Lorsqu’on parle de sculpture à Marseille, Pierre Puget (1620-1694) s’impose dans tous les esprits : bien qu’il incarne l’archétype de l’artiste complet, le souvenir du sculpteur domine souvent celui de l’architecte et du peintre. Pour autant, la période faste de la sculpture marseillaise n’est pas le XVIIe mais le XIXe siècle. Ainsi, entre 1867 et 1896, six sculpteurs issus de l’École municipale des beaux-arts sont-ils récompensés d’un prix de Rome ([1]). Aucune autre époque, antérieure ou postérieure, n’obtient une telle densité de lauréats au prestigieux concours. Ce taux de réussite, circonscrit dans un court laps de temps, trouve en partie sa réponse dans la politique artistique menée par les édiles marseillais dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
La fondation
d’une classe municipale de sculpture
Étonnamment, la cité phocéenne ne s’intéresse que tardivement à la formation de ses sculpteurs et ornemanistes. Au XVIIIe siècle, c’est l’Académie de peinture de Marseille qui dispense cet enseignement sous la férule d’un artiste nommé Nicolas, à partir de 1756. Cependant, en 1793, la Révolution y met un terme et, lorsque l’école gratuite de dessin est instituée par le peintre Joachim Guenin en 1796, la statuaire ne figure plus au programme. Les aspirants sculpteurs crayonnent à l’école et pratiquent dans l’atelier d’un maître. Or, sous la Restauration et la monarchie de Juillet, la métropole connaît une pénurie criante de décorateurs qualifiés, si bien que les registres de l’école ne dévoilent aucun nom connu, hormis ceux de marbriers-sculpteurs tels que les frères Pierre (1808-1850) et Jules Cantini (1826-1916) ou la famille Galinier.
[1] André Allar (1er accessit, 1867 ; prix de
Rome, 1869), Jean-Baptiste Hugues (2e second prix, 1872 ; 1er second prix,
1873 ; prix de Rome, 1875), Jean Turcan (2e second prix, 1876), Henri Lombard
(2e second prix, 1882 ; prix de Rome, 1883), Constant Roux (prix de Rome, 1894)
et Auguste Carli (2e second prix, 1896).
[2] Aix forme plusieurs sculpteurs lauréats
d’un prix de Rome : Marius Ramus (second prix, 1830), Félix Chabaud (prix de Rome
de gravure en médaille, 1848), Hippolyte Ferrat (second prix, 1850).
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