Cette
notice est un extrait d’une communication – « Jeanne d’Arc sculptée à
Marseille » – publiée en 2012 dans les actes du colloque Jeanne d’Arc entre la terre et le ciel du
Midi (Montpellier, 10 et 11 avril 2012, Michel Houdiard éditeur) :
La
Première Guerre mondiale s’avère un effroyable désastre humain. Une partie de
la population se tourne alors vers la religion, provoquant un regain de foi. La
canonisation de Jeanne d’Arc, le 30 mai 1920, suivie par son élévation au rang
de sainte patronne secondaire de la France en 1922, participe pleinement à ce
renouveau catholique. […] Celui-ci est renforcé, en 1925, par la béatification
de Bernadette Soubirous et les canonisations de plusieurs religieux français
tels que Jean Eudes, le curé d’Ars Jean-Marie Vianney ou Thérèse de Lisieux
dite de l’Enfant Jésus. À Marseille, l’Église entreprend une vaste opération de rechristianisation du territoire. Cela se traduit par une plus grande
visibilité des catholiques : par exemple, Paul Gonzalès (1856-1938),
comparse des frères Carli (Auguste, 1868-1930, et François, 1872-1957) lors de
leurs expositions de Vierges, est président de la section d’art chrétien à
l’Exposition coloniale de 1922.
Treize
années plus tard, l’Église triomphante organise une grande manifestation :
l’Exposition catholique de 1935. Parallèlement, elle se lance dans de nombreux
chantiers de sculpture, chantiers somptuaires où le marbre domine, afin de
peupler les chapelles et autels nouveaux. C’est dans ce contexte particulier
que le journal hebdomadaire d’action catholique, L’Éveil provençal, daté du 13 février 1932, fait l’éloge du décor
sculpté de l’Ossuaire de Douaumont, sis près de Verdun. Les statues sont l’œuvre
du Marseillais Élie-Jean Vézien (1890-1982), élève des Carli et grand prix de
Rome en 1921. L’effigie de la Jeanne
d’Arc de Douaumont illustre l’article.
En
conclusion, le journaliste annonce que l’on peut admirer, du même artiste, la
maquette d’une statue équestre de la sainte dans la sacristie de
Notre-Dame-de-la-Garde ; son auteur l’imagine sur l’esplanade de la
célèbre basilique. « Est-il
admissible, en effet, que la seconde ville de France ne possède pas une statue
de la Sainte de la Patrie ? » [1]
Une souscription est ouverte. Le 7 mai 1932, la veille des fêtes johanniques, L’Éveil provençal présente enfin le projet de statue équestre de Vézien. L’iconographie conquérante reflète les ambitions du clergé phocéen. Le monument, prévu en bronze pour le parvis de Notre-Dame-de-la-Garde, se révèle toutefois colossal – pas moins de 7,50 m de haut – et onéreux ; il ne voit finalement pas le jour. […]
Addendum du 29 novembre 2022 : la maquette de la Jeanne d’Arc équestre de Vézien est conservée dans les réserves de Notre-Dame-de-la-Garde.
[1]
Ch. B. P.,
« Les statues de la chapelle de l’Ossuaire de Douaumont. L’œuvre d’un
maître marseillais », L’Éveil provençal,
13 février 1932, p.3
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