J’ai reçu ce mois-ci un livre de Josyane et Jean-Louis Bessière consacré à l’érection des deux monuments aux morts de Fontès (Hérault), l’un érigé par le curé et l’autre par la mairie anticléricale. Si je parle de ce livre, c’est que le sculpteur du bas-relief placé dans l’église – Joseph Frugoni (1854-1923) – est actif à Marseille à la Belle Époque.
Jusqu’à
dernièrement, on ne connaissait de cet artiste que ses années d’activité dans
la cité phocéenne. À la demande des auteurs du livre, j’ai effectué des
recherches aux archives municipales de Marseille où j’ai découvert son acte de
décès et d’autres actes concernant ses descendants. Grâce à cela, il est
désormais possible d’étoffer sa biographie.
Giuseppe
Frugoni naît en Italie, dans la province de Massa-Carrara où se trouvent Carrare
et ses célèbres carrières de marbre blanc, le 27 avril 1854. Il est le fils de
Luigi Frugoni, un sculpteur ; c’est probablement auprès de son père qu’il
se forme au métier.
Il
est difficile de savoir précisément les raisons de son émigration en France.
Elles sont vraisemblablement économiques. Son départ s’effectue à la toute fin
du XIXe siècle. Il est alors marié et père d’au moins un enfant, Umberto
Frugoni, né à Carrare le 21 novembre 1884. Très probablement, il trouve du
travail dans l’une des nombreuses marbreries marseillaises ; la présence
des marbriers Ermenegildo Garibaldi et Esprit Fossati parmi les témoins d’Umberto
lors de son mariage en 1907 avec la fille de Charles Pesetti, un autre marbrier,
le laisse supposer.
Giuseppe Frugoni francise son prénom en Joseph et apparaît pour la première fois dans l’Indicateur marseillais en 1897. Il se présente alors comme sculpteur. Son atelier se situe au 101, rue Saint-Pierre. Il produit essentiellement des statuettes et des portraits pour une clientèle privée. Il réalise sans doute également des monuments funéraires pour les cimetières. Enfin, il est l’auteur de monuments aux morts. Il reçoit la commande de celui de Fontès en 1919 – le curé avait déjà fait appel à son talent pour la taille de deux anges de marbre pour encadrer l’autel en 1915 – moyennant 3 200 francs ; l’inauguration a lieu le 2 août 1920. L’année suivante, il exécute celui de Lourmarin, dans le Vaucluse, dont le coût total s’élève à 15 140 francs ; le monument est inauguré en septembre 1921.
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