lundi 29 juillet 2024

Jean Bouin (Jean-Baptiste Sertorio sculpteur)

Demain, 30 juillet, l’hôtel des ventes de Grasse vend un médaillon commémoratif en fonte figurant l’athlète marseillais Jean Bouin (1888-1914), vice-champion olympique – c’est d’actualité ! – du 5 000 mètres aux JO de Londres en 1912 et mort au champ d’honneur le 29 septembre 1914. Cette plaque, d’un diamètre de 32 centimètres et datée de 1921, porte une signature rare : Jean-Baptiste Sertorio !

Jean-Baptiste Sertorio, Jean Bouin, médaillon, fonte de fer oxydée, 1921
Hôtel des ventes de Grasse, 29 juillet 2024, lot 283, estimation 50 / 100 €
Addendum du 3 août 2024 : le médaillon sest vendu 30 € !

Ce sculpteur, qu’il ne faut pas confondre avec son presque homonyme Antoine Sartorio (1885-1988), est un quasi inconnu. Voici les quelques informations que j’ai récoltées à son sujet :

Sertorio Jean-Baptiste Désiré (Marseille, 9 août 1889- ?), sculpteur

Issu d’une famille d’ébénistes tabletiers-billardiers et de tourneurs sur bois niçois, il exerce métier de tourneur sur bois et sur métaux – ce qu’indique son dossier militaire – sa vie durant au n°5 de la rue des Beaux-Arts à Marseille. Pendant la Première Guerre mondiale, il intègre plusieurs régiments d’artillerie avant d’être retiré du front et reclassé à la Fonderie de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône.
Il possède une formation artistique par un passage, avant-guerre, à l’école des Beaux-Arts de Marseille. Le portrait de Jean Bouin, est la sculpture de sa main la plus ancienne connue. En mai 1930, il expose au Salon de l’Union des artistes de Provence : n°286- Vibert, bronze cire perdue et n°287- Charloun Rieu, statuette bronze. En 1935, toujours au Salon de l’Union des artistes de Provence, est présenté « un splendide buste, ‘‘Mon fils’’, par J.-B. Sertorio dont l’éloge n’est plus à faire » (Louis Blin, « Le Xe Salon des artistes de Provence. L’aquarelle, le dessin, la sculpture et les arts décoratifs », Le Radical de Marseille, 21 avril 1935, p.2). En 1937, il expose le buste de Maître Grisali, avocat (n°96) et un médaillon du Docteur Charcot (n°97) au Salon des artistes indépendants de Provence. Il est alors officier de l'Instruction publique.

Jean-Baptiste Sertorio, Maître Grisali, avocat, buste, 1937
Catalogue du XVe Salon des artistes indépendants de Provence 

Sinon, le 30 octobre 1924, il épouse Anne Gabrielle Tambon à Marseille. Le couple divorce, toujours à Marseille, le 17 mai 1939. Sertorio se remarie dans sa ville natale avec Marie Suzanne Guillot le 30 mars 1940. À l’heure actuelle, on ignore sa date de décès.

lundi 22 juillet 2024

Réaménagement de la place Castellane

Ce mois-ci, la Métropole Aix-Marseille-Provence a publié de nouvelle image de l’avancée des travaux du réaménagement et de la piétonisation de la place Castellane. La pièce maîtresse du chantier est la réalisation d’un banc courbe, long de 102 mètres et composé de 68 blocs de 4 tonnes chacun ; il a été conçu par le designer prodige Ito Marabito dit Ora-ïto (Marseille, 3 avril 1977-…). Sa mise en place devrait s’achever en septembre.
Par ailleurs, au mois d’août, commenceront les travaux de remise en eau de la fontaine Cantini, sculptée par André Allar (1845-1926). Enfin, 300 000 pavés vont être posés. La réception de la nouvelle place sera effective à la fin de l’année. En revanche, il faudra attendre une année supplémentaire pour la mise en marche de la nouvelle ligne de tram !

