J’ai
décidé aujourd’hui de (re)publier des textes anciens. Voici donc l’article paru
en 2010 dans les actes d’un colloque bordelais auquel j’avais participé en
2008. Le thème était Marché(s) de l’art
en province (1870-1914) :
Le
29 mars 1962, le Conseil municipal de Marseille rebaptise place Auguste et
François Carli la place de la bibliothèque, sise devant l’école des beaux-arts.
Hormis Pierre Puget (1620-1694), aucun sculpteur n’a alors reçu si insigne
honneur. D’autres statuaires pourtant, plus titrés, auraient pu y prétendre[1]. Ce
choix honore en fait deux artistes fortement impliqués dans la vie culturelle
marseillaise à l’aube du XXe siècle qui, à travers leurs œuvres, leur
enseignement et leurs engagements, ont durablement marqué les mémoires.
François et
Auguste Carli,
photographie, 1900
Publiée dans Revue de Provence, n°19, juillet 1900,
p.143
Victor Peter (Paris, 1840 – Paris, 1918), Auguste Carli
Médaille en bronze (repérée sur Ebay), 1911
Cette
reconnaissance publique doit beaucoup à l’action d’Auguste (1868-1930) et son
frère cadet François (1872-1957) qui se sont dotés, au fil du temps, d’outils
performants afin de promouvoir leurs sculptures d’inspiration essentiellement
religieuse. Ils disposent ainsi d’un lieu d’exposition, idéalement situé au
cœur de la ville, où les manifestations se succèdent. Par ailleurs, ils
entretiennent un réseau efficace d’amitiés parmi les journalistes et hommes
politiques locaux. Par voie de conséquence, les frères Carli organisent –
exemple unique à Marseille – leur propre commerce, produisant en série et
vendant sans passer par des intermédiaires, suscitant même des commandes
publiques à leur profit.
Bien
qu’autonomes, les deux sculpteurs s’inscrivent dans un marché de l’art
florissant, en vertu de quoi leurs actions interagissent parfois avec celles
des autres acteurs, édiles et sociétés d’artistes notamment. Cet essai
s’attache donc à retracer les différents aspects de leur structure commerciale
originale – un atelier-musée – et à lui rendre sa juste place sur la scène
artistique phocéenne d’avant 1914.
[1]
Parmi les contemporains des
frères Carli, Marseille compte quatre lauréats du grand prix de Rome de
sculpture : André Allar (1845-1926), Jean Hugues (1849-1930), Henri
Lombard (1855-1929) et Constant Roux (1865-1942).
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