Aujourd’hui,
je vous livre trois notices de mon guide historique des Fontaines de Marseille illustrant le rapide désintérêt de la
municipalité pour ses fontaines à travers les exemples des fontaines – asséchées
– de Bernard Brandi (né à Marseille en 1947).
Souhaitant
donner du sens à l’espace urbain, la municipalité lance au milieu des années
1970 un ambitieux programme d’aménagement dans lequel les arts plastiques
retrouvent une certaine place. Les premières initiatives concernent des
fontaines à édifier sur les places du centre-ville et des différents quartiers.
Bernard
Brandi, sculpteur formé à l’école des beaux-arts de Marseille (1er prix en 1964
et 1965) qui rejoint en 1976 la direction générale de l’architecture et des
bâtiment communaux où il a en charge le patrimoine monumental, se voit confier
la réalisation de deux d’entre elles en 1976 : la Fontaine aux poissons, volontiers qualifiée de
« sculpture-fontaine » par son auteur, et la fontaine de la place
Cerati.
Sensible au riche contexte patrimonial dans lequel il intervient, le sculpteur conçoit la Fontaine aux poissons en tenant compte de l’hôtel Daviel qui lui fait face et la silhouette du clocher des Accoules qui se dessine à l’arrière-plan. Il favorise ainsi une composition basse n’entravant pas la vue sur les monuments. Le motif en bronze est composé de trois poissons dont les masses arrondies fusionnent et qui laissent échapper de leurs bouches des jets d’eau alimentant un bassin géométrique. L’artiste entend ainsi rappeler la vocation maritime de la ville et les activités du Vieux-Port tout proche.
Bernard
Brandi livre la même année pour la place Cerati – placette à l’allure
villageoise du 4e arrondissement – une œuvre plus audacieuse dont la
composition semble régie par le seul équilibre des masses. Le motif principal
en bronze s’élève en effet au centre d’un petit bassin quadrangulaire. Incliné,
combinant volumes ténus et généreux, dynamiques ascendantes et assises
horizontales, sévérité des lignes droites et sensualité des courbes, il défie
les lois de la gravité. Carénée à la manière de certaines pièces mécaniques, sa
longue vasque est alimentée par un unique jet, l’eau se déversant ensuite dans
le bassin.
Déposée,
la fontaine a été remontée place Edgar Tarquin où elle est désormais dépourvue
de sa fonction première puisqu’elle n’est plus alimentée en eau.
En
2000, dans la perspective de la célébration prochaine du 26e centenaire de la
fondation de la cité phocéenne (2001), la ville de Marseille commande à Bernard
Brandi une nouvelle fontaine à élever sur l’île Ratonneau, à proximité de la
chapelle construite par Michel-Robert Penchaud (1772-1833) au sein de l’hôpital
Caroline (1823-1828). Cette chapelle, qui prend la forme d’un temple prostyle
grec, est placée à l’extrémité de l’axe central de la grande cour des malades
d’où elle domine le port.
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