jeudi 10 janvier 2019

L’atelier-musée des frères Carli et la promotion de la sculpture religieuse à Marseille 1


J’ai décidé aujourd’hui de (re)publier des textes anciens. Voici donc l’article paru en 2010 dans les actes d’un colloque bordelais auquel j’avais participé en 2008. Le thème était Marché(s) de l’art en province (1870-1914) :

Le 29 mars 1962, le Conseil municipal de Marseille rebaptise place Auguste et François Carli la place de la bibliothèque, sise devant l’école des beaux-arts. Hormis Pierre Puget (1620-1694), aucun sculpteur n’a alors reçu si insigne honneur. D’autres statuaires pourtant, plus titrés, auraient pu y prétendre[1]. Ce choix honore en fait deux artistes fortement impliqués dans la vie culturelle marseillaise à l’aube du XXe siècle qui, à travers leurs œuvres, leur enseignement et leurs engagements, ont durablement marqué les mémoires.

François et Auguste Carli, photographie, 1900
Publiée dans Revue de Provence, n°19, juillet 1900, p.143

Victor Peter (Paris, 1840 – Paris, 1918), Auguste Carli
Médaille en bronze (repérée sur Ebay), 1911

Cette reconnaissance publique doit beaucoup à l’action d’Auguste (1868-1930) et son frère cadet François (1872-1957) qui se sont dotés, au fil du temps, d’outils performants afin de promouvoir leurs sculptures d’inspiration essentiellement religieuse. Ils disposent ainsi d’un lieu d’exposition, idéalement situé au cœur de la ville, où les manifestations se succèdent. Par ailleurs, ils entretiennent un réseau efficace d’amitiés parmi les journalistes et hommes politiques locaux. Par voie de conséquence, les frères Carli organisent – exemple unique à Marseille – leur propre commerce, produisant en série et vendant sans passer par des intermédiaires, suscitant même des commandes publiques à leur profit.
Bien qu’autonomes, les deux sculpteurs s’inscrivent dans un marché de l’art florissant, en vertu de quoi leurs actions interagissent parfois avec celles des autres acteurs, édiles et sociétés d’artistes notamment. Cet essai s’attache donc à retracer les différents aspects de leur structure commerciale originale – un atelier-musée – et à lui rendre sa juste place sur la scène artistique phocéenne d’avant 1914.


[1] Parmi les contemporains des frères Carli, Marseille compte quatre lauréats du grand prix de Rome de sculpture : André Allar (1845-1926), Jean Hugues (1849-1930), Henri Lombard (1855-1929) et Constant Roux (1865-1942).

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