samedi 11 mars 2023

La Controverse scolastique (Charles Delanglade sculpteur)

Je suis actuellement submergé de travail. Je n’ai malheureusement pas de temps à consacrer à la fin de mon étude sur la formation et la carrière des sculptrices marseillaises des XIXe et XXe siècles ; je la rédigerai cet été lorsque j’aurai un peu plus de disponibilité. Du coup, pour les prochains mois, je vais me contenter de petites notices issus de mes recherches précédentes.

Charles Delanglade, La Controverse scolastique, groupe, bois, H. 48 cm, 1898
Hôtel Drouot (Ader OVV, lot 110), 17 mars 2023, estimation : 1800/2000 €
Vendu 2176 € avec les frais

Vendredi prochain passera en vente publique, à Paris, une œuvre majeure du sculpteur marseillais Charles Delanglade (1870-1952). La maison de vente lui a forgé un titre pour l’occasion : Moine prêchant. Et il est vrai que les littérateurs contemporains de l’artiste ont fait de même. Cependant, le titre exact est La Controverse scolastique.
Au moyen-âge, la scolastique tente de concilier les dogmes chrétiens et la philosophie aristotélicienne, la théologie et la métaphysique. Elle donne alors lieu à une disputatio, une controverse, sur un sujet théologique ou philosophique. Traditionnellement, elle se déroule à l’université ; pour sa part, Delanglade situe sa scène dans le monde ecclésiastique. Un moine en chaire discourt tandis que ses frères interpellent l’orateur, cherchent un secours dans les livres ou méditent sur les paroles prononcées.
Fier de son œuvre, Delanglade l’expose à plusieurs reprises. Dès sa création, en 1898, elle figure au Salon de l’Association des artistes marseillais ; son achèvement tardif n’a pas permis de l’inscrire au catalogue mais le chroniqueur du Petit Marseillais (1er mai 1898) la signale : « M. Delanglade [est présent] avec une scène, une Prédication, taillée dans le bois et qui ne figure pas dans le catalogue ; la composition en est heureuse, les mouvements très étudiés et l’ensemble de l’œuvre dénote chez son auteur un constant souci de sa personnalité. » Elle reparait en 1903, à Paris, à l’exposition du Cercle artistique et littéraire de la rue Volney et est à nouveau remarquée : « Un petit groupe de M. Delanglade, La Conversation monacale, est taillé avec tant d’esprit dans le bois qu’il semble distrait de quelque ‘‘miséricorde’’ » (La Chronique des arts et de la curiosité, 24 janvier 1903, p.27).

Expo coloniale Marseille 1906 - art provençal
Détail d’une planche de l’album photographique
La Controverse scolastique apparaît au premier plan à droite

En 1906, c’est à l’Exposition coloniale de Marseille, dans la section d’art provençal (n°1014) qu’elle retrouve le public. Enfin, le statuaire la montre une dernière fois lors de l’Exposition catholique de Marseille en 1935 (n°61). Louis Botinelly (1883-1962) qui hérite du fauteuil de Delanglade à l’Académie de Marseille parle du petit groupe dans son discours de réception le 13 juin 1953 : « Un autre morceau nous montre en une action enragée les gesticulations de moines en discussion ; c’est la Controverse scolastique. Et l’on ne sait si l’on y doit le plus admirer la force de l’expression et la variété des attitudes, ou la science de la composition. »

Après, l’œuvre est vraisemblablement vendue comme le fut sa collection de gravures de Rembrandt (1606-1669). En 2012, elle est vendue 4000 € à Drouot par Fraysse & associés sous le vocable de Savonarole en chaire ; souhaitons qu’elle en fasse autant cette fois-ci !

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