En
2011, le leader européen des centres commerciaux Klépierre Ségécé lance la
rénovation du Centre Bourse dont il est le propriétaire, en partenariat avec
Axa et les Galeries Lafayette. La métamorphose est confiée au cabinet parisien d’architecture
Moatti & Rivière[1]
et à l’architecte marseillais Georges Raskin. Le complexe commercial se pare
d’une nouvelle façade. À l’intérieur, la circulation est entièrement revue,
notamment grâce à la création d’un nouvel escalator desservant la FNAC et les
Galeries Lafayette.
Dans le cadre de ces travaux, la sculptrice – qui préfère le masculin sculpteur comme on le voit à sa signature – Alexandra Gestin (née en 1967 à Guérande, Loire-Atlantique) est sollicitée afin d’habiller un élément structurel disgracieux qui ne pouvait être ni détruit ni dissimulé : un corbeau soutenant le départ dudit escalator.
Cette artiste, fortement inspirée par la culture japonaise, a fait de la représentation de lutteurs de sumo une spécialité. Pour la commande phocéenne, elle décide de détourner une œuvre préexistante : Face, un masque de sumotori en polyester ou en résine. Jusque-là, la figure était exposée sur un support de bois ; désormais, elle devient un élément architectural.
Si la seule ambition d’Alexandra Gestin est alors de faire vivre un sumotori sur un mur en créant un effet de surprise ludique, Face – me semble-t-il – renoue inconsciemment avec plusieurs traditions de la sculpture française. La mine grimaçante du lutteur nippon dans un temple du commerce peut rappeler les figures de moines grimaçants sur les chapiteaux de cloîtres romans. Par ailleurs, la fonction de support peut également évoquer les atlantes baroques grimaçant sous l’effort de leur charge.
Pour conclure, le sumotori d’Alexandra Gestin rejoint à Marseille deux autres jouteurs japonais : ceux du sculpteur écossais David Mach (né en 1956) de It takes two to tango, créés en 2008 et installés dans la cité phocéenne depuis 2011.
[1] Malgré la mort de son associé Henri Rivière (1965-2010), Alain Moatti (né en 1967) conserve le nom originel de son agence d’architecture.
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