Jean-Baptiste Gairard (Bandol,
1838 – Marseille, 1914) est un négociant en bois de construction. Il fonde plusieurs
comptoirs en France (Marseille, Bordeaux, Sète) et en Autriche (Trieste),
brisant le monopole austro-hongrois d’exportation du bois de tonnellerie. Ses
activités commerciales lui apportent la fortune et lui obtiennent la croix de
chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1882. Afin d’asseoir son
ascension sociale, Gairard commande la réalisation de son buste en marbre. Le
choix de l’artiste n’est pas fortuit : le commanditaire connaît certainement
la famille du sculpteur Jean Hugues (1849-1930) dont le père et le frère sont
tonneliers. Tous vivent et travaillent dans le même quartier – 10 et 14 rue des
Tyrans pour les Hugues, 18 rue d’Endoume pour Gairard – et le négociant les
fournit assurément en douelles. Hugues expose le buste en marbre de Gairard au
Salon des artistes français de 1884 (n°3622).
Dans
les années 1880, ce républicain radical socialiste devient conseiller
municipal ; en revanche, il se présente en vain aux élections législatives
du 22 septembre 1889. En 1886, il est nommé juge au Tribunal de commerce de
Marseille. Par ailleurs, il siège au conseil d’administration de la Banque
populaire de Marseille ainsi que dans divers organismes caritatifs et de
bienfaisance : membre du conseil de l’Œuvre de la bouchée de pain, de la
Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer, du
Souvenir français (société nationale pour l’entretien des tombes des militaires
et marins morts pour la Patrie)… Toutefois, c’est dans la Société marseillaise
des ateliers d’aveugles qu’il s’investit le plus.
Fondée
le 6 avril 1882, la Société marseillaise des ateliers d’aveugles a pour but de donner
un emploi rémunérateur à des personnes des deux sexes qui, sans cela, auraient
été réduites à la mendicité. En 1887, Gairard lui donne un terrain en bordure
de la Corniche et confie à l’architecte Charles Taxil la tâche d’y édifier un
siège et des ateliers plus vastes. L’inauguration des nouveaux bâtiments a lieu
le 6 décembre 1888. Ce même jour, le conseil d’administration de la Société
offre à son mécène la version bronze du portrait sculpté par Hugues pour orner
la salle des délibérations : « Nous
sommes heureux que l’artiste ait su donner à votre visage ce bon sourire qui
nous fait vous aimer et vous fait aimer des malheureux. » (Bulletin annuel de la Société marseillaise
des ateliers d’aveugles, 1888-1889, p.2). Le buste grandeur nature repose
sur un piédouche en marbre noir veiné et sur un socle en marbre rouge d’une
hauteur totale de 105 cm.
À la
même époque, le fondeur Ferdinand Barbedienne (1810-1892) édite une réduction
du buste, d’une hauteur de 36,5 cm. Était-ce pour la famille de Jean-Baptiste
Gairard ou pour les différentes œuvres de bienfaisance qu’il parrainer ?
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