mardi 25 février 2025

François Mourgues

Le 7 mars prochain, la salle des ventes de Bourges met aux enchères un buste d’homme en terre cuite signé d’un sculpteur marseillais rare sur le marché public : François Mourgues. 

François Mourgues, Portrait masculin, terre cuite, H. 44 cm, 1948
Hôtel des ventes de Bourges, estimation 80 €/100 € - adjugé 80 €

C’est enfin l’occasion pour moi de donner la notice enrichie que je lui avais consacrée dans le Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

François Mathieu Mourgues (Marseille, 21 septembre 1884 – Paris, 17 août 1954), sculpteur

Boursier de la ville de Marseille en 1905, il entre dans l’atelier de Jules Coutan (1848-1939) à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Dès lors, il s’installe définitivement dans la capitale où il épouse Victorine Marie Bargès le 15 octobre 1923.
En 1907, il participe au concours du Monument à Louis Salvator, remporté par Constant Roux (1864-1942). Par ailleurs, il expose régulièrement au Salon de la Société des artistes français dont il est sociétaire depuis 1913. Il y obtient plusieurs récompenses : mention honorable en 1914 (Improvisateur, groupe plâtre), médaille de bronze en 1920 (le dramaturge marseillais Charles Méré [1883-1970] auteur de La Captive, buste plâtre, et 11 novembre 1918, fin d’Empire, statue plâtre) et médaille d’argent en 1926 (Sur les ruines, statue pierre de Lens).

François Mourgues, 11 novembre 1918, fin d’Empire, statue plâtre, 1920, carte postale
L’œuvre évoque la chute des empires allemand et austro-hongrois après l’armistice.

François Mourgues est l’auteur de plusieurs monuments aux morts dont les maquettes ou des fragments sont parfois exposés au Salon : Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne, 1922), Vertus (Marne, 1923), Fismes (Marne, 1924), Lourdes (Hautes-Pyrénées, 1924), Romilly-sur-Seine (Aube, 1927), Monument aux morts de l’industrie chevaline (Paris, 106 rue Brancion, 1930). Il est également l’auteur de sculptures funéraires comme la tombe C. Ruffier des Aimes (1927) au cimetière Saint-Pierre de Marseille.

François Mourgues, Monument aux morts de Crouy-sur-Ourcq, pierre, 1922, cartes postales

François Mourgues, Monument aux morts de Vertus, pierre, 1924, cartes postales

François Mourgues, Monument aux morts de Fismes, pierre d’Euville, 1924, carte postale

François Mourgues, Monument aux morts de Lourdes, maquette, catalogue du Salon de 1924
Mourgues expose deux maquettes en 1924 ; la légende inverse l’identification des monuments

François Mourgues, Monument aux morts de Lourdes, bronze, après 1924
Cette sculpture est parfois attribuée de façon erronée à Louis Grimal (1872-1944).

François Mourgues, Monument aux morts de Romilly-sur-Seine, pierre, 1927, carte postale

François Mourgues, Monument aux morts de l’industrie chevaline, pierre, 1930
106 rue Brancion, 75015 Paris
Ce monument est situé sur l’ancien abattoir hippophagique de Vaugirard.

Outre des monuments commémoratifs, François Mourgues expose de nombreux portraits : le dramaturge Victorien Sardou (1831-1908) en 1922, le chirurgien-chef de Boucicaut Charles Dujarier (1870-1931) en 1928, l’architecte arménien naturalisé français Léon Nafylian (1877-1937) en 1933, l’aviateur Jean Mermoz (1901-1936) en 1938… Il présente également une sculpture animalière en 1927 : Deux frères, chats en bronze.

François Mourgues, Deux frères, groupe bronze, 1927
Vendu aux enchères le 19 mai 2017 à l’Hôtel Drouot (L’huillier & associés, lot 242)

Il est encore l’auteur d’une superbe statue orientaliste, exposée en 1929 et intitulée Tanit-Zerga. Il s’agit un personnage de L’Atlantide publié par Pierre Benoît (1886-1962), grand prix du roman de l’Académie française en 1919. Cette adolescente est une princesse africaine de l’ethnie Sonrhaï, enlevée par des Touaregs et esclave de la reine Antinéa dans le Hoggar.

