samedi 20 mai 2023

Projet de fontaine (Claude-Jacques Dageville architecte)

Mercredi prochain, 24 mai, maître Pascal Blouet dispersera dans son étude de Mayenne les souvenirs historiques du maréchal Molitor. Parmi une foultitude de documents, se trouve un important ensemble de dessins, de photographies et de gravures concernant l’architecture de la ville de Marseille aux XVIIIe et XIXe siècles. Beaucoup ont une estimation conséquente. Pour ma part, j’ai choisi de m’arrêter aujourd’hui sur une gravure très accessible !

Projet d’une fontaine / dédié à Messieurs / les maire, échevins et assesseur / de la ville de Marseille / 1785 / Par leur très humble / et très obéissant serviteur / D’Ageville
Gravure de Debuigne, 40 x 30 cm
Lot 562 – estimé 30/50 €

Ce D’Ageville s’appelle en fait Claude-Jacques Dageville (1721-1794). Architecte du duc de Villars, il est également inspecteur des travaux publics : il s’occupe notamment du curage du port. À partir de 1753, il dirige le chantier de reconstruction de l’Hôtel-Dieu sur les plans de Jules Hardouin-Mansart. En 1756, il devient professeur d’architecture civile et de perspective à l’Académie de peinture de Marseille ; en 1782, il en devient le chancelier et, en 1790, le secrétaire perpétuel. Par ailleurs, depuis 1769, il est membre correspondant de l’Académie royale d’architecture.
Il s’intéresse à de nombreux sujets, en particulier l’urbanisme auquel il consacre plusieurs discours : « De la décoration des villes, des places et promenades publiques et comment les salles de spectacle doivent être construites » (27 août 1769) ; « Des moyen d’embellir Marseille » (1er septembre 1771)… C’est dans ce contexte que s’inscrit ce projet. À l’initiative d’un groupe de riverains, l’érection d’une fontaine monumentale dédiée au maréchal-prince de Beauvau-Craon, gouverneur de Provence, est imaginée à l’intersection des allées de Meilhan et Capucines (aujourd’hui la partie supérieure de la Canebière et des allées Gambetta). Dageville conçoit un piédestal cubique flanqué de dauphins. Sur la face principale, un bas-relief illustre un combat aux portes de la cité phocéenne. Sur ce socle siège l’allégorie de Marseille, couronnée par Mercure – dieu du commerce – avec l’aide d’un petit génie ailé.

Jean-Joseph Foucou, Fontaine Beauvau, gravure, 1785
Vignette de l’encadrement du Plan du chevalier Pierron, bibliothèque de l’Alcazar

Le sculpteur Jean-Joseph Foucou (1739-1821) propose un projet concurrent : à l’intérieur d’un bassin circulaire cantonné par quatre lionnes couchées s’élève un énorme rocher surmonté de l’allégorie colossale de La France, tenant l’écu royal. Cependant, c’est finalement un troisième projet, celui que le sculpteur bourguignon Alexandre-Charles Renaud (1756-1815) propose en 1787, qui est finalement choisi mais qui, faute de temps, n’aboutit pas !
Pour en finir avec Claude-Jacques Dageville, il devient commissaire du tribunal populaire en 1793, durant la période fédéraliste. Cela lui vaut d’être condamné à mort par la commission Brutus et exécuté le 28 février 1794.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire