Je suis actuellement submergé de travail. Je n’ai malheureusement pas de temps à consacrer à la fin de mon
étude sur la formation et la carrière des sculptrices marseillaises des XIXe et
XXe siècles ; je la rédigerai cet été lorsque j’aurai un peu plus de
disponibilité. Du coup, pour les prochains mois, je vais me contenter de petites
notices issus de mes recherches précédentes.
Vendredi prochain passera en vente publique, à
Paris, une œuvre majeure du sculpteur marseillais Charles Delanglade
(1870-1952). La maison de vente lui a forgé un titre pour l’occasion : Moine
prêchant. Et il est vrai que les littérateurs contemporains de l’artiste
ont fait de même. Cependant, le titre exact est La Controverse scolastique.
Au
moyen-âge, la scolastique tente de concilier les dogmes chrétiens et la
philosophie aristotélicienne, la théologie et la métaphysique. Elle donne alors
lieu à une disputatio, une
controverse, sur un sujet théologique ou philosophique. Traditionnellement,
elle se déroule à l’université ; pour sa part, Delanglade situe sa scène
dans le monde ecclésiastique. Un moine en chaire discourt tandis que ses frères
interpellent l’orateur, cherchent un secours dans les livres ou méditent sur
les paroles prononcées.
Fier de son œuvre, Delanglade l’expose à plusieurs
reprises. Dès sa création, en 1898, elle figure au Salon de l’Association
des artistes marseillais ; son achèvement tardif n’a pas permis de
l’inscrire au catalogue mais le chroniqueur du Petit Marseillais (1er
mai 1898) la signale : « M.
Delanglade [est présent] avec une
scène, une Prédication, taillée dans
le bois et qui ne figure pas dans le catalogue ; la composition en est
heureuse, les mouvements très étudiés et l’ensemble de l’œuvre dénote chez son
auteur un constant souci de sa personnalité. » Elle reparait en 1903, à Paris, à l’exposition du Cercle artistique et
littéraire de la rue Volney et est à nouveau remarquée : « Un petit groupe de M. Delanglade,
La Conversation monacale, est taillé avec
tant d’esprit dans le bois qu’il semble distrait de quelque ‘‘miséricorde’’ » (La
Chronique des arts et de la curiosité,
24 janvier 1903, p.27).
La Controverse scolastique apparaît au premier plan à droite
En 1906, c’est à l’Exposition coloniale de
Marseille, dans la section d’art provençal (n°1014) qu’elle retrouve le public. Enfin, le statuaire la montre une dernière
fois lors de l’Exposition catholique de Marseille en 1935 (n°61). Louis
Botinelly (1883-1962) qui hérite du fauteuil de Delanglade à l’Académie de
Marseille parle du petit groupe dans son discours de réception le 13 juin 1953 : « Un autre morceau nous montre en une
action enragée les gesticulations de moines en discussion ; c’est la Controverse
scolastique. Et l’on ne sait si l’on y
doit le plus admirer la force de l’expression et la variété des attitudes, ou
la science de la composition. »
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