La Chine, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, L’Arabie, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, L’Égypte, la Grèce et l’Italie, bas-relief pierre, 1860

Par symétrie, depuis Gibraltar arrivent l’ivoire, la girafe et le lion d’Afrique noire, la cabosse de cacao et la canne à sucre des Antilles, les fruits exotiques et le lama d’Amérique du Sud, les fourrures et le bois d’Amérique du Nord, le taureau d’Écosse, le mouton mérinos et le mulet d’Espagne.

Armand Toussaint, L’Afrique et les Antilles, bas-relief pierre, 1860
Armand Toussaint, Les Amériques, l’Écosse et l’Espagne, bas-relief pierre, 1860
Palais de la Bourse, 9 La Canebière, 1er arrondissement

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