mardi 31 décembre 2024

La Paix (Joseph Chinard sculpteur)

En ce réveillon de la nouvelle année et compte tenu du climat géopolitique ambiant, il me semble approprié de faire un vœu de paix pour 2025… Et quoi de mieux que La Paix de Joseph Chinard (1856-1813) pour l’illustrer !

Joseph Chinard, La Paix, statue en marbre, 1810
Ensemble et signature (Chinard de Lyon)
Place des Capucins, 1er arrondissement

Le 25 mars 1802, Angleterre signe un traité de paix à Amiens. Le Premier Consul Napoléon Bonaparte (1769-1821) ressort grandi de cet événement qui met fin à la deuxième coalition européenne contre la France. À Marseille, le préfet Charles Delacroix (1741-1805) souhaite aussitôt glorifier la paix retrouvée par un monument : on imagine alors une statue sise dans un temple de plan circulaire au sommet de la colline Bonaparte (aujourd’hui Puget) et bien en vue depuis le port. Faute de moyens, le projet se réduit à la seule sculpture achevée en 1810.
La commande est passée au sculpteur lyonnais Joseph Chinard, artiste chéri du Consulat et du Premier Empire. Il représente La Paix sous les traits hiératiques de Cérès, la déesse de l’agriculture, des moissons et de la fécondité. Elle symbolise l’espérance d’une prospérité retrouvée, le négoce phocéen ayant souffert du blocus anglais : la corne d’abondance à sa droite, les ballots sur lesquels est posé son trône et la présence à ses côtés de jeunes génies du commerce (coiffés d’un pétase) abonde en ce sens.
Installée face au marché des Capucins, elle n’y reste que sept années ; ce n’est qu’en 1984 que la statue retrouve son emplacement initial. Rénovée en 2018, elle est l’une des plus belles œuvres néoclassiques visibles sur une place publique dans le Midi de la France. D’ailleurs, Chinard l’estimait suffisamment intéressante pour exposer le modèle en plâtre de la tête de La Paix (n°940) au Salon de 1810, à Paris.

mardi 17 décembre 2024

André Méric et le monument à Louis-Bernard Dancausse

Vincent Hodée, l’un des lecteurs de mon blog, a récemment mis à jour la page wikipédia du sculpteur André Méric (Pamiers, Ariège, 8 décembre 1900 - Saint-Laurent-sur-Sèvre, Vendée, 8 janvier 1971).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_M%C3%A9ric_(sculpteur)

Cet artiste a réalisé pour Marseille le Monument à Louis-Bernard Dancausse qui a fait l’objet d’une de mes chroniques le 17 avril 2022 :

https://marseillesculptee2.blogspot.com/search?q=dancausse

Vincent Hodée a eu l’amabilité de me communiquer une photographie de Méric dans son atelier, à côté dudit monument, en 1962, avant son installation à Marseille en 1963. C’est un cliché inédit puisqu’il ne figure pas sur wikipédia !

André Méric dans son atelier auprès du Monument à L.-B. Dancausse, photo anonyme, 1962
Collection particulière

jeudi 5 décembre 2024

Actualité des ventes

Comme chaque année, l’étude parisienne Crait + Müller a organisé une vente « Sculptures » à l’hôtel Drouot. Cette vente s’est tenue le vendredi 29 novembre. Comme souvent, des sculpteurs marseillais étaient représentés. En revanche, sans doute à cause de la crise actuelle, la moitié seulement des lots a trouvé preneur.

Lot 98 : Auguste Carli (1868-1930),
La Lutte de Jacob et de l’Ange
Groupe, terre cuite, H. 40 cm, circa 1901
Estimé 1 500/2 000 € - Vendu 1 500 €

Cette esquisse est une première étude pour le groupe de La Lutte de Jacob et de l’Ange. Ici, l’être céleste a les ailes déployées et la main gauche posée sur le bras de Jacob ; ces caractéristiques disparaissent dans la version monumentale exposée au Salon des artistes français de 1902 (n°2323). Toutefois, François Carli (1872-1957), frère de l’artiste, diffusera des moulages en plâtre de cette première ébauche bien que dans un format plus grand (H. 69 cm). Quant au nom métaphorique d’Esprit et Matière sous lequel on connaît souvent l’œuvre, il n’apparaît que tardivement, vers 1911.


Lot 161 : Thomas Cartier (1879-1943),
Chat assis
Bronze à patine brune sur une base en marbre vert, H. 11,5 cm
Estimé 400/600 € - Vendu 1 300 €

Sculpteur animalier, Cartier sculpte des chats dans diverses postures. Ce chat assis, fondu par Siot à Paris, présente une ciselure et une patine qui justifient son prix élevé.

Lot 168 : Ary Bitter (1883-1873), Serre-livres aux éléphants
Paire de bronzes à patine verte, H. 25,5 cm et H. 15,5 cm, circa 1926
Estimé 6 000/8 000 € - Invendu

Ary Bitter édite dans l’Entre-deux-guerres de nombreux modèles de sculptures animalières, dont ces serre-livres fondus par Susse Frères éditeurs à Paris. Ils se vendaient extrêmement chers il y a quelques années encore. Toutefois, ils ne sont pas rares et, s’ils ne présentent des particularités (patine dorée, défenses en ivoire…) se vendent moins bien aujourd’hui.

Lot 169 : Ary Bitter, Serre-livres aux ours polaires
Paire de bronze à patine brun vert, H. 24 cm et H. 25 cm, circa 1935 ?
Estimé 12 000/15 000 € - Invendu

Plus rare que le Serre-livre aux éléphants, le Serre-livres aux ours polaires est très apprécié. Toutefois, l’estimation qui ne semble pas correspondre au marché actuel est, à mon avis, excessive… d’où l’échec de cette vente !

Lot 210 : Louis Dideron (1901-1980), Baigneuse s’essuyant le pied droit
Sculpture en pierre en taille directe, H. 28,5 cm
Estimé 3 500/4 000 € - Invendu

Cette statuette est caractéristique de l’œuvre de Dideron qui taille des jeunes femmes bien en chair. Dommage qu’elle n’ait pas trouvé preneur. L’estimation était vraisemblablement trop haute d’au moins 1 000 € !

Lot 214 : Marcel Damboise (1903-1992), Petit portrait de Danielle, 2e version
Tête, marbre de Paros, H. 13,5 cm, circa 1963-1964
Estimé 1 500/2 000 € - Vendu 1 400 €

L’étude Crait + Müller poursuit ici la dispersion de l’atelier de Damboise. Ce portrait est celui de sa fille cadette âgée d’une vingtaine d’années.

Lot 222 : Marcel Damboise, Étude préparatoire à La grande Christiane
Sanguine sur papier, H. 50 cm – L. 33 cm, circa 1955-1960
Estimé 200/300 € - Vendu 200 €

Ce dessin, exposé à la Fondation Taylor au printemps 2018 dans le cadre de l’exposition Les maîtres de la sculpture figurative 1938-1968, aurait dû, selon moi, faire un meilleur prix. Christiane, le modèle, a inspiré plusieurs statues importantes à Damboise dont une a été vendue en 2020 (cf. notice du 23 novembre 2020 – Suite de la vente de l’atelier de Marcel Damboise).