vendredi 17 juin 2022

Marseille colonie grecque (Auguste Carli sculpteur)

Auguste Carli (1868-1930) soumissionne le 20 décembre 1923 pour participer à la décoration de l’escalier monumental de la gare Saint-Charles. Le 26 février 1924, un marché de gré à gré est passé entre la ville et le sculpteur marseillais. Celui-ci s’engage à réaliser, contre la somme de 100 000 francs, deux groupes (50 000 francs chacun) devant être adossés à un pylône et composés d’une figure assise sur la proue d’un navire avec deux enfants ainsi que différents attributs. Un délai de huit mois par groupe est accordé au statuaire pour leur réalisation.

Auguste Carli, Marseille colonie grecque, groupe, pierre de Lens, 1925
Escalier de la gare Saint-Charles, 1er arrondissement

J’ai toujours trouvé que ses sculptures étaient décoratives mais d’une iconographie assez pauvre, voire indigente. Marseille porte de l’Orient n’a rien de l’exotisme de la peinture éponyme de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) au palais Longchamp ! Quant à Marseille colonie grecque, le caractère hellénique apparaît bien dans divers ornements (la trière, le trône, le péplos de l’allégorie) mais le grand public serait bien incapable de les identifier comme tels. Heureusement que les groupes sont titrés !

Auguste Carli, Marseille colonie grecque, groupe, pierre de Lens, 1925 (détail)
Escalier de la gare Saint-Charles, 1er arrondissement

Ceci étant, je suis sans doute trop sévère pour Marseille colonie grecque. Si l’on se montre attentif, on constate que l’allégorie a perdu son attribut majeur  qui tenait autrefois dans sa paume gauche.

Auguste Carli ?, Marseille colonie grecque, dessin
© Archives municipales de Marseille 1128 W 59

Artémis d’Éphèse, statue, albâtre, IIe siècle
© Musée archéologique national de Naples (inv. 6278)

Un dessin, mal identifié aux archives municipales de Marseille, permet d’identifier l’objet manquant : une statuette d’Artémis d’Éphèse. Son modèle est conservé à Naples. La déesse est affublée de multiples seins qui seraient en réalité des testicules de taureaux sacrifiés à son culte, symbolisant la puissance de la déité sur les hommes en les rendant fécond ; son auréole et sa couronne cylindrique sont le fruit d’une restauration du XVIIIe siècle.
Artémis d’Éphèse – dont le temple est l’une des sept merveilles de l’antiquité – rayonne dans toute l’Ionie, Phocée étant voisine d’Éphèse. Les Phocéens, en fondant Massalia, y importe son culte. Cet emblème, aujourd’hui disparu de la statue de Carli, était donc le plus important pour symboliser Marseille colonie grecque.

Auguste Carli, Marseille colonie grecque, groupe, pierre de Lens, 1925
Escalier de la gare Saint-Charles, 1er arrondissement
Archives municipales de Marseille 89 Fi 79 (ensemble et détail)

On la voit sur une photo conservée aux archives municipales mais il est difficile de dire quand la statuette a disparu. Peut-être à la fin des années 1960.

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