L’imaginaire
du Canal de Suez dans la sculpture marseillaise : le discours impérialiste.
La
conquête de l’Algérie et le percement de l’isthme de Suez imposent Marseille
comme port colonial et place stratégique. Le Canal notamment devient un enjeu
pour contrer la puissance hégémonique de l’empire britannique.
C’est
avec cette vision que le Conseil municipal de Marseille, dans sa séance du 10
juillet 1863, fixe le programme décoratif d’un grand haut-relief faisant
fontaine pour décorer le bassin situé sous la terrasse du château Borély. Le
cahier des charges en détaille précisément l’iconographie : « La France protège la réunion de la Mer
Rouge et de la Méditerranée, lesquelles
seront personnifiées par des figures allégoriques ayant le caractère égyptien
et méridional. La France est assise
sur la proue d’un navire, et les deux figures représentant plus
particulièrement la Mer Rouge et la Méditerranée sont appuyées sur des monstres marins. »
Pierre Travaux, La
France protège la réunion de la Mer Rouge
et de la
Méditerranée,
pierre, 1864
Parc Borély, 8e arrondissement
© Xavier de Jauréguiberry
Les
édiles confient l’exécution d’une maquette à l’échelle 1/10e au sculpteur
bourguignon Pierre Travaux (1822-1869). Une fois sa maquette acceptée, un
salaire de 18 000 francs lui est alloué pour l’exécution de son motif en pierre
de Calissanne. La soumission prévoie l’achèvement complet de la sculpture pour
le 30 octobre 1863. Cependant, trois mois ne furent pas suffisants pour
l’artiste par ailleurs fort occupé au décor du Palais de Justice. La réception
de la fontaine achevée intervient finalement en juillet 1864.
La France impériale de
Napoléon III – identifiable à l’aigle aux ailes déployées sur la proue du
bateau – tourne son regard et tend sa main droite vers la Mer Rouge, allégorie à la coiffe pharaonique se détachant sur
fond de pyramide. Elle étend sa protection, voire établit un protectorat, sur
le Canal de Suez qui apparaît de cette façon comme un aboutissement heureux de
la campagne d’Égypte du général Bonaparte.
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