Carlo Sarrabezolles, Christ Rédempteur, esquisse, plâtre, 1934-1935
Collection Sarrabezolles-Appert
Les
travaux de bouchardage débutent au mois de mars 1935. Cependant, le sculpteur a
largement œuvré en amont. Il a modelé plusieurs esquisses qui fixent la
composition et les attitudes des différents personnages. Il a surtout modifié
la formule de son béton : ne disposant pas de sable de rivière et ne
voulant pas recourir à du sable marin, il décide de mélanger un concassage
minéral avec du ciment au ratio de 400 kg par mètre cube ; « Le ton obtenu est joli, distingué, et
le grain aussi beau que celui d’une belle pierre. »[1]
Échafaudage du
christ rédempteur,
photo, 1935
© Archives Sarrabezolles-Appert
Il
s’attaque aussitôt au décor du mur sud car, dans son contrat, « Monsieur C. Sarrabezolles s’engage […]
à terminer la statue du Christ le 1er avril 1935, l’exécution des
bas-reliefs des anges […] suivant
sans délai »[2]
Il s’agit d’une concession faite à l’abbé Pourtal qui entend inaugurer le motif
de la Crucifixion le vendredi saint
(19 avril). La tâche est colossale et sans repentir possible : la figure
du Rédempteur mesure 6,50 mètres pour
une envergure de 6 mètres. Son corps, tout en tension, suggère le paroxysme de
la souffrance au moment du dernier soupir. Les yeux clos, sa tête ploie sur
l’épaule droite ; cette position d’abandon offre à la vue un visage
serein. Ses mains, enfin, sont ouvertes en signe de pardon et de bénédiction.
Sous la croix, la légende justifie ce sacrifice : L’amour est plus fort
que la mort.
Carlo
Sarrabezolles taillant le visage du Christ Rédempteur, photo, 1935
© Archives
Sarrabezolles-Appert
Carlo
Sarrabezolles et ses aides taillant le visage du Christ
Rédempteur, photo, 1935
© Archives
Sarrabezolles-Appert
Sarrabezolles,
secondé par des aides, mène de front toutes les parties du Christ, bien que la tête qui l’attire inexorablement bénéficie
d’une attention intense. Son traitement ample, à la fois stylisé et fidèle
anatomiquement, ne se perd pas dans les détails invisibles depuis le sol.
Finalement, il peut déclarer : « Après
trois semaines de travail, je pense avoir fait une bonne mise en place du
corps ; le jeu des lumières et des ombres se répercute comme il sied dans
cette première, décisive et je dirai fatale ébauche. »[3]
Carlo Sarrabezolles taillant les anges adorateurs
Photo publiée dans La Croisade, n°4, avril 1935, p.3
Dans
le même temps, il sculpte en faible relief les panneaux latéraux de 2,30 mètres
de haut sur 4 mètres de long. Chacun accueille deux anges de profil, tournés
vers la croix ; agenouillés et les mains jointes, ils sont en adoration
devant le martyre du Sauveur. Ils ne diffèrent guère les uns des autres, sinon
par d’infimes détails de leurs coiffures : leur rôle n’est pas de
détourner le regard de la scène principale. Au contraire, le dessin de leurs
drapés et des plumes de leurs ailes forme comme un halo diffusant la lumière du
Christ.
Carlo Sarrabezolles, Christ Rédempteur et anges adorateurs, béton, 1935
20 Chemin de Saint-Louis au Rove, 15e arrondissement
© Xavier de Jauréguiberry
[1]
Antony Goissaud, « Église Saint-Louis à Marseille-Banlieue », La construction moderne, n°42, 19
juillet 1936, p.856.
[2]
Contrat pour les sculptures dans le béton armé de l’église St-Louis, banlieue à
Marseille, 12 février 1935, archives familiales Sarrabezolles-Appert, Paris.
[3]
Carlo Sarrabezolles, « Aux lecteurs de ‘’La Croisade’’ il livre sa
pensée », La Croisade, n°4,
avril 1935, p.3. L’article est republié dans La Croisade, n°10, novembre 1935, p.24-25.
[4]
Lettre de l’abbé Pourtal à Carlo Sarrabezolles du 20 mars 1935, archives
familiales Sarrabezolles-Appert, Paris.
[5]
J. C., « On inaugurera aujourd’hui le Christ monumental de la nouvelle
église de Saint-Louis », Le Petit
Marseillais, 19 avril 1935.
[6]
Lettre de Jean-Louis Sourdeau à Carlo Sarrabezolles du 27 mai 1935, archives
familiales Sarrabezolles-Appert, Paris.
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