Ingénu Frétigny, Gaétan
Picon, buste en pierre, 1886
Usine Picon (aujourd’hui agence EDF), 9, boulevard
National, 1er arrondissement
L’historien
Pierre Échinard a récemment identifié l’auteur du buste de Gaétan Picon (1809-1882) qui décore un immeuble du boulevard
National. Il s’agit d’un sculpteur assez discret, Ingénu Frétigny (1831-1891). L’heure
est venue de rassembler dans une notice toutes les informations biographiques
que j’ai collectées à son sujet.
Jean-Baptiste
Augustin Ingénu Frétigny nait à Herblay (Val-d’Oise) le 11 avril 1831. Il porte
le même prénom que ses père et grand-père, Jean-Baptiste ; pour se
différencier, il prend Ingénu pour prénom d’usage.
Il
s’installe à Marseille dans les années 1870 : s’il apparaît pour la première
fois dans l’Indicateur marseillais en 1878 – il habite alors au
22 rue Sainte Philomène (6e arrondissement) –, son fils de 17 ans qui s’inscrit
à l’école des beaux-arts de Marseille pour l’année 1875-1876 réside déjà à
cette adresse.
J’ignore
tout de sa formation et de son parcours artistique avant 1880. Toutefois, ses
références convainquent la municipalité de le nommer professeur de sculpture à
l’école des beaux-arts en 1881, au moment où Antoine Bontoux (1805-1892) fait
valoir ses droits à la retraite. Cette même année 1881, il décore l’école de la
Major édifiée par l’architecte Ernest Paugoy (1845-1906) et réalise avec le
marbrier Jules Cantini (1826-1916) le piédestal du Monument à Henry Espérandieu d’André Allar (1845-1926) inauguré le
23 février 1882.
André Allar, Henry
Espérandieu, buste en marbre, 1879
Ingénu Frétigny et Jules Cantini, piédestal en marbre,
1881-1882
Cour du Conservatoire de musique, place Carli, 1er
arrondissement
Le
13 juin 1882, le Conseil municipal lui accorde une allocation de 500 francs
pour un voyage à Paris. En 1883, il lui confie la restauration de l’écusson de
la mairie, mais des confrères marseillais
contestent sa nomination et réclament un concours. S’en suit un procès.
Frétigny préfère démissionner de son poste de professeur avant le verdict.
Émile Aldebert (1827-1924) assure son intérim de mai 1884 à février 1885 avant
de lui succéder au poste de professeur.
En
1886, il réalise le portrait de Gaétan Picon pour la façade de l'immeuble Picon,
situé au 7-11 Bd National et construit par l'architecte Louis Peyron. En 1891, il
apparaît pour la dernière fois dans l’Indicateur
marseillais. Il habite alors au 32 Bd
Notre-Dame. Léon Frétigny, son fils devenu sculpteur, réside quant à lui au 10
rue Neuve Sainte Catherine. Le 22 mars 1891, Ingénu Frétigny meurt à l’hôpital
de la Conception à l’âge de 59 ans ; il est alors veuf de Marguerite
Fernier. Enfin,
le 11 décembre 1896, le Conseil municipal accorde à un comité présidé par Aldebert
une concession au cimetière Saint-Pierre pour lui élever un modeste tombeau.
Il figure, sous le nom de Prax, dans le roman "La Flèche d'or" de Joseph Conrad. A ce titre, il fait l'objet d'une notice dans "Les années marseillaises de Joseph Conrad (1874-1921)" (éditions du Comité du Vieux Marseille, cahier n° 110, parution fin octobre 2020)
RépondreSupprimerGeorges Reynaud