Bien
que la grille d’entrée de l’opéra de Marseille soit l’une des plus belles de la
ville, elle l’une des moins connues. Il est difficile de trouver des
informations fiables à son sujet et, souvent, les articles n’en nomment pas les
auteurs. Au mieux, on affirme que c’est Gaston Castel (1886-1971), le principal
architecte de l’opéra, qui la conçoit. Mais, même dans le catalogue du musée
d’Histoire Architecture à Marseille,
1919-1965. Gaston Castel et les artistes, le sujet n’est pas abordé. Une
ligne indique juste que les ferronneries sont le travail d’Henri-Édouard
Carrera (1890-?) en collaboration avec la maison parisienne d’Edgar
Brandt (1880-1960). Cette mention peut
prêter à confusion : on parle ici des décors intérieurs et non de la
grille extérieure.
Finalement,
c’est dans la revue d’architecture La
Construction moderne (10 novembre 1929, p.82) que j’ai trouvé les
informations que je cherchais : « En
avant du perron, ils[1]établirent une grille de composition très
sobre. La façade comporte six colonnes ; sur la grille au droit des deux
colonnes d’extrémités est un large panneau uni réservé aux affiches du théâtre
encadrées par une décoration florale en fer, au droit de chacune des quatre
autres colonnes est un panneau décoratif en bronze patiné à l’antique ayant
comme sujet une danseuse. Ces panneaux d’affichage et ces panneaux décoratifs
encadrent cinq entrées décorées par un rappel de bronze constitué par un petit
élément carré ornementé sur chaque vantail. La ferronnerie est de Raymond Subes
et les panneaux ont été composés par le sculpteur Sequin, ils ont aussi été
exécutés par le ferronnier. Cette œuvre particulièrement agréable est digne d’être
citée car la collaboration de ces deux artistes a permis la réalisation d’un
ensemble remarquable. »
Raymond Subes (1891-1970) étant l’un des plus illustres ferronniers d’art de l’entre-deux-guerres, il est d’autant plus incompréhensible que la paternité de cette grille majestueuse se soit effacée des mémoires. Malheureusement, le sculpteur Sequin – malgré son nom – reste un artiste anonyme, sans doute parisien. Il n’en demeure pas moins que ses danseuses sont un chef-d’œuvre art déco marseillais. Il mériterait d’être mieux valorisé par le nettoyage du vert-de-gris et une nouvelle patine dorée.
[1] Les architectes de l’opéra Henri
Ébrard (1876-1941), Marcel Raymond (?-?) et Gaston Castel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire