Il y
a quelque temps, je suis entré en contact avec la petite-fille d’un légataire
de Marguerite Varigard : celle-ci, n’ayant pas eu d’enfant, a en effet
légué l’une de ses propriétés et son contenu à un couple qu’elle hébergeait au
début de la guerre. Cela me permet d’affiner sa notice biographique que j’avais
commencée dans mon article « Formation et carrière des sculptrices
marseillaises » (cf. article du 7 février 2023).
Varigard Marguerite Louise Antoinette
Suzanne,
née Castang (Alès, 17
janvier 1865-Cannes ?, 22 août 1940), sculptrice
Marguerite
Castang épouse Léon Varigard (1857-1914), entrepreneur en travaux publics et
fils du maire d’Alleins (Bouches-du-Rhône), le 21 octobre 1884, à Alès. Le
couple réside à Marseille entre 1888 et 1898[1].
Marguerite y fréquente le meilleur monde. Parallèlement, elle se perfectionne à
la peinture auprès de la très mondaine Fernande de Mertens (1850-1924),
présentant même à l’Exposition des Dames organisée par le Cercle artistique en
1893 un « ravissant tableau […] d’une excellente composition,
d’une venue bien personnelle et d’un dessin très correct, c’est une œuvre qui
dénote une nature des mieux douées et vraiment artistique »[2].
Son professeur de peinture réalise, par ailleurs, son portrait au pastel qui
est exposé au Salon de l’Association des artistes marseillais de 1894 : Portrait de Mme M. V… (pastel, n°352).
Toutefois,
la prédilection artistique de Marguerite Varigard va à la sculpture. Elle
apprend le modelage avec Charles Cordier (1827-1905), très vraisemblablement
lors de ses villégiatures dur la Côte-d’Azur. Rapidement, elle exhibe sa
production aux manifestations de l’Association des artistes marseillais : Mme C. C. (buste, n°394) et Mlle M.
(bas-relief, n°395) en 1894 ; Buste
de femme (n°389) en
1896 ; Tête de vieillard (n°349) et Tête d’enfant (n°350) en 1898.
À la
fin du siècle, les Varigard déménagent à Paris et voyagent tout autour du
monde. Marguerite se passionne pour la photographie, immortalisant ses
pérégrinations sur plusieurs centaines de plaques de verre. Dans la capitale
française, elle prend le Marseillais Auguste Carli (1868-1930) comme nouveau
professeur de sculpture après le décès de Cordier ; elle photographie
d’ailleurs l’atelier du maître en 1906.
Elle expose au Salon de la Société des artistes français entre 1906 et 1914 : En prière (buste plâtre, 1906, n°3579), En prière (buste bronze, 1908, n°3696), Mlle Marcelle M… (buste plâtre, 1911, n°3862), Portrait de Mlle M..., en Japonaise (buste bronze, 1912, n°4115), Un bon cliché (1914, n°4454). La presse commente quelques-uns de ses envois comme en 1908 : « Un pur et calme sentiment de paix religieuse attire dans En prière, buste en bronze par Mme Varigard. »[3]
Durant sa période parisienne, Marguerite Varigard
s’inscrit dans l’Annuaire du
commerce Firmin Didot en tant que
sculpteur-statuaire. Pour autant, cette volonté de professionnalisme ne
convainc pas les principaux commanditaires que sont l’État et les
communes : elle ne reçoit aucune commande et même le Monument aux morts qu’elle
réalise pour l’église d’Alleins, fief de sa belle-famille, n’est pas un achat
mais un don de l’artiste.
[1] Les Varigard
habitent d’abord boulevard du Nord (n°15 en 1888), puis rue Sylvabelle (n°77 en
1889 et n°108 à partir de 1896). Au demeurant, ils partent en villégiature à
Juan-les-Pins, dans leur villa La Girelle.
[2] Anonyme, La Vedette, 24 juin 1893, p.396.
[3] Léon de
Saint-Valéry, « La sculpture à la Société des artistes français
(suite) », La Revue des beaux-arts, juin 1908, p.3.
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