Auguste Carli (1868-1930) soumissionne le 20 décembre 1923 pour participer à la décoration de l’escalier monumental de la gare Saint-Charles. Le 26 février 1924, un marché de gré à gré est passé entre la ville et le sculpteur marseillais. Celui-ci s’engage à réaliser, contre la somme de 100 000 francs, deux groupes (50 000 francs chacun) devant être adossés à un pylône et composés d’une figure assise sur la proue d’un navire avec deux enfants ainsi que différents attributs. Un délai de huit mois par groupe est accordé au statuaire pour leur réalisation.
J’ai toujours trouvé que ses sculptures étaient décoratives mais d’une iconographie assez pauvre, voire indigente. Marseille porte de l’Orient n’a rien de l’exotisme de la peinture éponyme de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) au palais Longchamp ! Quant à Marseille colonie grecque, le caractère hellénique apparaît bien dans divers ornements (la trière, le trône, le péplos de l’allégorie) mais le grand public serait bien incapable de les identifier comme tels. Heureusement que les groupes sont titrés !
Ceci étant, je suis sans doute trop sévère pour Marseille colonie grecque. Si l’on se montre attentif, on constate que l’allégorie a perdu son attribut majeur qui tenait autrefois dans sa paume gauche.
Un
dessin, mal identifié aux archives municipales de Marseille, permet d’identifier
l’objet manquant : une statuette d’Artémis
d’Éphèse. Son modèle est conservé à
Naples. La déesse est affublée de multiples seins qui seraient en réalité des
testicules de taureaux sacrifiés à son culte, symbolisant la puissance de la
déité sur les hommes en les rendant fécond ; son auréole et sa couronne
cylindrique sont le fruit d’une restauration du XVIIIe siècle.
Artémis
d’Éphèse – dont le temple est l’une des sept merveilles de l’antiquité – rayonne
dans toute l’Ionie, Phocée étant voisine d’Éphèse. Les Phocéens, en fondant
Massalia, y importe son culte. Cet emblème, aujourd’hui disparu de la statue de
Carli, était donc le plus important pour symboliser Marseille colonie grecque.
On
la voit sur une photo conservée aux archives municipales mais il est difficile
de dire quand la statuette a disparu. Peut-être à la fin des années 1960.
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