jeudi 12 mai 2022

Les Galinier, une dynastie de marbriers-sculpteurs marseillais

Pour mes travaux de recherche, je me suis beaucoup intéressé aux frères Pierre (1808-1850) et Jules Cantini (1826-1916). Toutefois, à la même époque, une autre famille de marbriers-sculpteurs occupe le devant de la scène artistique et économique phocéenne : les Galinier.
L’entreprise familiale est fondée à la fin du XVIIIe siècle en 1787.
En 1816, un Galinier – sans doute Nicolas Galinier (1790-1860), fils du fondateur – expose au Salon marseillais. Il se dit statuaire et ancien élève de l’école de dessin de Marseille. Il est le seul exposant de la section sculpture où il présente un buste en marbre de S. M. Louis XVIII (n°36) et une étude modelée d’après nature figurant un Athlète au repos (n°37). 

Nicolas Galinier, Louis XIV, buste, marbre, 1822
Façade de l’hôtel de ville, quai du Port, 2e arrondissent

Sous la Restauration, le conseil municipal souhaite le rétablissement du buste de Louis XIV, détruit pendant la Révolution, sur la façade de l’hôtel de ville. Il confie cette tâche à Nicolas Galinier, le buste de Louis XVIII ayant certainement joué en sa faveur pour l’obtention de cette commande. Le buste est inauguré le 25 août 1822.
Dans les années 1830, le conseil municipal décide de rétablir un buste marbre de Bonaparte premier consul sur la colonne dominant le jardin de la Colline (auj. colline Puget). Seuls deux artistes – tous deux marbriers par ailleurs – répondent à l’appel d’offre : un Galinier – probablement Nicolas – propose ses services moyennant 4 000 francs tandis que Pierre Cantini s’engage à réaliser le portrait pour 2 100 francs. Les édiles penchent pour la candidature la plus avantageuse, mais un conseiller juge prudent de solliciter un autre sculpteur marseillais, Jean Garbeille. Finalement, la commande est ajournée.

Amédée Galinier, Chapiteau dorique, classe d’architecture, 1er prix, 1838
Archives municipales de Marseille © Xavier de Jauréguiberry

Amédée Galinier, Académie d’après nature, concours d’émulation, 1842
Archives municipales de Marseille © Xavier de Jauréguiberry

Au fil des années, de nombreux Galinier passent par l’école de dessin – devenu par la suite école des beaux-arts – de Marseille. C’est le cas d’Amédée et de Marius dans les années 1830-1840. L’entreprise se développe sous le nom de Galinier & Fils.

Publicité Galinier & Fils, marbrerie artistique et commerciale, Annuaire Didot Bottin, 1883

Publicité Galinier & Fils, marbrerie, Indicateur marseillais, 1882

La marbrerie Galinier réalise toute sorte de travaux pour meubler les intérieurs bourgeois du Second Empire et de la Troisième République (carrelages, cheminées, escaliers), les églises et chapelles (autels) et les cimetières (tombeaux). Bien que plus ancienne que la maison Cantini, elle ne parvient pas à la surpasser, voire même à l’égaler ! Ses récompenses lors de différentes expositions sont honnêtes, mais sans plus : médaille d’or au concours régional de Marseille en 1861 et médaille de vermeille à l’exposition de la Société statistique des Bouches-du-Rhône en 1868.

Galinier & Fils, Fontaine surmontée d’un groupe en marbre d’H. Lesueur et de Nira (Le Baiser),
Exposition universelle de Paris de 1867
Archives nationales F/12/3238 

La marbrerie est distinguée lors de l’Exposition universelle de 1867, sans que les publicités révèlent la récompense exacte qu’elle reçoit cette année-là. Elle expose notamment une fontaine dont la sculpture a été réalisée par des artistes méconnus, pour ne pas dire inconnus puisque l’on dispose de leur patronyme. Lesueur travaille vraisemblablement à Paris où l’entreprise dispose d’un point de vente ; Nira, quant à lui, est probablement d’origine italienne comme beaucoup de praticiens et de marbriers au XIXe siècle.

Publicité Galinier & Fils, marbrerie, 1909
Repérée sur Delcampe.net sans référence de publication

La maison Galinier & Fils perdure au moins jusqu’en 1914, puisqu’elle figure toujours à la même adresse dans l’Indicateur marseillais. Pour autant, aucun nouveau titre de gloire ne s’est ajouté depuis la chute du Second Empire et bien d’autres entreprises la dépassent désormais en notoriété.

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