Durant
cette période, la cité phocéenne enrichit son panthéon, commémorant les
politiques (Monument à Alexandre Ier de
Yougoslavie et à Louis Barthou) comme les sportifs. Le 23 août 1926, le
cycliste Gustave Ganay meurt des suites d’une chute à vélo, au Parc des
Princes. En 1938, le quotidien Le Petit Marseillais lance un concours pour
célébrer sa mémoire sur le parvis du stade Vélodrome. Parmi les différents
projets, le jury retient celui Élie-Jean Vézien (1890-1982) où le jeune homme,
en tenue, se détache devant un mur de coureurs. Ici, le modèle possède ses
clous de mise au point devant faciliter le report des creux et des saillies
lors de l’agrandissement de la statuette.
Anonyme, Projet
de monument à Gustave Ganay, maquette en plâtre, 1938
Vendue aux enchères par Coutau-Bégarie le 27 juin
2015
Élie-Jean Vézien, Gustave Ganay, modèle en plâtre au tiers d’exécution
avec clous de mise au point, 1938, Académie de
Marseille, 1er arrondissement
Pour
conclure, le petit format compte plusieurs utilités : outil d’atelier
permettant de fixer une idée ou d’agrandir un sujet, outil administratif
permettant la sélection d’un artiste ou son paiement. À cela, Auguste Carli (1868-1930)
ajoute un dernier usage, celui d’outil promotionnel. Quand son groupe en marbre
Le Christ et sainte Véronique,
médaillé de 1ère classe au Salon des artistes français de 1902 (n°2322) et
acquis par l’État pour 10 000 francs, est déposé au musée des Beaux-Arts de
Marseille[1] le
15 avril 1903, il suscite immédiatement l’admiration. Les amis proches du
sculpteur ouvrent alors une souscription afin d’en offrir une réplique à la
cathédrale de la Major. Chaque donateur reçoit en souvenir une reproduction de
la maquette, réalisée dans l’atelier de François Carli (1872-1957), frère
d’Auguste et mouleur installé au n°6 de la rue Neuve (auj. rue Jean-Roque).
L’opération est un succès. Quelques années plus tard, Auguste et François Carli
réitèrent la pratique pour financer le projet de Monument à Adolphe Monticelli qu’ils ont initié[2].
En juin 1907, la maquette figure chez le galeriste Oudin, rue de la Darse,
sensibilisant les amateurs d’art… lesquels repartent avec une réplique après
avoir souscrit au projet.
Auguste Carli, Le
Christ et sainte Véronique, édition en plâtre de la maquette, 1904
Réserves du musée des Beaux-Arts de Marseille, 1992.1.1, 4e
arrondissement
Auguste Carli, Monument
à Adolphe Monticelli, éditions en plâtre de la maquette, 1907
Réserves du musée des Beaux-Arts de Marseille, 2007.0.147, 4e arrondissement
Les
maquettes sont, enfin, de précieux témoignages de la sculpture phocéenne entre
1850 et 1940. À travers elles, on retrouve la physionomie de monuments dégradés
par l’usure du temps, comme les fauves de Barye (1795-1875). Quant aux projets
refusés ou inaboutis, ils laissent entrevoir les décors grandioses que les
artistes ont imaginés pour Marseille : sculpter en miniature, c’est rêver
la ville en grand, en monumental.
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