Carlo Sarrabezolles, Archange Gabriel, béton armé, 1935
20 Chemin de Saint-Louis au Rove, 15e arrondissement
© Xavier de Jauréguiberry
Mais,
pour le sculpteur, le plus dur reste à venir ! Effectivement, il consacre
le mois d’avril à l’exécution de la statue monumentale de 9 mètres devant
couronner l’édifice, et montre ici une virtuosité technique inédite. Pour la
première fois, il confronte son procédé de taille directe du béton frais à une
figure en ronde-bosse. Plus de façade sur laquelle s’adosser ! De fait, il
se voit contraint de concevoir une solide armature métallique, squelette
indispensable pour donner à l’œuvre la forme voulue tout en supportant son
poids gigantesque. Ces fers pourtant compliquent l’ébauchage, notamment par
leur affleurement dans certaines zones plus graciles, telles les mains ou la
couronne d’épines. À cela s’ajoutent d’autres difficultés. Sis au sommet du
clocher, sur un socle n’excédant pas un mètre carré, l’archange Gabriel défie
la pesanteur et le mistral : sa fusion avec le campanile doit être absolue
pour assurer sa stabilité. Quant aux échafaudages, ils s’élèvent dans le vide à
plus de 40 mètres de hauteur, imposant des conditions de travail très
inconfortables.
Sarrabezolles
surmonte toutes les contraintes. Son messager céleste, à la beauté intemporelle
de la statuaire classique, possède la rigidité et verticalité d’un pilier
cannelé, effet accentué par le plissé de sa toge. Ses ailes majestueuses se
déploient dans son dos et pointent vers le firmament. De même, il présente à
bout de bras la sainte relique, comme une offrande faite à la paroisse.
Finalement, à la fin du mois de mai, Sourdeau écrit à son « cher Sarra » :
« Les échafaudages de St-Louis
s’enlèvent un peu à la fois et votre belle sculpture commence à être mise en
valeur […] L’ange est plus beau et
plus triomphal que vous ne pouviez l’espérer. »[1]
La
prouesse exécutée fait du décor de Saint-Louis de Marseille le chef-d’œuvre de
Carlo Sarrabezolles en matière d’art religieux et de taille directe sur béton.
Le succès est indéniable. Pour autant, faute de moyens, faute d’envie peut-être
malgré les promesses échangées, le programme iconographique ne sera jamais
complété et les emplacements réservés sur la façade ouest resteront nus.
[1]
Lettre de Jean-Louis Sourdeau à Carlo Sarrabezolles du 27 mai 1935, archives
familiales Sarrabezolles- Appert, Paris.
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