dimanche 25 juin 2023

Le cimetière du mobilier urbain marseillais

En tant qu’expert de la sculpture marseillaise, j’ai eu accès cette semaine à un entrepôt municipal situé dans le 15e arrondissement. On y trouve du mobilier urbain en fonte : lampadaires, fontaines, grilles… On y trouve également des monuments publics retirés de la voie publique sous la municipalité Gaudin.
Je peux – avec un gros effort – comprendre la nécessité de déplacer un monument. Par contre, je crois que le remiser dans un local perdu dans les quartiers Nord, loin des yeux des élus, c’est le condamner à mort ! Surtout lorsque les statues sont stockées couchées ! Pourquoi dans cette position aberrante qui ne peut provoquer que des dégradations à long terme ? Pourquoi pas debout, ce qui – en plus – prend moins de place ? 

Constant Roux, Jean Bouin, statue, bronze, 1922
Entrepôt municipal, 15e arrondissement

J’y ai retrouvé le Jean Bouin de Constant Roux (1865-1942). Pauvre statue ! Certes, depuis l’enquête de David Coquille, elle ne rouille plus à l’extérieur ! Mais, entretemps, elle a perdu sa terrasse et son pied d’appui ! Malheureux champion paralympique de course à pied ! Au demeurant, la corrosion a attaqué l’un de ses avant-bras. Par chance, on a prévu des palettes pour le soutenir ; dommage qu’il repose par terre, à côté ! J’espérais que le déroulement de plusieurs épreuves des jeux olympiques à Marseille en 2024 serait une motivation pour remettre dans l’espace urbain la figure de ce grand champion, mort pour la France. Je crains que son état ne nécessite aujourd’hui une restauration coûteuse que personne ne voudra financer !

Élie-Jean Vézien, Monument à Gustave Ganay, statue bronze et bas-relief pierre, 1938
Entrepôt municipal, 15e arrondissement

Le cas du Monument à Gustave Ganay d’Élie-Jean Vézien (1890-1982) me paraît moins désespéré. Le mur de cyclistes pourrait être remonté. Au pire, on pourrait se contenter simplement de replacer la statue du sportif sur son piédestal. Je ne comprends pas qu’aucun élu n’ait l’idée de procéder à une réinstallation de l’œuvre sur une place ou un parc pour l’inaugurer et vanter à moindre coût son action culturelle. Mais, par pitié, ne laissez pas cette statue couchée : elle va s’abîmer inexorablement !

Bruno Catalano, Monument à Yves Montand, buste, bronze, 2003
Entrepôt municipal, 15e arrondissement

Le Monument à Yves Montand de Bruno Catalano (né en 1960) fait également pitié, couvert de tags. Était-ce une raison suffisante pour ne pas le replacer en ville après le réaménagement de la place Jean Jaurès ? Dans sa position actuelle, il a toutes les chances de se dégrader : le buste, sans soutien, va finir par se désolidariser de son socle et chuter lourdement au sol.
Quand les élus comprendront-ils que déposer du mobilier urbain dans un hangar revient – au final – plus cher que de l’exposer dans la rue ?

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