En tant
qu’expert de la sculpture marseillaise, j’ai eu accès cette semaine à un entrepôt
municipal situé dans le 15e arrondissement. On y trouve du mobilier urbain en
fonte : lampadaires, fontaines, grilles… On y trouve également des
monuments publics retirés de la voie publique sous la municipalité Gaudin.
Je
peux – avec un gros effort – comprendre la nécessité de déplacer un monument.
Par contre, je crois que le remiser dans un local perdu dans les quartiers Nord,
loin des yeux des élus, c’est le condamner à mort ! Surtout lorsque les
statues sont stockées couchées ! Pourquoi dans cette position aberrante
qui ne peut provoquer que des dégradations à long terme ? Pourquoi pas
debout, ce qui – en plus – prend moins de place ?
J’y ai retrouvé le Jean Bouin de Constant Roux (1865-1942). Pauvre statue ! Certes, depuis l’enquête de David Coquille, elle ne rouille plus à l’extérieur ! Mais, entretemps, elle a perdu sa terrasse et son pied d’appui ! Malheureux champion paralympique de course à pied ! Au demeurant, la corrosion a attaqué l’un de ses avant-bras. Par chance, on a prévu des palettes pour le soutenir ; dommage qu’il repose par terre, à côté ! J’espérais que le déroulement de plusieurs épreuves des jeux olympiques à Marseille en 2024 serait une motivation pour remettre dans l’espace urbain la figure de ce grand champion, mort pour la France. Je crains que son état ne nécessite aujourd’hui une restauration coûteuse que personne ne voudra financer !
Le cas du Monument à Gustave Ganay d’Élie-Jean Vézien (1890-1982) me paraît moins désespéré. Le mur de cyclistes pourrait être remonté. Au pire, on pourrait se contenter simplement de replacer la statue du sportif sur son piédestal. Je ne comprends pas qu’aucun élu n’ait l’idée de procéder à une réinstallation de l’œuvre sur une place ou un parc pour l’inaugurer et vanter à moindre coût son action culturelle. Mais, par pitié, ne laissez pas cette statue couchée : elle va s’abîmer inexorablement !
Le Monument
à Yves Montand de Bruno Catalano (né en 1960) fait également pitié, couvert
de tags. Était-ce une raison suffisante pour ne pas le replacer en ville après
le réaménagement de la place Jean Jaurès ? Dans sa position actuelle, il a
toutes les chances de se dégrader : le buste, sans soutien, va finir par
se désolidariser de son socle et chuter lourdement au sol.
Quand
les élus comprendront-ils que déposer du mobilier urbain dans un hangar revient
– au final – plus cher que de l’exposer dans la rue ?
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