Le 11 août 1857, la Chambre de Commerce entérine le choix des sculpteurs devant décorer le palais de la Bourse construit par Pascal Coste (1787-1879). Le Parisien Armand Toussaint (1806-1862) reçoit une commande globale de 38 000 francs, répartie comme il suit : 25 000 francs pour la réalisation de la frise sise derrière la colonnade (cf. notice du 3 décembre 2018 – L’imaginaire du Canal de Suez dans la sculpture marseillaise 1) et 13 000 francs pour le couronnement de l’attique.
Palais de la Bourse, 9 La Canebière, 1er arrondissement
Toussaint commence le chantier par les figures du couronnement de l’attique, soit un fronton (Poséidon et Amphitrite dit aussi L’Océan et la Mer) et deux acrotères (Amours). Ses praticiens travaillent sur place à partir de mai 1859 ; le sculpteur, lui, descend à Marseille le 5 septembre et achève le couronnement le 9. Toutefois, il ne signe et date ses œuvres à l’extrême fin du chantier : A. Toussaint 1860.
En août 1944, alors que Marseille se libère du joug nazi, plusieurs obus endommagent le palais de la Bourse, notamment les Amours des acrotères. La Chambre de Commerce sollicite le sculpteur Félix Guis (1887-1972) pour restaurer les deux sculptures… sans doute dans l’urgence au vu de la méthode employée. L’Amour de droite, défiguré, est affublé d’un masque en béton aux traits figés, voire grotesques, loin de la joliesse que Toussaint apporte à ses putti.
Le sort de l’Amour de gauche est pire. Les obus l’ont trop abimé pour que Guis puisse réemployer quoi que ce soit. Il réinterprète donc le motif original dans la pierre ou le béton. Le rendu tranche par un aspect massif (visage inexpressif, ailes épaisses, anatomie simplifiée, attitude raide) caractéristique du XXe siècle. La nouvelle sculpture est replacée sur son acrotère qui conserve les traces de la signature de Toussaint. Désormais, la signature de Félix Guis rappelle, à qui sait la découvrir, l’histoire mouvementée de ce décor.
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