dimanche 16 juillet 2023

Jean-Baptiste Gairard (Jean Hugues sculpteur)

Jean-Baptiste Gairard (Bandol, 1838 – Marseille, 1914) est un négociant en bois de construction. Il fonde plusieurs comptoirs en France (Marseille, Bordeaux, Sète) et en Autriche (Trieste), brisant le monopole austro-hongrois d’exportation du bois de tonnellerie. Ses activités commerciales lui apportent la fortune et lui obtiennent la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1882. Afin d’asseoir son ascension sociale, Gairard commande la réalisation de son buste en marbre. Le choix de l’artiste n’est pas fortuit : le commanditaire connaît certainement la famille du sculpteur Jean Hugues (1849-1930) dont le père et le frère sont tonneliers. Tous vivent et travaillent dans le même quartier – 10 et 14 rue des Tyrans pour les Hugues, 18 rue d’Endoume pour Gairard – et le négociant les fournit assurément en douelles. Hugues expose le buste en marbre de Gairard au Salon des artistes français de 1884 (n°3622).
Dans les années 1880, ce républicain radical socialiste devient conseiller municipal ; en revanche, il se présente en vain aux élections législatives du 22 septembre 1889. En 1886, il est nommé juge au Tribunal de commerce de Marseille. Par ailleurs, il siège au conseil d’administration de la Banque populaire de Marseille ainsi que dans divers organismes caritatifs et de bienfaisance : membre du conseil de l’Œuvre de la bouchée de pain, de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer, du Souvenir français (société nationale pour l’entretien des tombes des militaires et marins morts pour la Patrie)… Toutefois, c’est dans la Société marseillaise des ateliers d’aveugles qu’il s’investit le plus.

Jean Hugues, Jean-Baptiste Gairard, buste, bronze, 1888
Institut départemental des aveugles (IDDA), ex-Société marseillaise des ateliers d’aveugles
100 avenue de la Corse, 7e arrondissement

Fondée le 6 avril 1882, la Société marseillaise des ateliers d’aveugles a pour but de donner un emploi rémunérateur à des personnes des deux sexes qui, sans cela, auraient été réduites à la mendicité. En 1887, Gairard lui donne un terrain en bordure de la Corniche et confie à l’architecte Charles Taxil la tâche d’y édifier un siège et des ateliers plus vastes. L’inauguration des nouveaux bâtiments a lieu le 6 décembre 1888. Ce même jour, le conseil d’administration de la Société offre à son mécène la version bronze du portrait sculpté par Hugues pour orner la salle des délibérations : « Nous sommes heureux que l’artiste ait su donner à votre visage ce bon sourire qui nous fait vous aimer et vous fait aimer des malheureux. » (Bulletin annuel de la Société marseillaise des ateliers d’aveugles, 1888-1889, p.2). Le buste grandeur nature repose sur un piédouche en marbre noir veiné et sur un socle en marbre rouge d’une hauteur totale de 105 cm.

Jean Hugues, Jean-Baptiste Gairard, buste, réduction bronze, vers 1888
Un exemplaire vendu aux enchères à Limoges le 30 mars 2023 (lot 306)

À la même époque, le fondeur Ferdinand Barbedienne (1810-1892) édite une réduction du buste, d’une hauteur de 36,5 cm. Était-ce pour la famille de Jean-Baptiste Gairard ou pour les différentes œuvres de bienfaisance qu’il parrainer ?

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