Aménagement de la place Castellane, juillet 2024
© Mathieu Grapeloup
https://madeinmarseille.net/165297-en-images-la-nouvelle-place-pietonne-prend-forme-a-castellane/

jeudi 11 juillet 2024

La Vierge (Dominique Molchneht sculpteur)

Oratoire de la Vierge Marie
Œuvre Allemand, 41 rue Saint-Savournin (5e arrondissement) © Olivier Liardet

On trouve dans la cour de l’œuvre de la jeunesse Jean-Jacques Allemand un oratoire dédié à la Vierge Marie au centre duquel trône son effigie. À l’origine, cette sculpture en marbre blanc reposait sur l’autel de la chapelle dite des Saints Anges, aujourd’hui disparue, où elle demeure vraisemblablement jusqu’au milieu du XXe siècle

Œuvre Allemand, chapelle de Saints Anges
Carte postale

La statue de la Vierge, d’une très belle facture, est signée sur la plinthe du côté droit : Do.que. Molchneht 1844

Dominique Molchneht, La Vierge, statue, marbre 1844
Œuvre Allemand, 41 rue Saint-Savournin (5e arrondissement) 
© Olivier Liardet & Xavier de Jauréguiberry

Le nom de l’artiste est une surprise et c’est certainement la seule œuvre de sa main répertoriée à Marseille, voire dans tout le Sud de la France !

Anton Spagnoli, Portrait de Dominique Molchneht (ou Mahlknecht), pierre, vers 1884
Façade du Ferdinandeum, le musée régional du Tyrol, Innsbruck (Autriche)
Source : wikipedia

Autrichien de naissance, Johann Dominik Mahlknecht naît à Kastelruth (aujourd’hui Castelrotto, dans la province de Bolsano, Italie) le 13 novembre 1793. Il se forme à la sculpture dans l’atelier du sculpteur vénitien Antonio Canova (1757-1822).
Dans les années 1820, il s’installe à Paris. Il « francise » son nom dont la graphie varie alors en Molknecht, Molchnecht ou Molchneht. Cette dernière orthographe est celle qui apparaît sur la statue de la Vierge et sur les catalogues du Salon parisien qu’il fréquente à partir de 1827.
Il devient rapidement un sculpteur recherché et travaille sur des chantiers prestigieux. Il décore de nombreuses églises : statue de Saint François de Sales pour la Madeleine ; Saint Jean, La Visitation et Saint Vincent de Paul pour Saint-Louis des Invalides ; Sainte Geneviève pour Saint-Germain l’Auxerrois ; Saint Roch et La Vierge pour Saint-Germain à Rennes ; La Vierge et l’Enfant Jésus pour Saint-Louis à Versailles… À Nantes, il réalise les huit muses qui couronne le théâtre Graslin ainsi que les statues de Molière et Corneille de l’escalier d’honneur. Il est également l’auteur de monuments publics en l’honneur Jacques Sarrazin (Noyon), Du Guesclin (Broons), Duguay-Trouin (Saint-Malo), Dumont d’Urville (Condé-sur-Noireau), Olivier de Clisson et Anne de Bretagne (Nantes), Joachim Murat (Cahors), Parmentier (Montdidier)… La plupart de ses grands hommes sont présentés au Salon de Paris.
Pour en revenir à l’Œuvre Allemand, il est intéressant de remarquer que Molchneht expose une Vierge en marbre au Salon de 1843 (n°1470). Peut-être, un administrateur ou un bienfaiteur de l’œuvre a-t-il commandé pour Marseille une copie de cette sculpture l’année suivante ?
Grâce à son talent, Dominique Molchneht est naturalisé français en 1848. Il meurt finalement à Paris le 7 mai 1876.

lundi 1 juillet 2024

Porter la flamme

Chanouga (Marseille, 1960-…), Porter la flamme, badge, 2024

Aujourd’hui, je voudrais saluer le travail de la classe de Grégory Zins, à l’école élémentaire Maurice Korsec, dans le 1er arrondissement de Marseille. Chaque année, sous l’égide de leur instituteur, cette classe de CM2 effectue des recherches d’ordre patrimonial sur un projet d’éducation artistique et culturelle. Cette année, jeux olympiques obligent, le projet s’intitule Porter la flamme.
Pour ma part, je suis intervenu dans leur classe afin de parler des décors sculptés marseillais évoquant trois personnalités : Héraclès auquel on attribue la paternité des jeux ; Milon de Crotone, le plus titré des athlètes antiques ; Jean Bouin, le vice-champion olympique mort au front en 1914.
De cette année de recherches, les élèves de Grégory Zins ont tiré un documentaire réalisé en partenariat avec le Musée d’archéologie méditerranéenne, mis en ligne sur le site de Cinémémoire. J’invite tout un chacun à visionner le travail exemplaire de cette classe talentueuse guidée par un excellent enseignant.

https://cinememoire.net/streaming/cinememoire/sequences/Porter-la-flamme-18-06-Streaming.mp4