Lot 10 de la vente Crait + Müller - vendu 3 840 €
Le
3 juin prochain, la maison parisienne Crait + Müller propose aux enchères une
réduction en bronze du Faune de
Pierre Puget (1620-1694). Cette cire perdue, haute de 52 cm, est l’œuvre du
fondeur d’art Adrien-Aurélien Hébrard (1865-1937) ; l’œuvre porte le
cachet du fondeur – CIRE PERDUE A.A.
HEBRARD – et un numéro – A16. Par
ailleurs, elle est également signée PIERRE
PUGET.
La
sculpture est estimée entre 3 000 et 4 000 €. Pour ordre d’idée, un autre
exemplaire s’est vendu chez Sotheby’s Londres (lot 64) le 9 décembre 2020 :
estimé entre 4 000 et 6 000 GBP, il est parti à 7 560 GBP (8 880,51 €).
Cette
vente est l’occasion de s’intéresser à l’historique de cette œuvre magistrale
conçue par Puget. Il ne s’agit apparemment pas d’une commande ; le
sculpteur semble la destiner dès l’origine au pavillon de Fongate, sa bastide
marseillaise. Haute de 1,57 m, elle se dressait au milieu du perron en fer à
cheval donnant accès à la villa. La divinité des bois et des jardins joue de la
musique : il souffle dans une syrinx (flûte de pan) et tient dans sa main
droite des crotales (cymbales). Son rendu est inachevé mais cet inachèvement
paraît volontaire : la main droite et les pieds, notamment, laissent
apparaître les stries du ciseau et n’ont pas été polis. Ce non finito évoque l’art de Michel-Ange (1475-1564) qu’il admire.
Le
musée des beaux-arts de Marseille conserve également une maquette en terre
cuite de l’œuvre. Les deux sculptures ont la même provenance : en 1758,
Louis Borély (1692-1768), grand collectionneur marseillais, les acquiert directement
du petit-fils de l’artiste Pierre-Paul Puget. Elles demeurent dans la famille
jusqu’à ce que la dernière héritière des Borély – Louise de Panisse-Passis –
cède le château Borély et ses collections à Paulin Talabot (1799-1885) en 1856.
Ce dernier, alors directeur du PLM, entreprend en 1869 un échange de terrains
avec la mairie de Marseille pour pouvoir continuer sa ligne ferroviaire en
direction de Toulon ; la cité phocéenne devient ainsi propriétaire du château
Borély et de tout ce qu’il contient. Finalement, en 1871, les deux versions du Faune intègrent le Musée des beaux-arts
de Marseille.
Addendum du 5 juillet 2022 : Il existe également une édition en céramique craquelée du Faune de Puget. Un exemplaire, haut de 51 cm, se vendra le 4 août prochain à Vichy (estimation : 150 / 200 €).
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