François Mourgues, Tanit-Zerga, statue, plâtre polychromé, H. 200 cm, 1929
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, inv. 75.15509.1
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. GrandPalaisRmn / Léo Delafontaine

Outre Tanit-Zerga, le musée du quai Branly – Jacques Chirac possède deux autres sculptures de François Mourgues, don de sa veuve à l’État français : une statuette du maréchal Joseph Joffre (1852-1931) et un buste du général Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947).



François Mourgues, Le maréchal Joffre, statuette plâtre, H. 46,5 cm, 1916
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, inv. 75.15509.3
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. GrandPalaisRmn / Léo Delafontaine


François Mourgues, Le général Leclerc, buste plâtre, H. 63,5 cm, 1947
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, inv. 75.15509.2
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, Dist. GrandPalaisRmn / Léo Delafontaine

jeudi 20 février 2025

La cigale, emblème des automobiles Turcat-Méry

En mai 1899, Léon Turcat (1874-1965) et son beau-frère Simon Méry (1874-1965) s’associent pour fonder à Marseille la firme automobile Turcat-Méry. Rapidement reconnue pour sa fiabilité, la marque à pour slogan « la voiture des connaisseurs ». Sa renommée grandit grâce aux courses automobiles qu’elle remporte. Dès 1899, elle est victorieuse dans la course Salon–Arles–Saint-Gabriel–Salon. Toutefois, sa victoire la plus marquante est au 1er rallye de Monte-Carlo en 1911.
L’entreprise fait de la cigale méditerranéenne son emblème pour orner les bouchons de radiateur, sans doute après la Première Guerre mondiale. Elle est notamment visible sur une affiche de Jacquemin.

Jacquemin, Turcat-Méry Marseille, affiche, 1922
Repérée sur Ebay

Le 13 février dernier, l’hôtel des ventes de Nîmes proposait aux enchères une mascotte de voiture Turcat-Méry (lot 315). Il s’agit d’une cigale en bronze signée sur la tête par le sculpteur marseillais Jean-Baptiste Sertorio (1889-?). Haute de 6 cm sur 10 cm de long, elle a été adjugée 150 €

Jean-Baptiste Sertorio, Cigale, bronze
Catalogue, hôtel de ventes de Nîmes

Cependant, son graphisme diffère des autres bouchons de radiateur « cigales » connus qui eux sont anonymes. Peut-on imaginer qu’il s’agisse d’un prototype ou y a-t-il eu plusieurs modèles de conçus ? Dans ce cas, les autres cigales peuvent-elles être également attribuées à Sertorio ?

Anonyme, Cigale, bronze
Collections particulières

En tous les cas, leur production a été de courte durée puisque la société Turcat-Méry, faute d’innovations dans les années 1920, est placée en liquidation judiciaire en 1929 et disparaît.

mercredi 12 février 2025

Deux portraits de Jean Turcan

Récemment, en fouillant sur Internet, je suis tombé sur deux portraits du sculpteur Jean Turcan (1846-1895). Le premier est un dessin du peintre français Oswald Heidbrinck (1858-1914) figurant Turcan achevant la statue de Lazare Carnot (1753-1823). En 1888, l’hebdomadaire Le Courrier français organise un concours pour l’érection d’une statue à la gloire du Grand Carnot, concours remporté par Jean Turcan. Le journal suit régulièrement l’exécution de la sculpture et demande à l’un de ses illustrateurs de se rendre dans l’atelier de l’artiste. Le dessin ainsi réalisé est publié dans Le Courrier français du 21 avril 1889 en page 7. Ladite sculpture est exposée ensuite au Salon de la Société des artistes français de 1889 (n°4999) mais, faute de moyen, le projet de monument en bronze est abandonné !

Oswald Heidbrinck, Turcan achevant la statue de Lazare Carnot avant le Salon, gravure
Le Courrier français, 21 avril 1889, p.7

Le second portrait est un portait posé chez un photographe, l’atelier Pierre Petit & fils fondé à Paris en 1858. Acheté en 2017 par le Ministère de la Culture pour la Médiathèque du patrimoine et de la photographie, ce négatif sur plaque de verre présente deux poses. Il date vraisemblablement de 1889-1890, alors que Turcan est au faîte de sa carrière après son grand prix de l’Exposition universelle.

Atelier Pierre Petit & Fils, Jean Turcan, photographie, circa 1889-1890

Médiathèque du patrimoine et de la photographie, AP90L000101
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo